News - 24.09.2012

Nida Tounès : un géant aux pieds d'argile ?

Depuis sa création il y a deux mois, le mouvement Nida Tounès et son fondateur ont été les cibles préférées d’Ennahdha et de ses deux partenaires. La Troïka croyait  bien faire en cherchant à discréditer cette formation aux yeux de l’opinion publique. Elle doit s’en mordre les doigts aujourd’hui car cet acharnement a eu un effet de boomerang auquel  elle était loin de s’attendre : la montée fulgurante du parti de Beji Caïd Essebsi dans les sondages. Moins de 10 points séparent les deux formations. Nida Tounès semble désormais dans une dynamique qui doit le porter en avant. Mais la coalition gouvernementale ne s'avoue pas vaincue pour autant. Aiguillonnée par ses deux partenaires, Ennahdha prépare un texte de loi à l'ANC prévoyant l'exclusion pour dix ans de la   vie politique de tous ceux qui ont collaboré avec le régime de Ben Ali. Un texte conçu spécialement pour élimininer Beji Caïd Essebsi devenu l'ennemi N°1de la coalition depuis la parution d'un sondage accordant à Nida Tounès 20% des voix derrière Ennahdha avec 30%  aux élections, confirmant ainsi une  polarisation de la vie politique

Cette nouvelle donne inquiète certes la Troïka, mais pas seulement. D'autres petites formations  la jugent dangereuse pour la démocratie. Pourtant, des pays démocratiques, en particulier les Etats Unis et la Grande Bretagne vivent  sous ce régime et s’en accommodent fort bien. C'est le cas aussi du Sénégal où il existe un bipartisme de fait avec le PS et le PSD. On ne voit donc pas pourquoi  ce régime ne réussirait  pas dans une démocratie naissante comme la Tunisie. En fait, le véritable danger pour la démocratie vient du régime du parti dominant vers lequel on semblait  s’acheminer inexorablement  et qui porte en lui les germes de la dictature. Les Tunisiens sont bien placés pour le savoir.

Cela dit, si Nida Tounès a le vent en poupe, il devra résoudre un problème qui s’apparente à la quadrature du cercle. Tel qu’il est aujourd’hui, ce parti ressemble à un Arche de Noé où cohabitent des militants venus de tous les horizons : communistes,  destouriens, nationalistes arabes, Rcédistes repentis, islamistes modérés, hommes d’affaires et dans une moindre mesure, ouvriers, paysans ou chômeurs attirés par le parti qui par opportunisme, qui par peur d'Ennahdha, qui parce que c'est le parti qui répond le mieux à ses attentes. Une véritable mosaïque qu’il sera difficile d’unir autour d'un projet commun. Le retard pris pour rédiger le programme du parti et son règlement intérieur montre d'ailleurs toute la difficulté de l'entreprise. Mais, c'est à ce prix que ce mouvement pourra constituer le jour venu une alternative à Ennahdha.   

Hèdi