News - 13.02.2012

Montée du phénomène salafiste, découverte d'un réseau terroriste... ou l'arroseur arrosé

Combien étaient-ils, 8, 10, 12000 personnes sous la coupole pour écouter  l’Egytien Wajdi Ghenim ? En comparaison, Amr Khaled apparaitrait  comme le parangon de la tolérance et de la modération.  Expert-comptable de son état, Wahdi Ghenim  est pourtant l’un des plus célèbres prédicateurs égyptiens. Il est arrivé à Tunis pour une série de conférences à l’invitation d’une association jusque-là inconnue basée à Mohammedia, dans le gouvernorat de Ben Arous, précédé d’une solide réputation d’intégriste pur et dur.

Cela fait plus d’une heure que l’assistance attend. Les chauffeurs de salle font tout leur possible pour la patienter…Enfin, on annonce l’arrivée du prédicateur. Entrée théâtrale sous les applaudissements  et les cris « Allahou Akbar ». Wajdi Ghénim fait le V de la victoire. Pendant plus d’une heure, il va subjuguer une assistance composée de salafistes qui ne demandaient  qu’à être confortés dans leurs croyances. L’orateur n’aura pas besoin d’argumenter. Ce serait prêcher des convertis.  Il y aura quand même un moment de silence quand l’orateur abordera le problème de l’excision, une pratique inconnue en Tunisie. Wajdi Ghenim ne s’y attardera pas « c’est une opération esthétique », rassure t-il et qui plus est, facultative », mais celles qui s’y plieraient  se rapprocheraient davantage de Dieu.  Soudain, un des organisateurs annonce la fin de la réunion. Mouvements divers dans la salle. Les premiers moments de surprise passés, l’assistance évacue la salle sagement bien encadrée par le service d’ordre, apparemment rompu à ce genre d’exercice, les femmes d’un côté, les hommes de l’autre. La fin prématurée restera une énigme. Que s’est-il donc passé pour interrompre ce bel ordonnancement et donner libre cours aux rumeurs les plus folles. On parle de slogans antijuifs comme lors de l'arrivée du chef du Hamas. Mais les organisateurs n’en ont cure. « La réunion a été un immense succès pour nous », s’exclamera un des organisateurs. « D’ailleurs, ajoutera t-il, le Cheikh compte prolonger son séjour pour visiter toute la côte ».

Des terroristes voulaient établir un émirat islamique en Tunisie

Ils étaient quelques centaines au lendemain du 14 janvier 2011. Depuis, il  y a eu un phénomène boule  de neige.  Ils sont aujourd'hui des milliers et peut-être demain, des centaines de milliers, grâce au laxisme du gouvernement vis à vis de ces salafistes  devenus au dessus de la loi parce qu’ils rappellent à Rached Ghannouchi  «sa jeunesse ». Grâce aussi à ces  prédicateurs d’un autre âge qui n’ont même pas le droit de prêcher dans leur propre pays. N’avons-nous pas déjà suffisamment de sujets de discorde  pour  nous permettre d’ouvrir nos frontières à des charlatans dont les connaissances en matière religieuse prêtent à caution, et ce malgré l’opposition de nos ulémas, bien qu'on soit en droit d'émettre des réserves sur leur sincérité. Car qui leur a permis de prêcher dans les mosquées sinon le ministre des affaires religieuses, salafiste avéré et imam de la mosquée El Fath ? M. Khadmi joue au pompier pyromane. Un procédé qui n'a même le mérite de la nouveauté.

Lundi soir, le ministre de l’intérieur a fait état de la découverte d’un réseau terroriste lié à l'affaire de Bir Ali Ben Khélifa qui vaulait établir un Emirat islamique en Tunisie. Certains de ses membres qui purgeaient des peines de prison pour des actes de terrorisme avaient bénéficié dernièrement d’une amnistie. Lors de sa tournée au Maghreb, Moncef Marzouki s’était déclaré favorable à une reconnaissance de Hizb Ettahrir, ennemi déclaré de la démocratie. On voudrait plonger le pays dans une guerre civile, on n’aurait pas agi autrement. Après ce qui vient de se passer, on ne pourra plus dire qu'on ne savait pas.