Opinions - 20.06.2011

Sans unité et sans travail, point de salut

Il n’y a pas mieux que le contact direct, comme le préconisait un grand leader disparu, pour comprendre le présent et projeter le future. La participation ces dernières semaines , tant en Tunisie qu’à l’étranger, aux réunions d’un certain nombre de partis ou d’organisations de tendances très diverses a été pour moi une expérience riche d’émotion, de compréhension et d’interrogations qui m’amène à une réflexion et des propositions sur des points que je considère fondamentaux pour l’avenir de la Tunisie.

Le premier est que le fait même que ces réunions existent, l’ouverture et la liberté des débats qui s’y tiennent est en lui-même un accomplissement majeur. Nul ne pouvait l’espérer ni l’imaginer il ya à peine quatre ou cinq mois ; beaucoup aujourd’hui n’y pensent même plus. Or ces réunions devraient être encore pour leur existence même des moments de fête. Nous devons célébrer et apprécier à sa juste valeur une liberté que nous n’avons jamais eue et que certains, malheureusement trop nombreux ont paye de leur vie. Malgré quelques obstacles, incidents, empêchements inacceptables ici ou là, c’est beau , c’est très beau et ce n’est pas « normal». N’oublions pas trop vite le passé, soyons unis aujourd’hui et vigilants pour le futur, pour que, plus jamais, personne  ne puisse remettre cet acquis en cause.

Maintenant, dans cette effervescence politique, rendons-nous compte que nous vivons un moment exceptionnel, un moment unique qui ne se reproduira peut être plus jamais, et que l’histoire reconnaitra plus tard à sa juste valeur, si et seulement si, nous ne le ratons pas et c’est la mon deuxième point. Nous n’avons pas le droit de rater cette opportunité devant l’histoire, nous n’avons pas le droit de rater cette opportunité pour nos enfants et pour les générations à venir qui nous ne le pardonneraient jamais. Oui, il y a eu dans l’histoire des révolutions qui n’ont abouti à rien, ou pire,  juste à la reprise du pouvoir par d’autres : « haj moussa, moussa el haj ». Nous nous devons de faire franchir à notre pays un pas de plus, un pas irréversible vers la liberté et la modernité des institutions. Nous avons devant nous une opportunité unique pour tout remettre à plat, maintenant que tout est possible et qu’il n’appartient qu’à nous pour construire pour toujours un Etat au service du citoyen et une Tunisie unie qui travaille et qui se bat tous les jours pour plus de progrès pour tous et pour chacun sur le plan humain, culturel, social et économique.

Pour réussir cette vision, relever les défis majeures qui se présentent à nous, deux valeurs clé sont indispensables : l’Unité et le Travail.

L’unité de tous autour d’un objectif commun a toujours été la force la plus formidable qu’un peuple puisse avoir. La révolution tunisienne, en est al plus belle preuve. Menée par le peuple tunisien, sans leader, sans aucun parti, sans aucune organisation constituée, mais dans une union sacrée devant la tragédie d’un des leurs et dans une volonté inflexible de changer le système . Pour entamer les reformes nécessaires, pour définir et se mettre d’accord sur la vision du future, nous devons faire preuve de la même unité, et non nous diviser. C’est de cela qu’il s’agit et non de l’opportunité que certains y voient pour leur ambition personnelle ou de celle des organisations qu’ils représentent. Beaucoup sont de bonne foi, veulent contribuer et ont pour la première fois l’occasion de le faire. Il ne faut pas se faisant, qu’ils divisent au risque d’entrainer des dangers bien plus graves. Dans cette deuxième étape de la révolution, peut être la phase la plus importante et la plus difficile, car il faut comme je l’ai déjà mentionné, surmonter d’énormes difficultés et  définir un objectif commun, l’unité est indispensable plus que jamais. Et l’unité, c’est maintenant.

Une fois unis, pour adresser les problèmes, relever les défis et capturer les opportunités qui s’offrent à nous, nous devons travailler, travailler et travailler. Le travail, une valeur que j’ai apprise de mes parents dès mon plus jeune âge, est le deuxième pilier de cette vision. Nous nous tromperions lourdement si nous pensions que la chute de l’ancien régime était la réponse à tout et qu’elle réglait tout. Elle permet certes, d’avoir pour la première fois depuis très longtemps, les mains libres et de pouvoir se retrousser les manches en sachant que le résultat obtenu sera le fruit de son labeur et da sa persévérance. Mais les taches sont nombreuses et fort complexes tant au niveau du pays que de celui de chaque citoyen. Seuls le sacrifice et le travail continu permettront de récolter un gain mérité et de construire sur la base de fondations saines et solides un développement durable pour tous et pour chacun. Un autre grand leader également disparu a dit : «  ne demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous, demandez ce que vous pouvez faire pour votre pays ».

Douraid Zaghouani