News - 22.05.2011

Le groupe UNI ou l'art de parler de la politique sans en faire

Elles sont douze. Elles sont Tunisiennes. Elles sont universitaires. Douze enseignantes qui, en retrouvant leurs amphis en Février 2011, ont ressenti le besoin et le devoir d’accompagner leurs étudiants pour comprendre les transformations politiques qui ont cours dans notre pays. En outre, la révolution s’invitait en classe quelque soit la matière enseignée et il fallait mettre des mots sur le désarroi de tous ces jeunes, transformés par une révolution qui a pris le monde de cours.

Appartenant à des univers différents (droit, gestion, économie, médecine, etc.), les douze enseignantes n’avaient pas toujours les connaissances suffisantes pour donner les bonnes réponses et expliquer les nouveaux vocables qu’on entend désormais à longueur de journée dans les médias tunisiens : assemblée constituante, régime politique parlementaire, modes de scrutin, parité, etc.

C’est  pourquoi elles décident d’unir leurs efforts pour préparer un document pédagogique qui, se basant sur des notions de sciences politiques et de droit constitutionnel, vulgarise les concepts de base de la politique avec des va et vient entre des conceptions universelles versus contextuelles.  En effet, ce qui fait l’intérêt de ce travail c’est qu’il ne se limite pas à résumer des définitions standard que l’on pourrait retrouver dans des ouvrages de vulgarisation politique mais qu’il fait toujours référence à l’ici et le maintenant. Ainsi, après avoir défini  ce qu’est une circonscription, le document, présenté sous forme de powerpoint, explique avec des schémas les circonscriptions tunisiennes, au nombre de 27, parle du rôle des groupes de pression d’une manière générale et du rôle qu’ils ont joué, et jouent maintenant, dans la transition démocratique en Tunisie.

Coordonné par la juriste du groupe, le document a été revu par d’autres juristes et surtout par Ghazi Gherairi, spécialiste de droit constitutionnel et porte-parole de la haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution. Suite à cette validation qui donne une légitimité au contenu présenté, le groupe s’est déplacé dans les universités pour organiser des conférences de présentation pour les étudiants. Une dizaine d’institutions ont déjà été visitées et une dizaine d’autres sont programmées pour les mois de mai et juin.

Si l’affluence des étudiants n’a pas été très importante lors de ces conférences au vu de la nouveauté de pareilles démarches, la motivation de ceux qui se sont déplacés a été très forte et les questions techniques relatives aux prochaines élections électorales ont retenu l’attention des présents.

Le plus grand défi de ces conférences est de faire de l’éveil politique tout en évitant les débats idéologiques et le parti pris pour une orientation politique, un mode de scrutin ou un type de régime politique particulier, un défi relevé par le groupe des enseignantes qui a réussi, lors de ces différentes prestations, à garder la neutralité et la rigueur nécessaires à ce type d’exercice.

Afin de lui assurer une plus grande diffusion, le support de la conférence a été partagé sur Facebook où il a réalisé un véritable buzz avec plus de 4000 visites durant les premières heures de sa mise en ligne. Il est également en cours de traduction de la langue française à la langue arabe avec comme projet d’en réaliser un ouvrage bilingue.

Les conférencières sont maintenant invitées par des organismes divers comme des associations ou des entreprises et elles présenteront leur travail lors de la deuxième session du forum des associations de l’ATUGE. Un travail qu’elles entreprennent avec beaucoup d’abnégation car elles croient dur comme fer qu’il ne peut y avoir de démocratie sans apprentissage des droits et des devoirs du citoyen et sans connaissance des rouages du jeu politique.

Pour plus de détails, consulter le groupe Facebook http://www.facebook.co/home.php?sk=group_141959502538740&ap=1.

ABH

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