Hamza Balloumi : Monsieur Rigueur
En entamant ses études de droit, ce Bizertin d’origine n’avait jamais songé à faire de la radio et encore moins du journalisme politique. Dès la première année à la faculté des Sciences juridiques, politiques et sociales, il avait décroché un premier job de téléconseiller dans un call center, évoluant en grade jusqu’à devenir formateur, parvenant à réussir en parallèle ses études.
Pour son mémoire, sous l’encadrement du Pr Rafaâ Ben Achour, il choisira comme sujet «Les lois antiterroristes dans les pays du Maghreb et les droits de l’Homme». Apprenant le lancement d’une nouvelle station radio, Shems Fm, il se laissera tenter de déposer sa candidature, intéressé surtout par des émissions culturelles et musicales qu’il pourrait animer durant le week-end, en dehors de son travail de formateur de téléconseillers. Le casting se passe bien. Son intelligence, sa rigueur de juriste à la culture éclectique et sa pondération taperont dans l’œil d’Amel Smaoui en charge de la sélection qui détecte en lui un vrai potentiel.
Hamza se voit alors proposer d’emblée un contrat à plein temps, mais préfèrera garder son job initial et se proposera uniquement pour des émissions durant le week-end. Il se lancera alors avec «Zid Yezzi», une émission musicale avec Mehdi Houas, puis «Bon Plans Weekend», avant de mordre à l’hameçon. «Il faut dire, confiera-t-il, qu’avec la révolution, tout a changé. Profitant de cette grande liberté, j’ai immédiatement proposé une émission intitulée «Hadith Tounès», pour le samedi et le dimanche après-midi, qui sera l’une des toutes premières émissions politiques de la station».
Installé à plein temps, il animera d’autres émissions de débat avec les auditeurs «Echnoua Rayek», puis rejoindra Khouloud dans sa séquence « Jaridet Kalou », avant de poursuivre à fond cette complicité avec elle dans Studio Shems. Hamza garde un souvenir inoubliable de ses premières émissions, notamment celle où il présentait des nouveautés littéraires et autobiographiques.
«Juste au lendemain de la révolution, j’avais invité Si Béji Caïd Essebsi avant qu’il ne soit nommé Premier ministre, pour nous parler de son livre : «Bourguiba. Le bon grain et l’ivraie». L’interview se passait très bien jusqu’au moment où je l’ai interrogé, en évoquant les débuts de sa carrière d’avocat, sur le cas de ce militant condamné à mort par la France et dont il assurait la défense. Soudain, j’ai eu la surprise de voir mon invité se donner des coups et pleurer à chaudes larmes, répétant «sommes-nous à la hauteur du sacrifice de nos martyrs?». Je me suis tu, ne sachant quoi faire, laissant l’écho de ses pleurs passer sur les ondes. De l’autre côté des vitres du studio, je voyais arriver les patrons de la station, ahuris par la scène. Une fois l’émotion passée, Si Béji s’était repris de son émotion et nous avons pu poursuivre l’interview. Depuis lors, cette superbe leçon ne m’a jamais quitté».
Hamza Balloumi se veut lui aussi à la hauteur des ambitions nées de la révolution et se consacre à sa mission avec beaucoup de sérieux et de dévouement. Nessma TV vient lui proposer de prolonger sa saga radiophonique sur le petit écran. «J’ai fini par accepter, nous dit-il, pour explorer un média qui m’était inconnu. Je me suis dit, autant faire des choses différentes tant que j’en ai l’opportunité. D’ailleurs j’ai découvert que la télé, c’est une grosse production, avec beaucoup de contraintes. On y est moins à l’aise qu’à la radio où c’est plus décontracté. Face aux caméras, il faut faire attention à tout, au look, au regard, à l’image… Mais, c’est une bonne expérience ».
Lire aussi :
Khouloud Gharbi : Elle portait déjà Shems en elle