Opinions - 08.05.2011

Tunisie: “United We Stand, Divided We fall”

 Plus de 100 jours nous séparent de la révolution du 14 Janvier mais force est de constater qu’au jour d’aujourd’hui pas mal d’indicateurs sont encore au rouge. L’économie tunisienne devrait croître modérément cette année voire enregistrer une récession, les déficits public et commercial devraient exploser pour atteindre plus de 5% du PIB contrairement à une moyenne de moins de 3% pour la dernière décennie. C’était certes le prix à payer pour chasser l’ancien régime et regarder vers l’avenir avec optimisme. La Banque Mondiale a estimé que la croissance du pays était amoindrie chaque année de 1 à 2% à cause de la corruption. On ne peut que s’en réjouir de ces estimations.

 
Le gouvernement provisoire ne cesse de déployer tous les efforts nécessaires pour mener le pays à bon port et montrer à l’occident qu’un pays, certes petit par sa surface géographique, arrivera à mettre en place la première transition démocratique, pacifique et sans intervention étrangère, du monde arabe. Malheureusement quand on voit le paysage politique du pays, notre optimisme laisse peu à peu place à un pessimisme voire du regret. Comment sommes-nous arrivés là ?  Aujourd’hui nous avons plus de 60 partis politiques autorisés mais très peu de programmes politiques ou de projets clairs pour le pays. Le nombre d’heures de débats politiques diffusés par les télévisions nationales pendant ces 100 derniers jours a probablement dépassé de loin le nombre d’heures de diffusion de feuilletons mexicains depuis l’indépendance de la Tunisie ou le nombre d’heure de fêtes musicales diffusées du temps de l’ancien régime. Où va-t-on? 
 
Avec tous les respects que je dois aux différents intervenants de ces débats politiques, dont je ne connais probablement pas, la majorité, j’aimerai poser une question toute simple : où étiez-vous avant ? Où étions-nous avant ? Quelle légitimité avez-vous pour vous poser en tant que défenseurs de la révolution et pour mettre en doute la légitimité du gouvernement actuel ? J’aimerai aussi dire que nous étions probablement 10 millions de complices directs ou indirects de tout ce qui s’est passé au cours des deux dernières décennies. 
 
Nul n’est parfait mais aujourd’hui, il y a certes un gouvernement transitoire qui devra mener le pays à bon port. Laissons les travailler ! Reprochons-leur le manque de fermeté face aux événements récents ou le manque de transparence dans l’absolu mais laissons les travailler. Nous avons la chance d’avoir des tunisiens qui n’ont pas hésité une seule seconde pour venir servir le pays alors qu’ils étaient confortablement installés à l’étranger et malgré ça nous ne sommes toujours pas content ? 
 
Le gouvernement actuel s’emploi à expédier les affaires courantes, créer des emplois, assurer la sécurité, et malgré ça nous ne sommes toujours pas content ? Avons-nous soif de vengeance ou courons-nous derrière le mirage de récupération des avoirs de l’ex-famille régnante à l’étranger ? Croyons nous que ces quelques millions de dollars ou probablement plus vont résoudre touts nos problèmes ? Il faut certes les récupérer mais l’histoire nous dit que c’est un processus long étant donné que la majorité de ces opérations ont été probablement faites via des montages financiers complexes dont le but ultime est de préserver l’anonymat. D’autres reprochent au gouvernement le fait que les piliers de l’ancien régime n’ont toujours pas été jugés et humiliés. Est-ce que cela ne constitue pas un premier pas vers la mise en place d’un système juridique indépendant et basé sur les règles de droit ? Est-ce qu’à ce point, après avoir attendu plus de vingt ans, nous ne puissions pas attendre encore quelques mois ?
« United we Stand, divided we fall ». Si on veut faire réussir cette révolution, laissons les gens travailler et contribuons chacun à faire revenir la stabilité et l’activité économique du pays. 
 
Un seul message pour les partis politiques existant et ceux qui auront une licence prochainement, unissez vous, formez des coalitions, faites émerger des partis politiques forts qui puissent proposer aux tunisiens des projets de sociétés en ligne avec leurs ambitions. Exigeons un peu plus de fermeté de la part du gouvernement dans la gestion des affaires courantes et notamment la question de sécurité. L’autre solution consiste à laisser les choses continuer ainsi et d’en assumer les conséquences.