News - 19.02.2012

Anthony Shadid, le spécialiste de la Tunisie au New-York Times est décédé

Il était encore à Tunis, il y a quelques semaines pour préparer un grand dossier pour le New-York Times sur Ennahda face à l’engagement pour la démocratie. Anthony Shadid, 43 ans, grand spécialiste du monde arabe et fin connaisseur de la Tunisie vient de décéder d’une crise d’asthme, vendredi, alors qu’il se trouvait en reportage en Syrie. Américain d’origine libanaise, il avait remporté deux fois le prix Pulitzer pour sa couverture de la guerre d’Irak et  de ses conséquences. Cette année aussi, son journal l’a nominé pour un troisième prix Pulitzer.

 
Le lendemain de son décès, le New-York Times publiait l’un de ses tout derniers articles intitulé «Les idées des Islamistes sur la Démocratie face au test de vérité en Tunisie». Nourri d’une interview riche en informations et analyses conduite avec Saied Ferjani, membre du Bureau Politique d’Ennahda (ancien ingénieur spécialiste des radars, formé aux Etats-Unis, arrêté et torturé avant de s’enfuir pour un exil de plus de 20 ans à Londres), l’article apporte un éclairage significatif sur les débats internes qui traversent le mouvement islamiste tunisien.
 
Fidèle à l’école américaine du journalisme d’investigation, Anthony s’était appliqué pour rédiger son article, à rencontrer plusieurs fois Ferjani à Tunis et lors de conférences internationales, comme récemment à Doha et Istanbul, et à s’entretenir avec nombre d’autres dirigeants et hommes politiques tunisiens et consulter des documents de première main. Pour illustrer l’article, un grand photographe du New-York Times, Gianni Cipriano, avait fait spécialement le déplacement pour suivre Ferjani  à Tunis, Sousse et Kairouan.
 
Peu connu en Tunisie du fait de son exil et de sa discrétion depuis son retour, Ferjani occupe la Une de grands quotidiens de la presse internationale. Il était tout récemment en Afrique du Sud pour une série de conférences largement médiatisées.
 
Crédit: Gianni Cipriano for The New York Times