Tendance - 17.11.2012

Khouloud Gharbi : Elle portait déjà Shems en elle

Elle avait longtemps hésité entre journalisme et droit, avant d’opter finalement pour ce dernier. Un peu sur les traces de son père, Me Mabrouk, avocat de renom, doublé d’un militant actif et indépendant de la Ligue tunisienne des droits de l’Homme. Mais, Khouloud savait d’avance qu’il ne s’agit pas pour elle de porter la robe et prendre la succession du cabinet de son père, se voyant plutôt chercheure et enseignante universitaire. Cette ambition, si elle n’est pas aujourd’hui complètement réalisée, ne semble pas tarder à l’être bien qu’elle soit, finalement, enrichie d’autres parcours qui ne la passionnent pas moins.

Au lycée de Montfleury déjà, puis au Campus, Khouloud succombera à l’engouement pour la lecture et les activités culturelles, s’imprégnant particulièrement des grandes œuvres du cinéma. Elle réussira son mastère en criminologie, poursuivant en parallèle des études de cinéma auprès de Nouri Bouzid à l’EDHAC, tout en multipliant les voyages à l’étranger pour participer à des universités d’été. L’année 2010 sera capitale pour elle. Jeune épouse de Mehdi Gharbi (le frère d’Elyès et de Sami, tous fils de feu Si Hassouna, l’un des pionniers de la publicité en Tunisie), elle baignait déjà dans l’univers de la communication, lorsqu’elle apprend l’ouverture du casting pour une nouvelle station radio dont le nom n’était pas encore révélé. Khouloud était enceinte et avait convenu avec son époux, sachant qu’elle allait avoir une fille, de la prénommer Shems. Le casting sera concluant et elle sera lâchée en direct dès le démarrage de la radio, avec une émission quotidienne «Beynetna». «Je ne réalise pas encore toute la confiance qu’Amel Smaoui et Imad Ketata ont placée en moi, dit-elle. Ma première décision fut de foncer de toutes mes énergies et, ma deuxième, de ne pas changer le prénom de ma fille, maintenant que la radio s’appelle Shems».

Chaque jour de 14h à 15h30, Khouloud sera le mur des lamentations, le confessionnal, l’ami intime à qui on raconte tout à la recherche de réconfort, dans une grande psychothérapie médiatique. Il faut dire que la radio s’y prête bien. L’émission cartonne. Début janvier 2011, la grossesse de Khouloud arrive à terme, ce qui l’oblige, sur l’insistance de son médecin, à garder la maison.

Elle sentait l’indignation monter depuis l’immolation de Bouazizi et la révolution gronder. Frustrée de ne pas pouvoir être à l’antenne, elle est collée, de chez elle, au téléphone et à la radio. Sa frustration sera encore plus grande, le 14 janvier, tant elle aurait aimé être parmi les siens dans les studios de Shems. D’ailleurs, très rapidement, dès qu’elle donnera naissance à sa fille et passera les premiers jours de rétablissement, elle reprendra l’antenne pour participer à la grande reconversion de la station. «On se cherchait tous, mais on savait qu’on a désormais une opportunité exceptionnelle pour faire de la vraie radio et jouer pleinement notre rôle dans ces moments forts, dit-elle. «Du coup, «Beynet’na», devient «Ma Beynet’nech ». On a gardé l’ambiance intimiste, mais fait évoluer totalement le style ».

Puis, vint alors Studio Shems, cette grande aventure, chaque jour renouvelée. Face à ses invités, Khouloud s’affirme de plus en plus, prend de la bouteille, maîtrise mieux les ficelles du métier. Sous de faux airs de méconnaissance des arcanes de la politique, jouant parfois la candide, elle pose des questions, quitte à les reprendre sous d’autres angles, en 360°, pour s’assurer que le message est bien compris par ses auditeurs. Son ambition aujourd’hui est d’aboutir à de nouveaux concepts encore plus attractifs, mais aussi de préparer sa thèse de doctorat.

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