News - 19.10.2011

Comment Ennahdha a conçu sa campagne électorale et la finance

Intervenant pour la première fois devant les médias depuis la révolution, Abdelhamid Jelassi, membre de la direction d’Ennahdha et directeur général de sa campagne électorale a levé un coin de voile sur la stratégie adoptée et les moyens mis en œuvre. Son mouvement s’est attaché, déclare-t-il, a tenu compte de quatre grandes spécificités dans l’élaboration de la stratégie. D’abord, opter pour une campagne de contenu devant permettre de réconcilier le Tunisien avec la politique. Ensuite, une campagne militante, sans lourdes dépenses et la mesure de la modestie qu’impose la situation économique du pays et des Tunisiens, favorisant plutôt, l’implication directe des adhérents et le contact direct avec la population jusqu’aux fins fonds du pays, en prêtant une grande écoute aux préoccupations et  doléances. Aussi, une campagne qui n’hypothèque pas l’avenir, ouvrant largement les portes et évitant de s’enliser dans les luttes avec les autres formations et familles politiques. Enfin, une campagne légaliste qui respecte les dispositions en vigueur.

« L’objectif primordial, explique-t-il, est de contribuer à la réalisation de la transition démocratique, l’approfondissement de la culture politique et l’enrichissement du débat national. L’axe retenu est celui de rassurer l’opinion publique et de montrer que les élites ne sont pas en guerre et demeurent capable de parvenir à l’entente autour d’objectifs nationaux centraux ».

Evoquant les difficultés rencontrées, Jelassi mentionne le nombre élevé d’électeurs analphabètes qu’il estime à 1 800 000 personnes, ce qui pose le problème des accompagnants lors du vote, les 13 000 pèlerins tunisiens se trouvant aux Lieux Saints et pour lesquels aucune solution n’a jusque-là été trouvée, la création de bureaux de vote additionnels pour lesquels les conditions d’observations ne sont pas encore définies et surtout la non-remise à chaque liste participante d’un formulaire de dépouillement des urnes afin d’assurer directement, avec les membres du bureau de vote, le décomptage des voix. Toutes ces questions, indique-t-il, ont été soumises officiellement à l’ISIE.

Financement : aucune source éxtérieure, rien que les cotisation des membres, affirme Ghannouchi

Pour ce qui est des aspects financiers,  Abdelhamid Jelassi, a  indiqué qu’Ennahadha a reçu le 10 octobre la visite de la commission de contrôle qui a pu vérifier les comptes et les procédures, sachant qu’elle effectuera une deuxième visite ce samedi 22 octobre.

Pour sa part, interrogé sur les sources de financement du mouvement et les rumeurs lui imputant un soutien financier extérieur, Cheikh Rached Ghannouchi a balayé toutes ces rumeurs en disant : « Cela fait plus de 40 ans que nous nous prenons en charge, à partir des cotisations de nos adhérents dont chacun paie au moins de 5% de ses revenus. Si nous avons pu le faire, tout au long de cette rude épreuve de la clandestinité et de la résistance, cela veut dire qu’aujourd’hui, et avec l’accroissement de nos membres, nous ne pouvons manquer de ressources propres. Quant au financement extérieur, et si vous faites allusion à l’Arabie Saoudite et à l’Iran comme certains se plaisent à l’avancer, sachez que je suis interdit de séjour dans ces deux pays ».

Comme pour renvoyer la balle, le leader d’Ennahdha mentionne « les dépenses fort abondantes » de certains autres formations candidates». «J’ignore si des parties extérieures interviennent en faveur de telle ou telle formation, dit-il, mais je constate que certains ont des dépenses inhabituelles, distribuant des produits alimentaires, payant des factures d’eau et d’électricité et autres. Je me demande, d’ailleurs, où sont les organes de contrôle!».

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