News - 02.09.2011

France 24, une émission sur la révolution libyenne qui a failli mal tourner

Pour une fois, notre excellent confrère de France 24, Taoufik Mjaïed,  n’a pas eu la main heureuse. Il n’a pas trouvé mieux qu’un vieux routier de «  l’opposition de sa majesté » du temps de Ben Ali et dont on sait tout le mal qu’il pense de la révolution libyenne pour porter la contradiction aux trois invités libyens de son débat sur la Libye post Kadhafi.  Si Taoufik voulait sans doute une émission animée. Il a été bien servi. Heureusement pour lui, son invité n'était pas présent sur le plateau, mais en duplex de Tunis, sinon les choses auraient pu mal tourner.

Le moins qu'on puisse dire est que notre compatriote n'a pas fait dans la nuance. Autant les invités libyens étaient mesurés, conscients qu’ils étaient des grands défis auxquels leur pays devrait faire face, autant l'invité tunisien aura été agressif, multipliant les provocations et les accusations gratuites, coupant constamment la parole aux autres invités. A un moment donné, on en était venu presque à souhaiter une interruption de la liaison avec Tunis, tellement son discours  était révoltant et décalé par rapport à la réalité. Il fallait l’entendre débitant, avec la morgue et l’assurance de celui qui possède la science infuse ses accusations contre les insurgés qui ne seraient que « des traitres, des agents stipendiés par l’OTAN ».

Cette attitude était d’autant moins compréhensible que, pour avoir été privé de liberté pendant plus d’un demi siècle des libertés les plus élémentaires,  le Tunisien est sans doute le mieux à même de comprendre le sursaut des voisins libyens et leurs aspirations légitimes à la démocratie et à la dignité. D’abord déstabilisés, les invités, un ancien ministre du pétrole, un membre du Conseil National de Transition et un universitaire résidant en Europe, ont compris au fil des minutes à qui ils avaient affaire. Inutile d’expliquer, de raisonner ou de s’énerver. Mieux vaut dans ce cas adopter la seule attitude qui vaille : le mépris.

H. Behi