News - 20.11.2012

Comment le CIC a raté de si peu le contrôle de la Banque de Tunisie

Les analystes n’en reviennent pas ! Comment le groupe bancaire français CIC a pu laisser filer de si peu l’occasion inespérée pour  lui de reprendre le contrôle de la Banque de Tunisie. Jusque-là actionnaire à hauteur de 20%, et longtemps bridé à ce plafond, il pouvait en effet profiter de la cession d’un bloc d’actions représentant 13.1% du capital, revenant à l’Etat après confiscation à Belhassen Trabelsi, soit exactement ce qui lui manquait pour boucler la majorité de contrôle. Pour cela, il suffisait d’offrir le prix qu’il fallait, c'est-à-dire, consentir une prime de prise de contrôle conséquente par rapport au dernier cours bancaire. Généralement, cette prime se calcule entre 15 et 20% et le dernier cours de l’action BT était, avant suspension de la cotation, de 12D500.

A l’ouverture des plis, lundi après-midi au siège du ministère des Finance, la surprise était grande. L’offre du CIC n’était que de 204 MD contre 217 MD alignés par un fonds d’investissement italo-luxembourgeois, Royal Luxembourg, offrant 14D876 par action. Les jeux étaient faits et le CIC s’en est trouvé lourdement pénalisé.

Pourtant, le matin même, tous ou presque donnaient le CIC vainqueur. Les quatre autres candidats pré-qualifiés et qui ont retiré le cahier des charges, à savoir BNP Paribas, Amen Bank, le groupe Bayahi et Al Ghoraïr (Dubaï), ont finalement décidé en dernière minute de ne pas soumissionner. « BNP Parisbas (actionnaire de l’UBCI) et Amen Bank voulaient peut-être, selon certains, préserver leurs relations avec le CIC et envisager de futures collaborations avec lui, voire même des rapprochements à moyen terme, mais c'est loin d'être vrai», estime un analyste.

Il ajoute : « la prise de contrôle de la BT, par un groupe comme le CIC aurait constitué un apport précieux, tant au niveau du management que du développement, générant un impact réel sur le paysage bancaire et financier. Aujourd’hui, il va falloir se contenter d’un sleeping partner. Cela rappelle un autre précédent : le ratage, il y a quelques années par France Telecom et Vivendi de leur entrée au capital de Tunisie Telecom. Encore une fois, de grands groupes français, pourtant si proches, n’arrivent pas à avoir une bonne appréciation du contexte. Cette fois-ci, les jeux sont clairs : aucune influence politique ni autre n'était possible. Chaque candidat amène lui-même son offre et procède en public à l’ouverture de son pli».