News - 18.10.2011

Ahmed Néjib Chebbi : « Oui au rassemblement des forces démocratiques, Non à une alliance contre-nature avec Ennahdha »

Le PDP aborde la dernière ligne droite « avec unité, confiance et détermination » affirme un de ses dirigeants. Ahmed Néjib Chebbi, le fondateur du parti, Maya Jeribi, sa secrétaire générale, et Maher Hanin, tête de liste à Sfax 1, qui se sont succédé à la tribune lors d’un grand meeting organisé lundi 17 octobre à Gammarth, dans la banlieue nord de Tunis, ont tous réitéré l’appel au rassemblement des forces démocrates et progressistes. Et leur refus des coalitions contre-nature. « Nous allons œuvrer à la constitution d’un grand pôle centriste et démocratique, a déclaré Ahmed Néjib Chebbi, un pôle qui aurait vocation à réunir le PDP, Ettakatol, le PDM, Afek Tounes et le PTT. Mais certainement pas Ennahda, formation avec laquelle nous sommes radicalement en désaccord, aussi bien sur le projet politique que sur le projet de société. Les alliances, au gouvernement comme à la Constituante, doivent se conclure à l’intérieur des familles politiques naturelles. Le PDP n’envisage pas de siéger dans un gouvernement aux côtés d’Ennahda. » 
 
L’idée de coalition moderniste, esquissée publiquement lors du meeting du 7 octobre, a enregistré un accueil favorable, tant du côté du PDM que de celui d’Afek, deux formations qui ont très clairement fait savoir qu’elles n’entendaient pas gouverner avec Ennahda. Elle a commencé à prendre forme hier, avec le soutien apporté par le PDP à la candidature d’Amel Nasr (PDM), qui brigue les suffrages des Tunisiens résidents en Allemagne (la liste PDP Allemagne ayant été invalidée pour des raisons administratives). 
 
Ettakatol est en revanche pour l’instant restée sourde à l’initiative. Son secrétaire général, le Dr Mustapha Ben Jaafar, ayant fait savoir qu’il attendrait le lendemain du dépouillement avant de se prononcer, tout en indiquant sa préférence pour un gouvernement d’union nationale. Est-ce à dire qu’il entend se vendre au plus offrant, comme le murmurent certains ? « Nous nous refusons à conjecturer et refusons d’entrer dans les procès d’intention, tempère Samy Ghorbal, conseiller politique du leader du PDP. Bien sûr, nous aurions préféré qu’une clarification intervienne avant les élections. Mais la porte n’est pas fermée. Nous n’avons qu’un seul adversaire, Ennahda. Et nos amis du Forum sont libres de nous rejoindre quand ils le souhaitent. Car ce serait dans l’intérêt de la famille démocratique et moderniste, qui serait plus forte unie que divisée et éparpillée ». 
 
S’agissant, précisément, de l’après 23 octobre, Ahmed Néjib Chebbi a reconnu que si, par extraordinaire, le mouvement Ennahda remportait la majorité, rien ne pourrait l’empêcher de gouverner : « Si un tel scénario devait se produire, notre pays aurait plus que jamais besoin d’une opposition forte, organisée, campant fermement sur ses principes. Nous aspirons à gouverner, et nous croyons farouchement à la possibilité d’une victoire des modernistes. Mais  la perspective de l’opposition ne nous fait pas peur. Car on ne bâtit pas la démocratie sur l’unanimisme. »
 
Revenant sur l’affaire Nessma, et les débordements violents qu’elle a occasionnés, le leader du PDP a insisté sur la nécessité qu’il y avait à respecter la sacralité de la sublime religion islamique et à s’abstenir des provocations inutiles. Il a invité cependant à considérer que la liberté d’expression constituait, elle aussi, une valeur inaliénable et sacrée dans la Tunisie de post-révolutionnaire.    
 
Maher Hanin, très en verve, a pour sa part dénoncé l’utilisation des lieux de culte à des fins de propagande politique. Il s’est insurgé contre le fait que certains adversaires assimilent la religion à un parti politique, à l’exclusion de tous les autres : « De tels amalgames sont inacceptables. Ennahda n’est pas l’Islam. L’Islam est la religion de tous les Tunisiens. Aucun parti, aucune faction ne peut s’en arroger le monopole. » 
 
Le PDP a donné rendez-vous à ses militants et à ses sympathisants le 21 octobre, à l’Ariana, pour le meeting de clôture de sa campagne électorale.