News - 11.07.2011

Après avoir écouté Caïd Essebsi à Aix, le Cercle des Economiste presse le G8 de concrétiser ses engagements en faveur de laTunisie

M. Béji Caïd Essebsi, Premier ministre a pris part, le 10 juillet 2011, à la clôture du cercle des économistes d'Aix en Provence (France), en tant qu'invité d'honneur, dans le cadre du panel, intitulé "Nouvelles ambitions, nouvelles régulations". Plus de 140 intervenants de près de 30 nationalités différentes ont participé à 20 tables rondes, organisées dans le cadre de ce cercle, pour débattre de trois grands thèmes à savoir: "le renouveau du débat public-privé, l'Etat peut-il se transformer ?", "Naissance, vie et mutation des Etats" et "le libéralisme et l'Etat-providence".

Ce cercle a rassemblée cette année des politiciens, des chefs d'entreprises et des étudiants. Parmi les invités de ce cercle économique, figurent Mme Valérie Pécresse, ministre du budget, et MM. Jean Claude Trichet, président de la Banque centrale Européenne et Jacques Attali, économiste et écrivain.
 
M. Béji Caïd Essebsi a fait une présentation de la révolution tunisienne, mettant l'accent sur le rôle important dévolu à l'Etat afin de faire réussir cette transition démocratique et de la mener à bon port, sur la base du consensus entre tous les acteurs politiques économiques et la société civile.
 
Au terme de l'intervention de M. Béji Caïd Essebsi, les participants ont ovationné la révolution tunisienne.
 
Les travaux du cercle des économistes ont débouché sur une déclaration finale appelant le G8 à concrétiser une aide économique conséquente, rapide et inconditionnelle à la Tunisie.
 
En marge de cette session, M. Béji Caïd Essebsi a eu des entretiens avec M. Jean Hervé Lorenzi, président du cercle des économistes ainsi qu'avec plusieurs hauts dirigeants d'institutions et grandes entreprises internationales.

"Standing ovation, écrit notre confrère Thierry Noir, du Provençal, qui poursuit: hier, dans l'amphithéâtre Portalis de l'université d'Aix : les participants aux Rencontres économiques, debout, ont longuement applaudi Beji Caïd Essebi. Le Premier ministre tunisien, de retour d'un périple dans les pays du golfe, a décidé presque au dernier moment de faire un détour par Aix.

Étonnant de fraîcheur d'esprit malgré ses 84 ans, Beji Caïd Essebi a dressé une analyse enlevée de la situation qui prévaut dans son pays. Un pays voisin, un pays presque riverain, dont l'évolution politique, économique, culturelle et religieuse nous concerne donc au premier chef.

"Nous avions le choix entre la chienlit, comme disait le général de Gaulle, et la voie vertueuse. Les Tunisiens ont choisi ce chemin" a estimé le chef du gouvernement de Tunis. L'homme ne s'est voulu ni trop optimiste, ni trop alarmiste.

Il n'a pas évoqué la soi-disant montée de l'extrémisme religieux dans son pays, mais il a noté que celui-ci est "presque au bord de la faillite. Notre croissance est proche de zéro et nous avons 700 000 chômeurs". Dont la plupart sont diplômés, ce qui fut d'ailleurs l'une des causes de la Révolution. "Nous avons gagné la bataille de l'intelligence, il nous reste à gagner la bataille de l'emploi" a-t-il ajouté. Plus tard dans la journée, il devait confier que le départ des Ben-Ali/Trabelsi qui avait mis le pays en coupe réglée n'avait pas bousculé structurellement l'économie de la Tunisie : "Ils n'avaient pas d'activité économique, ils avaient des profits, qu'ils prélevaient sur la bête".

"Répondre à l'urgence. Assurer la transition. Préparer l'émergence."

Beji Caïd Essebi a développé le plan du gouvernement de Tunis en trois points: "Répondre à l'urgence. Assurer la transition. Préparer l'émergence". L'urgence, c'est de donner à manger à ceux qui meurent de faim, leur donner du travail. Il veut aussi rééquilibrer les infrastructures dans le pays, développer l'intérieur de la Tunisie, qui était laissé pour compte sous l'ère Ben Ali au profit de la zone côtière et qui s'est le premier dressé contre le dictateur. D'une manière très diplomatique, il a laissé entendre que les sommes promises par le G8 pour soutenir la révolution et éloigner le spectre d'une montée en puissance de l'intégrisme n'avaient pas encore été débloquées?

Il ne partage pas, en revanche, l'optimisme béat contenu dans l'expression utilisée en occident de "printemps arabe". "Il y a un printemps de Tunis, et encore, une hirondelle ne fait pas le printemps" a-t-il dit, "mais la Libye est en guerre, la Syrie est en guerre, et en Égypte c'est l'armée (qui est au pouvoir NDLR)". Donc pour lui, "ce ne sera le printemps que si nous réussissons".

Mais Beji Caïd Essebi en est convaincu: Une nouvelle ère s'ouvre "il y a eu l'ère de la colonisation mais heureusement, colonisé et colonisateurs ont viré leur cuti. Il a eu l'époque des indépendances, celle non pas des États mais des chefs d'États, qui ont exploité leur pays et leur population. S'ouvre maintenant l'ère des peuples, qui doivent avoir droit à la parole." Ça méritait bien une standing ovation."