News - 18.11.2012

Ghannouchi et le salafisme : Nul ne peut accaparer la religion et l'imposer par la force

« A première vue, le salafisme peut paraître commun à tous les musulmans, mais en fait, il s’agit d’une école de pensée parmi tant d’autres. Le problème aujourd’hui, ce n’est pas ce courant d’idées, mais cette sorte d’accaparation du commun, cet excès dans la compréhension de la religion et sa pratique, qui va jusqu’à s’arroger le droit de détenir la vérité et de chercher à l’imposer aux autres par la force ». Pour Rached Ghannouchi qui intervenait samedi après-midi lors de la conférence débat du prédicateur salafiste Béchir Belhassen, au palais de Carthage, la précision était indispensable. 

« Alors que l’Islam ne dispose pas d’Église qui l’impose, ajoute-t-il, certains veulent s’ériger en autorité pour imposer leur visions, n’hésitant pas à recourir à la force et à la violence. Ceux-là ne peuvent être considérés comme des salafistes. Le salafisme a son patrimoine de pensée et son histoire qu’on ne peut livrer en cadeau à un courant violent porteur d’un projet de guerre civile. Ce phénomène n’est pas propre uniquement à la Tunisie, il est devenu universel. Mais ce qui a distingué notre pays, c’est que son traitement a été longtemps confiné à une approche sécuritaire exclusivement, sans tenir compte de ses autres aspects bien déterminants, notamment économiques, sociaux, religieux, éducatifs et autres ».
 
Le chef d’Ennahda a rappelé que « la désertification religieuse depuis l’étiolement de la Zitouna, la recrudescence de la pauvreté et de la précarité et l’absence de dialogue religieux ont particulièrement favorisé l’émergence de ce phénomène. S’agissant d’un problème aussi complexe, il doit être traité dans une approche globale, avec la participation active de savants, magistrats, éducateurs, communicateurs et différentes instances concernées». 
 
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