News - 19.02.2012
Axe Tunisie-Afrique du Sud : Que propose Zuma à Marzouki ?
Sa visite à Tunis et son entretien avec le Président Marzouki étaient passés presque sous silence, malgré leur réelle importance. Vice Présidente de la République d’Afrique du Sud et présidente nationale du parti au pouvoir, l’ANC, Baleka Mbete était en effet, la semaine dernière dans nos murs, porteuse d’un message du président Jacob Zuma. Cette visite intervenait deux semaines seulement après les entretiens Zuma-Marzouki à Addis-Abéba, lors du 18ème Sommet de l’Union Africaine.
Au cours de ce sommet, Marzouki avait annoncé un retour en force de la Tunisie sur la scène africaine (la Tunisie élue 2ème vice-présidente de l’UA), et l’Afrique du Sud pesé de tout son poids sur les différentes délibérations, s’imposant parmi les nouvelles forces qui comptent dans le continent. Plus encore, le duel opposant pour la présidence de la Commission de l’Union, le gabonais, Jean Ping et la Sud-Africaine, NKosozana Dlamini- Zuma (ex-épouse du président), avait cristallisé la confrontation entre deux Afriques et la montée en puissance de l’Afrique Australe.
Malgré quatre tours, aucun des deux candidats n’a pu obtenir la majorité requise. Si l’Afrique du Sud le considère comme une demi-victoire, estimant que le vote, reporté au prochain sommet prévu en juin prochain au Malawi donne de nouvelles chances à Dlamini Zuma, ceux qui soutiennent Jean Ping rappellent qu'il demeure en droit de se représenter pour un second mandat, comme ses prédécesseurs, d'autant plus qu'il a fait preuve de compétence. Un comité ad-hoc, dont fait partie le président Marzouki doit statuer d’ici mars sur les candidatures et les voies de l'entente demeurent ouvertes, y compris l'option de reconduire Ping, en attendant une alternance en 2016.
Mais, au-delà de cette question, certes importante, l’Afrique du Sud entend sceller avec la Tunisie un partenariat politique et économique significatif. Le président Zuma agit également en tant que dirigeant influent de la Communauté de Développement des pays d’Afrique Australe (SADEC). Cette entité regroupe 15 pays (Angola, Botswana, République Démocratique du Congo), Lesotho, Madagascar, Malawi, Ile Maurice, Mozambique, Namibia, Seychelles, South Africa, Swaziland, Tanzania, Zambia et Zimbabwe, avec une population de 257.7 millions d’habitants). Son intérêt pour la Tunisie porte à la fois sur les nouvelles ambitions que donne la révolution aux autres pays africains souffrant encore de déficit de démocratie et de libertés, et sur le rôle entrepris pour relancer l’édification du Maghreb.
Les deux communautés SADEC et Maghreb peuvent, en effet, se concerter utilement sur nombre de questions et coordonner leurs positions au sein de l’UA. L’une des questions qui peuvent être posées par les pays d’Afrique du Nord, c’est précisément celle de la participation en tant que sous-région dans la rotation pour la présidence de la Commission de l’Union, ne serait-ce que pour le sommet de 2016. Jusque-là et selon une vieille règle adoptée du temps de l’OUA en gentlemen agreement, aucun des cinq pays grands contributeurs au budget de l’organisation (Algérie, Afrique du Sud, Libye, Egypte et Nigéria) ne présente de candidat à la présidence. Avec tous les changements intervenus et les nouvelles forces montantes, tant au Sud qu’au Nord du continent, rien n’empêche aujourd’hui de réviser cette règle.
L’axe Afrique du Sud – Tunisie peut alors s’avérer porteur, d’où la nécessité de renforcer les relations politiques, mais aussi la coopération économique. L’Afrique du Sud se livre en effet depuis ces derniers mois à une grande offensive de charme à l’adresse de nombreux pays africains, annonçant l’ouverture de lignes aériennes directes, octroyant des crédits, supprimant les visas d’entrée et encourageant le commerce et l’investissement. Avec la Tunisie, il s’agit d’autant de voies à explorer et c’est, sans doute dans ce cadre, que s’est inscrite la visite de Baleka Mbete. Même si le communiqué de presse publié par Carthage à l’issue de son entrevue avec le président Marzouki ne le mentionne pas et se contente de quelques généralités, la portée même de sa visite est bien significative si on sait en réaliser toute la dimension.
Aucune information n’a, par ailleurs filtré sur les entretiens que Baleka Mbete a eu, en tant que chef de parti, avec les dirigeants d’Ennahda et notamment sa rencontre avec cheikh Rached Ghannouchi. De sources sud-africaines, Leaders apprend en effet que Baleka Mbete a été reçue par le leader d’Ennahda pour un petit-déjeuner de travail qui a permis de jeter les bases d’une coopération étroite entre les deux parties et qu’un mémorandum d’entente sera bientôt signé entre les deux partis à cet effet.
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Les Commentaires
ABH - 20-02-2012 10:54
La création d'une liaison aérienne directe et la suppréssion du visa sont des préalables à toute coopération réussie. En 2003, pour y aller j'ai, le visa n'était pas facile et j'ai du passer par l'europe soit 6h de vols supplémentaires pour rien en plus des éscales et du cout. Les possibilités de coopération et les domaines d'échange sont immenses
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