Opinions - 23.09.2011

La légitimité du consensus peut-elle assurer la transition ?...

Comment rétablir la légitimité pour sortir au plus vite du provisoire qui dure ?

Comment engager le pays dans une règle des trois : normalisation, moralisation et modernisation ?

Comment sécuriser les personnes et les biens (publics et privés) et mettre un terme au règne malsain de l’incivisme, de l’incivilité et de la démesure ?  

Comment rétablir la confiance pour protéger, remettre en marche et promouvoir la production et l’investissement ?

Comment se mettre vite au chevet des grands équilibres économiques et financiers et de la balance des paiements sérieusement et structurellement affectés et ébranlés depuis des années déjà par des pratiques spéculatives et/ou mafieuses qui ont détourné l’économie de notre pays de sa vocation d’économie réelle et productive de richesses ?

Ce questionnement, répété à s’en lasser depuis des mois, reste malheureusement actuel ; il est au centre des préoccupations légitimes de tous .

Dans ce contexte il faut cependant faire la part des choses et bien distinguer entre :
1 - des préoccupations en rapport direct avec les objectifs de la révolution (tels que la transition, la Constituante, le retour à la légitimité, etc…) ;
2 - celles engendrées par les dommages collatéraux propres à toute révolution, notamment en termes d’insécurité et de perturbations économiques et sociales, bien que ces effets pervers ne sont pas à attribuer à la seule révolution car ces dérives lui sont bien antérieures et sont à attribuer beaucoup plus à la dictature qui a causé l’inexorable involution de tous les systèmes de valeurs …

Dans l’euphorie de la post révolution nous pensions réellement que la tâche pour répondre à ces préoccupations, bien qu’objectivement difficiles, était à la portée des élites de tous bords, et que cela ne devrait pas poser des problèmes insolubles ni prendre beaucoup de temps… !

Est-ce le moment, alors que le pays est engagé sur la voie d’un processus de transition délicat, de dire que nous nous sommes trompés tant au niveau de la démarche qu’au niveau de l’évaluation…et que les choses ne vont pas dans le sens souhaité ni avec la célérité requise ?!

Nous n’irons pas jusqu’à dire, dès lors que nous sommes en pleine phase de transition et de construction de l’édifice démocratique, que cette révolution est déjà plombée, que la phase actuelle de transition parait longue et à l’issue incertaine ; mais il est indéniable qu’une réelle inquiétude est manifeste chez beaucoup de tunisiens quant à l’état de cette transition et la difficulté de faire jouer  la règle du consensus.

La seule décision transitionnelle importante, émanant de la légitimité du consensus, fut l’annonce le 3 mars dernier de l’option de l’élection de la Constituante en tant que première étape pour le retour à la légitimité.  Nous pourrions à la limite considérer que l’adoption ce 15 septembre d’une « déclaration du processus de transition » par le G 12 (-1) politique tunisien s’inscrit aussi dans cette recherche louable du consensus …

Mais cette approche consensuelle trouve beaucoup de peine à s’imposer ;  et quel que soit le scénario qui marquera les résultats des élections du 23 octobre, il est peu probable que la règle du consensus soit appelée à arbitrer efficacement la situation :

1 - Si l’issue des élections qui devraient se dérouler à la date prévue du 23 octobre donnait une Constituante gouvernable composée de trois ou quatre groupes ou familles politiques qui négocieraient entre elles l’exercice de la nouvelle légitimité… ce serait le meilleur cas de figure ! Et dans ce cas il y a fort à parier que les protagonistes, les alliances post électorales aidant, feraient jouer la règle de la majorité (comme ils l’ont presque toujours fait dans l’Instance Ben Achour) plutôt que celle du consensus !...
2 - Si ces mêmes élections donnaient (le grand nombre des listes en lice et le mode de scrutin aidant) une Constituante mosaïque, ingérable et à la majorité instable, là nous serions dans un scénario catastrophe que l’on n’ose pas imaginer mais qui est loin malheureusement d’être improbable ; et nous serions partis pour des joutes et des surenchères où l’on mettrait des jours et des semaines pour s’accorder sur la place d’une virgule ; et je ne vois vraiment pas comment on pourrait faire valoir et jouer  le consensus dans ce genre de situation !...
Trop d’incertitudes, d’atermoiements, de surenchères, de querelles intestines et de conflits internes (sans rapport ou sans commune mesure avec la gravité et l’urgence de la situation du pays) occupent le devant de la scène nationale et désolent les citoyens et les observateurs.

Ils sont souvent le fait des pouvoirs publics (fussent-ils provisoires), des protagonistes politiques, des médias,  des centres d’influence (visibles ou occultes) etc.. ; c’est à se demander si tout ce monde là, censé être facilitateur de solutions, ne deviendrait pas en partie un problème !...

