News - 19.10.2011

La Tunisie et la Scandinavie : une bouderie qui n'a plus sa raison d'être

Sur  les neuf ambassadeurs qui ont remis leurs lettres de créance mercredi au Président de la République par intérim, cinq ne résideront pas à Tunis: Alger pour les ambassadeurs de Guinée et de Norvège, Athènes pour celui de l'Albanie, Rabat pour l'ambassadeur du Danemark et Tripoli pour celui de Biélorussie. Reste la Suède dont l'ambasseur à Tunis résidera à...Stokholm, comme naguère, notre ambassadeur à Malte qui siégeait au MAE à Tunis.

A cause de sa politique calamiteuse en matière de droits de l'Homme, Ben Ali a réussi s'est mise à dos tous les pays scandinaves. Mis à part la Finlande, représentée par un ambassadeur résident et qui vient d'emménager dans se nouveaux locaux sur les berges du lac, les ambassadeurs des deux autres pays représenteront leurs pays respectifs à partir de Rabat et Alger.

Le cas de la Suède est, à cet égard, très instructif. Ce pays avait apporté un soutien sans faille à notre pays dans sa lutte nationale grâce notamment à l'activisme du grand peintre tunisien Aly Ben Salem, installé en Suède et a été l'un des tout premiers à reconnaître l'indépendance de la Tunisie et à y installer une ambassade dans un immeuble de l'avenue de France. Bourguiba y avait effectué une visite mémorable en 1963, sous le règne de Gustave VI Adolphe, grand-père du souverain actuel (voir photo). Certains anciens responsables tunisiens comme Ahmed Ben Salah avaient  noué des liens très solides avec des dirigeants suédois comme l'ancien chef du gouvernement Olof Palme. Mongi Slim aussi, lorsqu'il était représentant de la Tunisie à l'ONU était  l'ami et le conseiller du Secrétaire général  de cette organisation, le Suédois Dag Hammarskjoëld.

La Suède a été également pendant longtemps, le premier et le seul pays scandinave à abriter une ambassade de Tunisie. Dans les années 60 et 70, ce pays avait également accompagné de manière très active notre pays dans son oeuvre de développement à travers son agence de coopération (SIDA) qui a depuis, changé de nom pour des raisons évidentes. L'aide suédoise a été utilisée à bon escient par la Tunisie parce que les Suédois eux-mêmes y ont veillé. Officiellement pour des raisons budgétaires, mais en fait pour marquer sa réprobation des atteintes aux libertés publiques, la Suède a fermé son ambassade à Tunis il y a une dizaine d'années, se contentant d'un consulat  et d'une représentation commerciale. Il faut espérer qu'après la révolution tunisienne, les relations avec ce pays retrouvent leur chaleur d'antan.