Moncef Marzouki à la Bourse: «Faites redémarrer la machine et vous aurez plein soutien!»
Il ne s’en était pas caché en arrivant mardi après-midi à la Bourse de Tunis. Le Dr Moncef Marzouki, président du CPR a été direct : « Je suis arrivé, plein à craquer de préjugés, comme la vision globale : spéculations, délits d’initié et autres. Je ne cherche qu’à être convaincu du contraire ! » Plus d’une heure durant, Fadhel Abdelkéfi, Mohamed Bichiou et les membres du comité ad-hoc chargé par le conseil de la Bourse d’auditionner les chefs de parti s’y attelleront.
Dr Marzouki sortait à peine d’une longue réunion tenue avec les dirigeants de l’Utica, devant lesquels il avait étayé les positions de son parti en faveur du libéralisme économique et de l’entreprise citoyenne « respectueuse des droits des travailleurs et engagée dans le développement durable ». Il était arrivé aux Berges du Lac sans fanfare avec son « Staff Economique et Financier» composé de Lilia ben Khedher, ancienne directrice dans une grande banque française, Fethi Jerbi, Economiste, enseignant universitaire, rentré de Bruxelles et co-fondateur du CPR, Abdelaziz Kotti, agronome, chef d’entreprise, tête de liste élu à la circonscription de l’Ariana, et Anis Jaziri, financier, camarade de promotion de Mourad Ben Chaabane (MAC. SA), qu’il n’avait pas revu depuis… 20 ans.
En « politique laissant la technicité aux techniciens », Marzouki s’est tenu aux principes : « nous devons œuvrer pour la stabilisation politique, par, notamment, la résorption du chômage et la relance économique », a-t-il martelé. Sa méthode, la tenue d’états généraux sectoriels devant fournir en 30 jours, le bilan de l’existant et surtout les solutions appropriées. Son message est clair : « Donnez-nous du concret, montrez-nous ce que vous pouvez faire, faites redémarrer la machine économique et vous aurez plein soutien ! »
Le président de la Bourse, Fadhel Abdelkéfi, avait plaidé pour la dynamisation du marché financier, « cette manette économique qui n’a été que très peu utilisée et de façon sporadique, privant les entreprises et le pays d’un levier puissant ». Chiffres à l’appui, il rappelle que jusque-là, 95% des financements se font à travers le système bancaire et la capitalisation boursière n’est que de 24% par rapport au PIB. Parmi les mesures préconisées, il demande l’application de la circulaire de la Banque Centrale (demeurée à ce jour sans suite) interdisant aux entreprises totalisant un endettement supérieur à 25 MD de se financer dans le système bancaire et leur imposant de se recapitaliser à travers dune augmentation de capital, en bourse. Il recommande également que le futur gouvernement poursuive son programme de privatisations et que toutes les opérations se fassent à travers la Bourse. Sur le même registre, les entreprises confisquées et les actions ayant appartenu au Clan du président déchu doivent être mises en bourse, selon des formules garantissant les droits de l’Etat et encourageant la participation des salariés.
Le leader du CPR et son équipe prennent note. Un débat s’engage et on s’approfondit de plus en plus dans le technique. Dr Marzouki ne souhaite pas s’y attarder, d’autres rendez-vous l’attendent en fin d’après-midi. « Oui, nous devons poursuivre les concertations avec Ennahda et Ettakatol, sur le programme politique devant cimenter la coalition, confie-t-il. Mais vous aurez tout le loisir de continuer à discuter entre spécialistes avec mon équipe ! » Visiblement édifié par la qualité des analyses et le professionnalisme des dirigeants de la Bourse, Dr Marzouki, plus détendu, apprécie de mieux en mieux leur action. « Je me sens plus en confiance, et je comprends mieux ce que vous faites. Arrivé avec des préjugés, je repars plus confiant, dit-il. Mais, vous aussi, n’ayez pas de préjugés vis-à-vis des politiques. Il y a des politiques honnêtes, intègres et patriotes, faites-leur confiance. C’est ainsi et ensemble que nous pourrons faire redémarrer la machine » !
Le temps d’annoter le livre d’or, de prendre rapidement l’ascenseur et de courir à son rendez-vous suivant. En laissant une bonne impression.