Néjib Chebbi et Maya Jeribi reçus par le Président Mebazaa : Attachement au référendum, non l'interdiction de la publicité
Le PDP a réaffirmé son attachement à l’organisation d’un référendum sur la limitation de la durée et du mandat de l’assemblée nationale constituante devant être élue le 23 octobre prochain et son opposition à l’interdiction de la publicité politique dès le 12 septembre courant. Reçus lundi au palais de Carthage, ses deux premiers dirigeants, M. Ahmed Néjib Chebbi et Mme Maya Jeribi ont exposé au président de la République, M. Foued Mebazaa, la position de leur parti sur ces deux questions, telle que définie par le bureau politique réuni samedi dernier.
Dans une déclaration accordée à Leaders, à l’issue de cette audience, M. Chebbi a indiqué : « Nous avons trouvé M. le Président en meilleure forme, parfaitement bien et très attentif à nos propos, faisant montre d’une grande lucidité quant à l’analyse de la situation qui prévaut dans le pays. Nous lui avons réaffirmé notre conviction quant à la nécessité de revenir au peuple pour clarifier le processus de transition démocratique, à travers un référendum qui précise la durée du mandat de la Constituante, en le limitant à 6 mois, ainsi que son mandat, devant se consacrer essentiellement sur l’élaboration du projet de la nouvelle constitution, et, à titre exceptionnel, sur le plan législatif, de statuer sur des projets de textes à caractère économiques urgents, tels que ceux du budget de l’Etat et de la Loi des Finances. Ayant tellement souffert de la dictature, nous ne saurions accepter l’instauration d’une nouvelle dictature, au nom de la légitimité électorale. Il s’agit pour nous d’éviter la concentration de tous les pouvoirs entre les mains d’une seule instance qui aura la légitimité des urnes et de l’encadrer par une autre légitimité celle du référendum.
«Il appartient aussi, à cette constituante, a-t-il poursuivi, de reconduire l’organisation des pouvoirs publics décidée, et de choisir le président de la République qui procèdera à la désignation d’une personnalité en vue de former un gouvernement chargé d’expédier les affaires courantes, jusqu’à l’adoption de la nouvelle constitution et l’organisation des élections présidentielles et législatives».
De son côté, Mme Maya Jeribi a ajouté que des initiatives se multiplient dans ce même sens, se félicitant particulièrement de celle prise par M. Yadh Ben Achour, espérant qu’elles parviennent à réaliser le consensus en faveur du référendum et réfutant les allégations des difficultés techniques et logistiques qui pourraient empêcher son organisation, concomitamment avec le scrutin du 23 octobre.
Evoquant la décision de l’ISIE interdisant toute publicité politique à compter de ce 12 septembre, M. Chebbi a déclaré à Leaders : « Nous avons exprimé au Chef de l’Etat notre totale opposition à cette mesure tant dans sa forme que son contenu. L’ISIE chargée uniquement du déroulement des élections du 23 octobre n’est nullement habilitée à décider de ce qui précède la campagne électorale et nullement investie de la capacité d’en décider. Pour ce qui du fond, plus de la moitié des Tunisiens se déclarent encore indécis quant à leurs intentions de vote, faute de bonne connaissance des partis et de leurs programmes. Ces campagnes de publicité sont en fait des actions de communication instructives pour les Tunisiens afin qu’ils puissent se faire une opinion précise sur les différentes propositions. Aujourd’hui, interdire, au nom de l’égalité des chances, ces campagnes, c’est niveler par le bas le débat politique et méconnaître le long combat mené par des dizaines d’années sous l’oppression et la dictature, des partis pionniers qu’ont veut aujourd’hui contenir dans une même position que les tous nouveaux partis à peine naissants ou d’autres ».
«Pour toutes ces raisons, le PDP, a déclaré M. Ahmed Néjib Chebbi ne se sent pas concerné par cette mesure de l’ISIE et, légaliste, s’en remet à la justice s’il y a lieu».
Interrogé si la situation sécuritaire a été évoquée avec le Président Mebazaa, M. Chebbi a indiqué : «effectivement, nous avons exprimé notre préoccupation face aux dérives survenues et notre attachement au respect de l’autorité de l’Etat. Il importe de renforcer la sécurité car si elle vacillerait, c’est l’Etat tout entier qui en sera menacé. Nous comprenons parfaitement que des revendications légitimes puissent être exprimées, mais dans le cadre du dialogue, sans autoriser que des centres névralgiques de l’Etat puissent être investis ou que des confrontations s’exercent contre d’autres forces.»