News - 31.07.2011

Mohamed Jegham saura-t-il fédérer les destouriens modernistes et former un noyau dur centriste?

Tout est à l’image de son co-fondateur, M. Mohamed Jegham : le parti Al Watan qui a tenu samedi son congrès constitutif s’illustre par des valeurs nettement affichées de modestie, modération, patriotisme, sens de l’Etat et modernité. Capitalisant clairement sur ses gènes destouriens et bourguibiens, il s’inscrit surtout, en parti du centre démocrate, dans les nouvelles ambitions de la citoyenneté, la tolérance et l’ouverture. Son objectif, rassembler les destouriens modernistes, rallier les indépendants démocrates et constituer un grand parti du centre.
 
Devant près de 1500 congressistes, représentant 140 bureaux locaux implantés dans 21 régions, M. Jegham a étayé, dans un discours-programme qu’il a prononcé durant 30 minutes, les positions de son parti : appui au gouvernement pour la réussite de l’échéance du 23 octobre, soutien à l’armée nationale et aux forces de sécurité dans leur mission, instauration d’un régime semi-présidentiel, garantie par l’Etat de la liberté du culte et séparation de la religion de l’Etat, renforcement des droits de la femme, promotion d’une économie de libre marché tout en gardant à l’Etat un rôle de régulateur, révision du système éducatif avec notamment une remise à plat du concept de l’orientation universitaire et soutien à la révolution libyenne « prolongement de celle de la Tunisie ».
 
N’omettant aucun aspect fondamental et se donnant une stature d’homme d’État nourri d’une longue expérience dans l’exercice de hautes charges, M. Jegham a présenté une série de propositions urgentes à mettre en œuvre, pour la réforme du dispositif sécuritaire, la politique sociale, le développement durable et la diplomatie.
 
Sur les dissensions qui ont traversé son parti, il n’a pas voulu livrer de longs détails se contenant de déclarer qu’à l’étranger, Al Watan a affronté des hostilités en France de la part d’un groupe d’activistes qui craignent de le voir prendre de l’ampleur et rallier à ses rangs de grands nombres de Tunisiens. A l’intérieur du parti-même, un groupe de 6 personnes a fait dissidence entrainant au total 21 adhérents. Sans citer le nom de son ancien co-équipier, M. Ahemed Friaa avec qui il avait fondé le parti et obtenu le 4 mars son autorisation, il a regretté que « certains n’aient pu se retenir » devant l’avancée d’Al Watan et essayé de le mettre sous leur coupe, faisant sans doute allusion à Béchir Mhalla et son équipe.» Il voit cependant dans la présence massive des 1500 congressistes, un plébiscite pour la direction actuelle.
 
Jegham insiste que les portes du parti demeurent ouvertes à tous, spécifiant 4 catégories, à savoir les destouriens honorables et dont la probité n’a jamais été mise en cause, les indépendants, les jeunes et les bonnes volontés qui adhèrent à la plateforme d’Al Watan. « Ce qu’il ne dit pas, relève un observateur, c’est si M. Jegham va aller vers ces catégories, cherchant à les rallier à son parti ou s’il attendra leur ralliement. »
 
Dans la modestie des ressources disponibles, avec une scénarisation soft sans fards ni effets tapageurs ni fausses prétentions, Al Watan a réussi son congrès constitutif, se donnant sa véritable dimension d’un parti naissant, cherchant à transcender ses dissensions internes, s’ancrer en parti centriste et moderniste et mériter la confiance des électeurs. « La voie est longue, dira M. Jegham, mais nous y persévérons ! » Le premier grand défi auquel il fait face est sans doute celui de rassembler, avec les autres sensibilités proches, ce grand centre d’inspiration destourienne, enrichi par les nouvelles générations.