News - 17.08.2011

Jalloul Ayed chez le patronat : «rassurez-nous, Monsieur le Ministre !»

« Les chefs d’entreprises sont ciblés par des campagnes diffamatoires, lorsqu’ils ne font pas l’objet de surenchère de revendications ou de blocage de leurs activités. Comment pourrions-nous alors envisager l’avenir avec optimisme et nous engager dans la relance. Nous avons besoin de signes concrets de réconfort et de soutien. Rassurez-nous, Monsieur le Ministre. » De sa voix calme, mais ferme, devant une trentaine de dirigeants de la centrale patronale, dont certains sont venus de régions éloignées, Wided Bouchammaoui a dit tout haut, devant le ministre des Finances, Jalloul Ayed, ce que ses pairs endurent tout bas. Trois heures durant, le franc débat instauré mercredi matin, a permis d’exprimer les préoccupations des entrepreneurs, mais aussi de saisir les grandes orientations tracées par le gouvernement et surtout de donner une lueur d’espoir.
 
« J’ai senti votre malaise, et c’est pour cela que j’ai tenu à vos rencontrer, m’invitant à votre siège, répond d’emblée, le ministre Ayed. » Il est vrai, comme le relèvera Hammadi Kooli, il est le premier ministre à demander à être reçu à l’Utica. La glace brisée, le ministre des Finances rappelle les grandes mesures prises, notamment le plan Jasmin qu’il présentera  en détail le 12 septembre devant les ministres du G8, la création de la Caisse des Dépôts et Consignations, et la refonte du cadre légal des Sicars, transformées en Sicad.  Deux autres projets de décrets lois seront examinés successivement les deux prochaines semaines en conseil des ministres, un statut approprié pour la micro-finance et la constitution du Fonds Intergénérationnel.
 
A ses yeux, l’essentiel n’est pas de se dire comment relancer la croissance, mais plutôt, comment le faire au plus rapidement possible. Sur un budget total de l’Etat de 21 MD, 3MD sont consacrés au fonctionnement, 5 MD à l’équipement et 5 autres MD à la caisse générale de compensation, que reste-t-il à l’État pour jouer son rôle d’investisseur significatif. C’est alors au secteur privé de prendre le relais, en mettant à sa disposition, de vraies grandes structures appropriées, telles que la CDC et ce nouveau méga-fonds.
 
Acquiesçants, les chef d’entreprises ont cependant une revendication principale : la levée des sit-ins et la restauration de la sécurité. « De grâce, implorera Hammadi Kooli, concertez-vous avec les partis politiques, les organisations nationales et la société civiles et édictez au plus vite une fatwa sociale pour interdire tout sit-in et donner plein pouvoir aux forces de sécurité pour libérer l’accès aux entreprises condamnées à l’arrêt. » Hichem Elloumi citera des exemples concrets, à l’instar de l’unité japonaise de Sumitomo à Boussalem où 500 premiers emplois sur 2000 envisagés, sont mis en périls par les riverains qui bloquent l’usine.
 
Compréhensif, mais réservé quant à l’emploi systématique de la manière forte, le ministre Ayed estime que « l’utilisation de la force coercitive est à double tranchant, tant une psychose continue à prévaloir chez certains agents de l’ordre, après tous les évènements survenus et les responsabilités engagées. Nous marchons sur un fil de rasoir, mais nous progressons. La situation sécuritaire s’est nettement améliorée, 95% du pays est stabilisé et il ne faut pas faire des troubles sociaux qui restent à désamorcer, un aspect systémique et chronique. Nous travaillons sur les solutions les plus appropriées. » Une réponse qui ne semble pas répondre parfaitement aux attentes des employeurs qui la trouvent plutôt politique.
 
Répondant à une question sur la prolifération du commerce parallèle et l’installation anarchique sur la voie publique, le ministre des Finances a rappelé que les produits exposés constituent les résidus des dernières importations illicites d’avant la révolution qui finiront par être absorbés. Il a souligné que des zones dédiées sont en cours d’aménagement et qu’un groupe de travail a été constitué avec le ministère de l’Intérieur, pour remonter les filières et les démanteler. 
 
Prêtant attention aux différentes doléances exprimées, notamment celles relatives à l’indemnisation des entreprises sinistrées et la compensation des dégâts subis suite à l’amnistie des chèques sans provision, le ministre des Finances a essayé de passer un message d’espoir et de confiance en l’avenir. Même s’il est difficile d’y parvenir totalement, il y a au moins franchit un premier pas.