News - 18.11.2012

Béchir Ben Hassen à Carthage veut convaincre d'un autre visage du salafisme…

Opération séduction et apaisement ou amorce d’un vrai dialogue avec les salafistes ? La conférence-débat donnée samedi-après-midi au palais de Carthage par le prédicateur salafiste Béchir Ben Hassen, autorise diverses interprétations. Il s’agit cependant du premier dialogue public et à haut niveau qui prend toute sa valeur ayant été initié par le président de la République, Moncef Marzouki et suivi par un aréopage d’officiels, personnalités politiques, diplomates étrangers, universitaires et militants de la société civile. L’émotion suscitée par le décès en moins de 24 heures de deux militants salafistes, Béchir Goulli et Mohamed Bakhti, suite à une grève de la faim féroce, était très perceptible.  

La participation du chef d’Ennahda, Rached Ghannouchi, au débat et la distinction qu’il a faite  entre le salafisme en tant qu’école de pensée les groupes violents qui veulent accaparer la religion et l’imposer de force, était particulièrement significative. Tout comme la question posée par l’ambassadeur d’Allemagne au conférencier quant aux droits de la femme.
 
D’emblée, Béchir essayera en rappelant la génèse du salafisme de le résumer dans le respect du Coran et de la Sunna, en soulignant son ancrage profond en Tunisie depuis l’aube de l’Islam et le situant dans la filiation des Imams Ibn Malek, Souhnoun et de la Zitouna. Il insistera particulièrement sur sa grande tolérance, son refus de tout excès ou violence. « Qu’on porte la barbe ou pas, le hijab, le niqab ou pas, nous sommes tous frères et sœurs et nul ne peut s’arroger le droit de traiter les autres de mécréants », dira-t-il pour tout simplifier.  « Ceux qui s’écartent de cette tolérance et prônent la violence, ne sont pas des nôtres », affirmera-t-il.
 
Pour faire face à l’émergence de ces groupes violents, Béchir Ben Hassen lance un appel à un dialogue sous forme de « Mounassaha », avec la participation de savants tunisiens, mais aussi étrangers parmi ceux qui ont expérimenté cette voie dans leurs pays, comme en Algérie, en Mauritanie ou en Egypte. 
 
Interrogé par Mohamed Hamdi, élu à l’ANC et leader de l’Alliance démocratique, sur sa conception de la démocratie, Ben Hassen répondra que celle-ci attribue le pouvoir au peuple alors qu’il appartient à Dieu. Mais, il la comprend comme une liberté d’expression. Au sujet de la grève de la faim qui vient de coûter la vie à Goulli et Bakhti, il rappellera sa fatwa lancée il y a quelques années, condamnant le recours à cet acte ultime, étayant ses propos de sourates et hadiths appropriés. 
 
Des propos se sont voulus rassurants, sans pour autant convaincre une bonne partie des présents. « Combien représente le courant de Béchir Ben Hassen parmi les salafistes en Tunisie ? », a demandé un journaliste étranger ? Réponse de son confrère tunisien : «la couche qui ne présente pas le plus de danger. Mais, le dialogue est nécessaire avec tous ».
 
Comment va évoluer cette initiative prise par Marzouki et dans quel cadre pourra-t-elle se développer ? C’est là la grande interrogation.
 
Lire aussi: