News - 12.07.2012

Démarrage du congrès d'Ennahdha: rassurer, rassembler et réconcilier

Coup d’envoi réussi du 9ème congrès du parti Ennahadha qui a démarré jeudi matin au Kram et doit se poursuivre jusqu’à dimanche avec la participation de 1103 congressistes. La qualité de l’organisation, la présence de nombreuses délégations arabes et internationales, avec des figures de proue comme le chef du Hamas, Khaled Mechaal ainsi que de plusieurs personnalités tunisiennes et les messages à la réconciliation nationale et à la plus large coalition en ont donné le ton.
 
Trois mots-clés sont revenus sans cesse, tant dans la bouche de Rached Ghannouchi que dans celle de Hamadi Jebali : rassurer, rassembler et réconcilier. Il est clair qu’Ennahdha fait face au double défi de réussir, d’une part, son exercice du pouvoir à la tête de la Troïka et, de l’autre, la conversion de son mouvement en un grand parti populaire, avec tout ce que cela exige en restructuration interne, rajeunissement des cadres et régénération de la direction, sur la base d’une plateforme conceptuelle et politique mieux adaptées à la nouvelle situation post-révolution. Le tout en réaffirmant l’engagement de réaliser les objectifs de la révolution.
 
Ghannouchi le dira d’emblée : « Trahir ces objectifs, c’est trahir la patrie, le bon Dieu et le Prophète » Il insistera sur « la cohésion d’Ennahdha, depuis ses fondateurs jusqu’au plus jeune de ses adhérents », profitant de l’occasion pour rendre un vibrant hommage à Abdelfettah Mourou, Salah Karkar. « J’aurais tant aimé que vous puissiez écouter aujourd’hui ce grand économiste et visionnaire qu’est notre cher Salah, n’était son état de santé qui témoigne des épreuves de l’exil. Ceux qui croient que l’exil était doré dans des hôtels de luxe réalisent ainsi combien était en fait grande l'épreuve qu'il traversée »
 
Jebali reviendra longuement sur les années de braise, pour souligner la solidité des liens tissés avec les différentes forces politiques et sociales tunisiennes en lutte contre la dictature, abordera « le présent révolutionnaire » en mettant en garde contre la surenchère des revendications et dessinera les priorités pour la période à venir » Evidemment, en tête de ces priorités, « une confortable victoire électorale », soulignera-t-il.
 
Les deux partenaires d’Ennahdha au sein de la Troïka lui témoigneront de leur soutien. Avec la double casquette de secrétaire général d’Ettakatol et de président de l’Assemblée nationale constituante, Mustapha Ben Jaafar, très applaudi, insistera sur la solidité de la coalition et la nécessité de son élargissement. Il évoquera aussi l’impératif d’une Constitution pour tous les Tunisiens et non celle d’un parti ou d’une catégorie et du respect de la feuille de route convenue.
 
Quant au CPR, il s’est fait représenter par son porte-parole, Hédi Bel Abbes, secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères. Si l’absence du fondateur du CPR, Moncef Marzouki était expliquée par le fait que ses nouvelles fonctions de président de la République lui imposent une obligation de réserve quant à sa présence aux congrès des partis politiques, le fait que ce ne soit pas le secrétaire général, Mohamed Abbou qui s’adresse aux congressistes, a particulièrement retenu l’attention. Bel Abbes essayera de s’en sortir au mieux, mais sans relief particulier.
 
Le grand discours, après ceux de Ghannouchi et Jebali, fut sans doute celui du chef du Hamas, Khaled Mechaal. Doué d’un don unique d’orateur qui sait galvaniser les foules, il a beaucoup insisté sur la nécessité pour Ennahdha de ne pas se conduire en parti vainqueur, et de tendre la main à toutes les autres formations politiques. 
 
En protestation contre l’intervention de Mechaal dont la formation est considérée par leurs pays respectifs comme comme une organisation terroriste, les ambassadeurs occidentaux ont quitté discrètement la salle, avant qu’il ne prenne la parole.
 
Dernier orateur, le vice-président soudanais, venu saluer la victoire d’Ennahdha et surtout la symbolique de son 9ème congrès, premier du genre hors clandestinité, 40 ans après sa fondation.
 
La cérémonie inaugurale terminée, le vrai travail du congrès commence, avec tous les enjeux des différentes motions à débattre et des élections. A huis-clos.