News - 29.07.2012

La Tunisie compte plus de 350 000 toxicomanes : que faire ?

On en pressentait l’ampleur, sans en avoir l’estimation précise. La Tunisie compte pas moins de 350 000 toxicomanes, selon les estimations concordantes de diverses sources médicales et d’ONG spécialisées, vient de confirmer le ministre de la Santé, Abdellatif Mekki. Parmi eux, 70% sont âgés de moins de 35 ans. Par ailleurs, selon la Direction générale des Services pénitentiaires, ceux qui sont poursuivis ou condamnés dans des affaires de stupéfiants figurent en deuxième position (après le vol) parmi les 19000 détenus dans les prisons. Les chiffres sont bien alarmants. Que faire ?
 
Pour le ministre, tout un programme national est à déployer, avec des composantes de préventions, mais aussi de prise en charge. S’il compte beaucoup sur la société civile pour la sensibilisation contre la toxicomanie, il envisage l’encouragement du système de demi-pensionnat dans les établissements secondaires ce qui retiendrait le plus les élèves en milieu surveillé et leur éviterait de traîner dans les rues au risque de se laisser aller à consommation de drogue.
 
Quant à la prise en charge, Mekki a procédé à la réouverture du centre de traitement de Jebel Ouest, appuyé l’association de lutte contre la toxicomanie de Sfax et pris quelques mesures de renforcement des unités spécialisées de l’hôpital Errazi à Tunis. Il reconnaît cependant qu’il ne s’agit-là que de mesures bien limitées face à l’ampleur du fléau et qu’une stratégie nationale dotée de moyens appropriés reste à définir et mettre en œuvre.
 
Par ailleurs, sur le plan juridique, diverses voix de la société civile s’élèvent avec de plus en plus d’insistance pour réclamer la dépénalisation de certaines drogues « douces », ce qui éviterait à des milliers de jeunes, plaident-elles, les affres de la prison qui détruirait leur vie. Tout un débat.