Opinions - 20.02.2012

Suppression du C.A.P.E.S. : Attention DANGER

La décision est tombée : le C.A.P.E.S. est supprimé et, semble-t-il, remplacé par un concours conforme à celui de la fonction publique, favorisant particulièrement des critères sociaux.

Cette décision a été prise probablement pour répondre à la grogne d’un grand nombre de chômeurs, détenteurs de diplômes (maitrise ou autre) qui aspirent à un poste d’enseignant. A cette grogne, un coupable, le C.A.P.E.S., a été identifié et le verdict est vite tombé. Ceci n’a pas été difficile, compte tenu des différentes malversations qui ont accompagné ce concours durant de longues années ainsi que des sentiments d’injustice ressentis par beaucoup de tunisiens.

Une décision populiste, simpliste et ô combien dangereuse !

Encore une fois l’essentiel, pourtant si visible à ceux qui veulent bien ouvrir les yeux, n’a pas été vu.

Loin de vouloir discréditer ces malheureux détenteurs de diplômes de maîtrise qui attendent un poste depuis de longues années, il faut reconnaitre que l’enseignement  à choisir dans l’avenir dans notre pays doit se situer au dessus de toute considération sociale ou populiste. C’est par un enseignement de qualité (et donc des formateurs de qualité) que notre pays peut espérer faire face aux défis qui l’attendent. Ce n’est sûrement pas en en injectant aujourd’hui  les victimes d’un système déficient  dans le corps professoral que l’on rendra service au pays ni même aux concernés.

L’enseignement est un secteur vital, particulièrement pour un pays qui n’a pas d’autres ressources à part ce que l’on veut bien faire de la matière grise des siens. Il ne peut en aucun cas souffrir de décisions de ce type qui n’auront pour conséquences qu’une aggravation de la situation dans laquelle il se trouve aujourd’hui.
Le C.A.P.E.S. (ou Concours d’Aptitude au Professorat de l’Enseignement Secondaire), n’a jamais constitué un problème en soi. Bien au contraire, son existence (du moins si l’on se réfère que ce que veut dire cet acronyme) est plus que nécessaire. Elle est même salutaire. C’est la manière avec laquelle il a été instauré dans un premier temps (mauvais choix dans la conception et dans la mise en œuvre du concours) et exploité depuis plus d’une dizaine d’années dans un second temps (malversations, pots de vin, favoritisme…) qui sont condamnables. 

Aussi, au lieu de supprimer le C.A.P.E.S., la décision qu’il fallait prendre était bien au contraire de le maintenir en revoyant  ses modalités et en mettant en place les procédures nécessaires pour  assurer l’équité et la transparence et en le faisant procéder par de réels stages, voire même des formations complémentaires Il serait en effet salutaire que le recrutement des enseignants passe par le biais d’un concours permettant une sélection sur des critères objectifs spécifiques à ce métiers, favorisant la qualité et rien d’autre. Ces critères doivent relever des connaissances du candidat dans sa matière, de ses prédispositions pédagogiques et de ses facilités de communication.
 Au lieu de se poser la question « Faut-il supprimer le C.A.P.E.S. ? », il eut été plus salutaire de se poser la question « Comment favoriser l’existence de tels critères chez un candidat au métier d’enseignant ? »

Une question qui amorce un réel chantier. …………………Et quel chantier !

Sihem Guemara El Fatmi
© Aiduca 2012
Universitaire