News - 21.09.2011

La révision du modèle social tunisien est impérative

Le Premier ministre du gouvernement de transition Béji Caïd Essebsi a mis l'accent sur l'impératif de réviser le modèle social tunisien qui, a-t-il dit, est à l'origine du déclenchement de la révolution en Tunisie, dans la mesure où il a contribué à l'accroissement des disparités régionales.

A l'ouverture des travaux d'une conférence internationale qui a eu lieu, mercredi, dans la banlieue nord de Tunis, sur le thème "Justice sociale et lutte contre l'exclusion dans un contexte de transition démocratique", M. Caïd Essebsi a souligné la nécessité de conjuguer tous les efforts pour instaurer un modèle de développement social à même de permettre de remédier aux phénomènes du chômage et de la pauvreté, de lutter contre l'exclusion, de réduire les disparités régionales et de favoriser la protection sociale, l'objectif ultime étant de contribuer à la réalisation de la justice sociale, à l'instauration d'un climat de sécurité et de stabilité et à la réussite du processus de transition démocratique.

Les jeunes qui ont déclenché la révolution de la liberté et de la dignité sans appartenance idéologique ou intellectuelle aucune, ni influence extérieure, a-t-il expliqué, habitent, en majorité, dans les régions intérieures les plus démunies et les moins chanceuses, ajoutant que 80 pc des ressources de développement étaient orientées sous l'ancien régime vers les zones côtières et touristiques au détriment des régions intérieures qui bénéficient uniquement de 20 pc du budget de développement.

La révolution tunisienne, a-t-il encore précisé, est venue démontrer le fossé entre les promesses et la réalité, mettant l'accent, à ce propos, sur la nécessité d'instaurer un dialogue entre le gouvernement de transition et toutes les forces vives pour réviser les différents aspects du modèle social tunisien, élaborer une feuille de route pour fixer les priorités de développement social et tracer un plan d'action bien clair à même de permettre de promouvoir les catégories défavorisées dans les différentes régions.

Les efforts déployés en matière de consécration du principe de la justice sociale, a-t-il indiqué, ont été couronnés par un ensemble de mesures pratiques, s'agissant notamment du renforcement des aides permanentes, de la régularisation de la situation des travailleurs de chantiers et en sous-traitance, de l'application de majorations salariales, de la facilitation d'accès aux micro-crédits et de l'organisation de concours de recrutement dans le secteur public.

Ces mesures, a-t-il ajouté, ont joué un rôle important dans la lutte contre l'amplification des phénomènes du chômage et de la pauvreté, mettant l'accent sur l'attachement à poursuivre la prise en charge sociale des familles défavorisées et à mettre en place un ensemble de mécanismes visant à favoriser l'insertion professionnelle des sans-emploi.

Il s'agit notamment, a-t-il indiqué, de la dynamisation du mécanisme de la formation complémentaire et de la création de projet pour absorber le chômage pendant 5 ans moyennant une enveloppe globale de 125 millions de dollars.

En conclusion, le Premier ministre du gouvernement de transition a formé l'espoir de voir les recommandations issues de cette conférence contribuer à l'amélioration de la réalité sociale en Tunisie, à l'aplanissement des insuffisances et à la consécration du dialogue et du consensus social, dans l'objectif de parvenir à des solutions à même de permettre de surmonter cette phase sensible du processus de transition démocratique et de réaliser les objectifs de la révolution visant notamment à  préserver la dignité de l'individu et à instaurer la justice sociale.

"La lutte contre l'exclusion sociale constitue une priorité essentielle du gouvernement de transition et de toutes les potentialités nationales, de même qu'elle représente un souci majeur pour les organisations internationales, au vu de l'étroite relation entre la paix et la stabilité sociales", a souligné, de son côté, M. Mohamed Ennaceur, ministre des Affaires sociales, à l'ouverture de la conférence.

Cette conférence internationale qui se poursuivra jeudi, est organisée en collaboration entre le ministère des affaires sociales et l'OIT, avec le soutien de la Banque Mondiale, l'UNICEF, l'UE et l'Institut national de la Statistique et des études économiques de France (INSEE).

Plusieurs communications seront présentées lors de cette conférence notamment sur les approches d'exclusion et de l'intégration sociales à la lumière des expériences arabes et internationales, le rôle de l'Etat en période de transition démocratique dans la lutte contre les exclusions et les inégalités de développement et la consécration du principe de la justice sociale.