Après ses dernières déclarations : Le gouvernement accuse M. Rajhi d'aviver "les sentiments régionalistes"
Les déclarations de Farhat Rajhi, président du Haut comité des droits de l'Homme et des libertés fondamentales, diffusées, mercredi, sur Facebook, au sujet de la période durant laquelle il avait occupé le poste de ministre de l'Intérieur, ont provoqué de fortes réactions, dans les milieux politiques.
Le gouvernement provisoire a qualifié ces propos "de graves de la part d'un ancien haut responsable à un moment sensible où le pays a besoin de la voie de la sagesse et de la pondération".
Le responsable de la communication auprès du gouvernement de transition Moez Sinaoui a fait part, dans une déclaration à l'agence TAP, de l'étonnement du gouvernement des déclarations aussi graves de la part d'un ancien haut responsable et ancien ministre à la tête d'un ministère de souveraineté".
Il a expliqué que la gravité de ces déclarations se situe, en particulier, au niveau de "la propagation de fausses informations, ce qui suscite le doute, porte atteinte à l'ordre public et manipule les sentiments des citoyens".
Il a ajouté que ces déclarations ont été faites par un responsable "tenu à l'obligation de réserve" et sont de nature à alimenter les sentiments régionalistes et porter atteinte au prestige de l'institution militaire qui bénéficie d'un consensus national total.
Il a, en outre, expliqué que ce responsable doit se rendre compte des conséquences de ses déclarations, particulièrement dans cette conjoncture délicate par laquelle passe le pays.
Pour sa part, Farhat Rajhi n'en démord pas. Interrogé par Express fm, l'ancien ministre a affirmé qu'il n'avait rien à ôter à ses déclarations diffusées sur Facebook "qui reflètent tout à fait ma pensée", a-t-il ajouté.
M. Rajhi avait fait des déclarations diffusées sur le réseau social Facebook concernant la période où il était à la tête du ministère de l'Intérieur, ainsi que sur les raisons pour lesquelles il a été mis fin à ses fonctions.
Il a, notamment, évoqué le rôle joué par l'homme d'affaires Kamel Letaief, sur la scène politique. Rajhi l'avait présenté comme l'homme de l'ombre qui tire les ficelles de la vie politique dans le pays.
Le président du Haut comité des droits de l'Homme et des libertés fondamentales a, aussi, évoqué dans cette vidéo les raisons de la promotion du général Rachid Ammar au rang de chef d'état-major des trois armes, promotion qui, selon lui, "vise à le préparer pour prendre le pouvoir en cas de victoire des islamistes aux prochaines élections".
Pour sa part, Kamel Letaief a déclaré à la presse que ces déclarations tombent sous le coup de la loi, de même qu'il a accusé Rajhi de "manquer de formation politique".
On pourrait pérorer à l'infini sur le timing choisi par M. Rajhi et le contenu de ses déclarations. Avait-il tort, avait-il raison de dire ce qu'il a dit ? Les avis sont partagés. Toujours est-il que notre pays se serait bien passé de cette affaire. Sommes-nous conscients des véritables enjeux ?On ne le dira jamais assez : notre économie a besoin d'un climat de sécurité et de quiétude pour se rétablir. Or ce qui s'y passe depuis quatre mois avec ces grèves et ces sit in à répétition et ces tiraillements entre l'exécutif et la Haute Instance n'est pas de nature à y contribuer. Comble de malchance. Alors que les différends ont été aplanis à propos du fameux article 15, voilà qu'une nouvelle affaire éclate nous renvoyant à la case départ. Puisse la voix de la raison l'emporter avant que la rue ne s'en mêle avec les risques de débordement qui s'ensuivraient pour que cette transition démocratique puisse être couronnée comme prévu le 24 juillet par des élections libres et transparentes et déboucher sur une assemblée constituante. Sachons donc faire le départ entre l'essentiel et l'accessoire.