News - 07.10.2012
Affrontements de Guellala : le cri de cœur écologique de Djerba
Le report à fin 2013 de la fermeture d’une décharge publique à ciel ouvert a mis le feu aux poudres dans la pittoresque localité de Guellala, foyer des potiers, dans l’Île de Djerba. D'un rassemblement d’une quarantaine de manifestants qui ont bloqué samedi matin l’accès à la décharge, le conflit s’est rapidement transformé en affrontements violents entre la population et les forces de l’ordre, laissant des dizaines de blessés dont 49 policiers. Le calme est revenu, durant le week end, mais le problème reste entier : quand la décharge sera-t-elle fermée?
A l’origine, l’aggravation de la situation de cette décharge : les digues des bassins de rétention des eaux usées ont cédé tout récemment. Craignant les graves conséquences que cela pourrait générer tant pour la santé que l’hygiène et l’environnement, la population locale, lasse de la vanité de ses multiples démarches auprès des autorités et déçue des décisions du gouvernement, s’est mobilisée pour demander la fermeture immédiate de la décharge. Et, c’est ainsi que le mouvement de protestation a failli embraser Guellala, mettant en émoi toute l’Ile de Djerba.
Paisibles, laborieux et guère portés sur la violence, les Djerbiens ont pourtant tout fait depuis le déclenchement de la révolution pour maintenir leur île loin de toutes turbulences, s’employant à préserver l’industrie touristique et se déployant pour accueilli les milliers de réfugiés libyens qui s’y sont établis. « Si la réaction a été aussi vive, explique à Leaders un habitant, c’est qu’elle exprime une double frustration. D’abord celle de voir l’environnement se dégrader dangereusement dans l’indifférence des autorités et ensuite, de constater que personne ne porte haut et fort la voix d'une population livrée à son sort ».
« Ce double sentiment se trouve malheureusement partagé un peu partout, dans de nombreuses régions du pays, poursuit-il. La prise en charge effective des préoccupations quotidiennes est totalement reléguée en dernier plan, de loin derrière la politique politicienne qui accapare la primauté. Ce qui est malheureux, c’est qu’une revendication pressante, incontestable, vire dramatiquement aux affrontements, laissant un lourd bilan fort déplorable. Ce cri de cœur qui monte aujourd’hui de Djerba, c’est celui de toute la Tunisie profonde, inquiète pour son environnement, soucieuse pour sa qualité de vie, déçue de voir les politiques se détourner des vraies questions qui préoccupent le plus les Tunisiens ».
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