En réalité et pour en revenir à notre propos, notamment en termes de feuille de route de l’après 23 octobre, il y a fort à parier que ce serait la règle de la majorité, au lieu de celle du consensus (que nous continuons malgré tout à souhaiter et à privilégier) qui déterminerait cette feuille de route et conditionnerait la transition…

Car une donnée intangible s’impose d’elle-même : c'est la Constituante qui décidera de tout en dernier ressort et en toute légitimité, et cette décision ne pourra émaner que de la majorité qui traduira le rapport des forces tel qu’il sera établi par les urnes d’une part et les alliances pré et surtout post électorales d’autre part .
Il  convient donc de ne pas anticiper, encore moins d’hypothéquer les prérogatives de la Constituante et qui doivent rester pleines et entières …

Mais ceci n’interdit pas d’ébaucher dès maintenant des alliances qui devront s’affiner juste après les résultats des élections en vue de constituer la majorité qui gouvernera et la minorité qui s’érigera en contre pouvoir.

On dit que la Tunisie est un pays qui se gouverne au centre ; espérons que cette sagesse perdure…

Nous souhaitons quant à nous cette éventualité, sans préjuger de la préférence populaire qui reste souveraine et sans nous départir d’un positivisme réaliste qui autorise malgré tout des perspectives constructives …

Hamouda Ben Slama

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4 Commentaires
Les Commentaires
hatem jemaa - 24-09-2011 09:09

Voilà les deux mots qui onr fait le plus de ravages depuis le 14 Janvier 2011: LEGITIMITE et CONSENSUS. Ces deux mots ont été détournés de leur sens, instrumentalisés, asservis au sectarisme et au corporatisme et finalement amalgamés et confondus. Ces deux mots malhonnêtement utilisés ont ajoutés de la confusion à la confusion. Et il est fort à craindre que leurs ravages continuent d'aurant plus qu'ils vont être rejoints par un autre mot: SOUVERAINETE.

Mhamed Hassine Fantar - 24-09-2011 10:44

Pour réussir la révolution du 14 janvier, la Tunisie a besoin d'une profonde connaissance d'elle-même, d'une vision claire de ce qu'elle souhaite devenir et de conjuguer la raison et la foi en soi pour y parvenir et se réaliser. La politique politicienne s'est avérée nocivement stérile.

Mohamed - 25-09-2011 11:59

Ce que je souhaite ardemment de cette constituante, c'est qu'elle nous mette dans la direction et l'évolution naturelles de la civilisation contemporaine planétaire incroyablement triomphante qu'est le vrai modernisme, régi essentiellement par les libertés de tout ordre, sans chercher à nous faire revivre dramatiquement une époque révolue qui nous enfoncerait encore plus dans notre retard civilisationnel déjà considérable. Et sans rien faire gagner à notre religion, car musulmans (en majorité) nous sommes et musulmans nous serons dans un million d'années, sans avoir l'aide ni les précieux conseils de quiconque. Les intentions certes peuvent être bonnes et la foi sincère, mais la responsabilité est trop grande et les enjeux sont trop trop importants pour se permettre des fautes payables irrémédiablement en siècles de retard civilisationnel à venir. Malgré les crises économiques qu'ils traversent, jamais les pays évolués ne penseraient à faire revivre leur passé, aussi glorieux soit-il. Nous ne verrons jamais par exemple les Français vouloir revivre l'époque des gaulois ou de Napoleon, les Japonais reprendre les coutumes samouraïs, les Américains du sud revenir aux pratiques incas, ou les Italiens se replonger dans l'époque romaine. Vous avez vite deviné quel serait le sort des gens qui , chez eux, formuleraient de telles propositions: l'asile des fous. Dans nos contrées, malheureusement, de telles demandes peuvent être formulées, sans provoquer l'hilarité générale. C'est qu'on sort groggys de 23 ans d'abrutissement quotidien méthodique, conjugués à une propagande satellitaire dirigé essentiellement vers les citoyens des pays qui émettent ces chaînes, qui leur apprend par exemple que manifester dans la rue ou contredire le gouvernant relève de la fitna, mais que malheureusement beaucoup de nos concitoyens reprennent, de bonne foi, alors que ces directives sont destinés à ligoter et opprimer la population. Et il faudra du temps à beaucoup pour se corriger et adopter le bon cap. Seuls ne se corrigeront pas ceux que cette léthargie arrange pour pouvoir surfer dessus et atteindre le pouvoir. Donc malheureusement ces 23 ans ont contribué à l'acculturation politique de nombreux Tunisiens qui sont largement manipulables par tout mouvement opportuniste avide de décrocher le pouvoir. Il faut absolument laisser de côté les doctrines dépassées par les événements mondiaux, et adopter illico presto le système politique réellement moderne sans artifices qu'est la répartition des partis en centre droite gauche, nous arrimant enfin au train civilisationnel planétaire (et non occidental) gagnant naturel. En outre, les travaux de la future constituante doivent être axés sur toute la Tunisie, sans exception ni exclusion, intégrant toute la population tunisienne, mais rien rien que la Tunisie, notre pays. Ces travaux doivent être dirigés vers l'axe moderniste qui a fait ses preuves et écarter les systèmes sources du recul des pays qui les ont adoptés. Il faut juste regarder autour de nous.

ichaa allah mejri - 04-10-2011 17:43

la tunisie a traverse et traverse une dure periode mais la porte de l espoir est grande ouverte et les horizons sont satisfaisantes pour la tunisie libre et j apprecie votre idee et opinion sur la futur feuille de route donc regle de la majorite avec un esprit sportif pour les perdants ou la minorite mes salutations ICHAA ALLAH MEJRI-AFEK TOUNES

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