News - 11.03.2012

Le style déroutant de Moncef Marzouki

A chacun son style ! Rien que la semaine qui commence, elle s’annonce chargée d’initiatives pour le président de la République. Marquant son territoire, le Dr Moncef Marzouki a en effet choisi d’être proactif, rebondissant sur les évènements, communicant. On savait d’avance qu’il ne pouvait s’enfermer dans le protocole rigide de Carthage, mais les Tunisiens commencent à suivre curieusement ses initiatives, partagés entre appréciation et réserve. Si les premiers y voient « innovation et dynamisme », les seconds n’hésitent pas à y voir « un début prématuré de campagne électorale ». Au grand bonheur de ses communicants pour qui « l’essentiel est de retenir l’attention et de porter le message». Est-ce suffisant ?
 
Ce lundi matin, 12 mars, c’est à une cérémonie de levée des couleurs qu’il invite les journalistes, tôt, dans la cour d’honneur du palais de Carthage. «Une manière de répondre à l’offense faite au drapeau, la semaine dernière par des Salafistes à la faculté de la Manouba, un hommage à tous ceux qui sont morts pour la patrie et un symbole d’unité nationale qu’il entend partager avec tous », confient ses proches. Deux invitées de marque à cette cérémonie : Khaoula Rachedi, notre héroïne, qui s’était courageusement interposée pour défendre le drapeau et Amel Aloui qui avait subi, de son côté, son lot d’agression à cette même occasion. « Par ces gestes, nous explique la même source, le président de la République, entend exprimer fortement sa réprobation de la profanation du symbole national et célébrer le courage et le patriotisme de ces deux jeunes étudiantes, une célébration qui veut s’étendre à toutes les femmes de Tunisie ».
 
Mardi 13 mars, une autre initiative, un autre message. La page officielle de la Présidence en avait lancé le teasing, il y a une semaine, avec un compte à rebours pour le 13 mars et un grand point d’interrogation. Révélation : la commémoration du 7ème anniversaire du décès de Zouhair Yahyaoui, pionnier de l’internet libre en Tunisie, terrassé par une crise cardiaque. En fondant son site TUNeZine, en 2001, il était parmi les premiers cyberdissidents à dénoncer la dictature, ce qui lui a valu d’être arrêté en juin 2002 et torturé. Il ne sera libéré qu’en décembre 2003, sans que la répression ne le détourne de son combat qu’il poursuivra jusqu’au dernier souffle. « Le président Marzouki, poursuit notre source, veut en faire une symbole, en proclamant le 13 mars de chaque année une journée nationale pour la liberté de l’internet et en célébrant à Carthage la communauté des bloggeurs et des militants cyberactifs ».
 
Mercredi 14 mars, c’est autour du Directeur du Cabinet présidentiel, Imad Daimi, de monter pour la première fois au créneau. Il présentera devant la presse un premier bilan de l’action présidentielle en s’attardant particulièrement sur les aspects matériels, notamment le mode de fonctionnement de la nouvelle équipe installée autour du président à Carthage et la gestion budgétaire. 
 
Vendredi 16 mars, visite présidentielle à Sfax. Après Siliana et Sousse, c’est dans la capitale du Sud que se rendra, le Dr Marzouki, en privilégiant cette fois-ci la dimension économique et cherchant à stimuler les hommes d’affaires afin de relancer l’investissement et l’emploi.
 
Un style bien particulier que pratique le président de la République et qui s’ajoute aux multiples interviews et innombrables audiences accordées. Hyperactif, il reçoit journalistes, personnalités tunisiennes et étrangères, chefs de parti et figures de la société civile : son bureau comme les salons du palais où il alterne les audiences, ne désemplissent pas. 
 
Un agenda de président de la République ou un rythme de candidat entré déjà entré en campagne ? Sans nier les deux, ceux qui le connaissent de près affirment que c’est plutôt son caractère.
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