News - 25.08.2012

A l'ouverture du Congrès du CPR, Marzouki s'en prend à Ennahdha

Moncef Marzouk n'a pas fini de désarçonner ses alliés. Il a saisi l'occasion que lui offrait l'ouverture, vendredi, du congrès du CPR pour critiquer violemment le mouvement Ennahda, l'accusant de chercher à s'accaparer tout le pouvoir. «Ce qui complique la situation, c'est le sentiment grandissant que nos frères d'Ennahda s'emploient à contrôler les rouages administratifs et politiques de l'Etat», a écrit le président dans cette déclaration lue par l'un de ses jeunes conseillers, Walid Haddouk, 24 ans, (en photo), à l'ouverture du congrès.

«Ce sont des pratiques qui nous rappellent l'ère révolue du président déchu, a-t-il dit, dénonçant «des nominations de partisans (d'Ennahda à des postes clés), qu'ils soient compétents ou non».Cette prise de position a été vivement  acclamée par les congressistes.

En signe de protestation, plusieurs membres du gouvernement appartenant au parti islamiste ont quitté la salle, dont le ministre de l'agriculture, Mohamed Ben Salem, le ministre des droits de l'homme de la justice transitionnelle, Samir Dilou, celui de l'intérieur, Ali Larayedh, le secrétaire d'Etat à l'Emigration, Houcine Jazrii et Cheikh Abdelfattah Mourou.Tout comme Rached Ghannouchi, Abdelkérim Harouni a préféré ne pas quitter son siège. «Nous considérons que les opinions de M. Marzouki n'engagent pas le CPR», a commenté le chef du parti islamiste, présent au congrès, cherchant à apiser les esprits et semblant signifier que le gouvernement de coalition n'était pas menacé.

Cette séance a été marquée aussi par l'expulsion musclée de la salle de Tahar Hémila qui avait vivement critiqué dernièrement le fondateur du parti lui conseillant de se faire examiner par un psychiatre.

Les accusations de M. Marzouki interviennent deux mois après une crise qui avait failli entraîner la chute de la coalition.le Chef du gouvernement, Hamadi Jebali avait procédé à l'extradition vers la libye de l'ex-chef du gouvernement libyen, Baghdadi al-Mahmoudi, contre l'avis du chef de l'Etat, qui avait songé à démissionner en signe de protestation avant de se raviser. De plus, des désaccords de fond sur la constitution, en cours de rédaction, minent la coalition, Ennahda insistant sur un régime parlementaire pur, alors que le CPR et Ettakatol veulent des prérogatives importantes pour le chef de l'Etat. Dès lors, l'adoption du texte, prévue à l'origine pour la fin octobre, devrait être repoussée au moins jusqu'à février, et les élections qui devaient avoir lieu en mars à une date indéterminée.