Opinions - 31.07.2011

Trop de Confusion

L’interrogation est partout. L’inquiétude aussi. Pourquoi voter ? En vue de quoi ? Elire quoi ? Personne n’en sait rien. Aucune clarification d’une institution officielle, qu’il s’agisse du gouvernement ou de « La Haute Instance Supérieur de Protection de la Révolution et de la Transition Démocratique », qui évite apparemment d’aborder la question.
 
S’agit-il d’élire une Assemblée uniquement Constituante ? Doit-elle élaborer la Constitution dans un délai déterminé ? Lequel ? Six mois ? Neuf mois ? Un an ? Durant ce délai, doit-on continuer avec l’actuel gouvernement provisoire ou doit-on en nommer un autre aussi provisoire ? Qui le nommera ? L’Assemblée Constituante ? Et pourquoi alors doit-il être provisoire ? Ce « provisoire » qui va se prolonger aussi, n’est-il pas préjudiciable au pays ? Un gouvernement provisoire, quelle que soit sa performance est toujours accusé soit de faiblesse, soit d’abus de pouvoir et de non représentativité. Le monde extérieur et l’ensemble de nos partenaires n’attendent-ils pas un gouvernement légitime et non provisoire pour discuter de nos futurs rapports économiques et financières, notamment ?
 
Un gouvernement et des ministres « provisoires » ont-ils réellement la possibilité d’envisager des projets d’avenir à moyen et long terme ? Qui a intérêt à prolonger ainsi le « provisoire » ? Certainement pas la Tunisie. Comment envisage-t-on de mettre fin au provisoire si l’Assemblée élue est uniquement Constituante ? Doit-on attendre la fin de l’élaboration de la Constituante et procéder alors à des élections législatives ? Le pays peut-il supporter deux consultations électorales proches et successives avec toute l’agitation et l’effervescence qui les accompagne ? L’assemblée élue à la deuxième Consultation sera-t-elle uniquement législative ? Pour quelle durée sera-t-elle élue? Pourra-t-elle désigner un gouvernement ? Ou doit-on entreprendre une troisième consultation pour élire un Président qui désignera ministres et Premier Ministre, comme auparavant ? Toutes ces élections se traduiront par une agitation permanente dans le pays.
 
Aussi, une clarification officielle s’impose d’urgence si l’on veut que les citoyens participent à ces élections et évitent de s’abstenir. L’abstention constitue une menace grave démontrant l’échec de la Révolution.
 
J’ai personnellement à plusieurs reprises, écrit à ce sujet et proposé le processus  qui me semble le plus indiqué pour :
1. Mettre fin dès le 23 octobre 2011 à la situation du  « provisoire », situation irresponsable
2. Doter le pays dès le 23 octobre 2011 d’institutions gouvernementales légitimes, responsables et comptables de leurs actes et résultats à savoir d’abord une assemblée qui assumera un rôle triple:
  • Constituante pour élaborer la Constitution
  • Législative : pour légiférer et mettre fin aux « décrets-lois »
  • Et enfin politique, habilitée à désigner un gouvernement pouvant travailler dans la durée et élaborer des plans à moyen et long terme aussi bien dans le domaine politique et institutionnel que dans les différents domaines économiques et sociaux.
Cette assemblée doit être élue pour un minimum de trois ans et un maximum de cinq ans. Elle doit,  outre que le gouvernement, désigner le chef de l’état à une majorité qualifiée (2/3 ou 3/4 des députés) en attendant que la Constitution statue sur le mode définitif de désignation du chef de l’Etat, par l’Assemblée ou par une consultation populaire.
 
Ainsi le 23 octobre 2011, il n’y a plus de provisoire. Tout est légal et légitime et le pays se met au travail, le provisoire actuel, non responsable pousse à l’improvisation, à l’excès et à l’excitation. Il faut dès maintenant que l’autorité officielle, le Président et le Premier Ministre convoquent les élections pour le 23 octobre 2011 en leur indiquant clairement l’objet de l’élection et les compétences de l’Assemblée à élire pour qu’ils puissent réfléchir et voter en conséquence.
 
Ce rétablissement de légalité et de la légitimité permettra aussi au pays d’initier une réconciliation générale difficile à aborder dans l’atmosphère actuelle et le rétablissement de la paix et de la fraternité au sein de la nation tunisienne.

Mansour Moalla