Un emprunt national pourrait être activé
L’impact financier de l’après 14 janvier sur le budget de l’Etat s’élève, fin avril 2011, plus de 4.400 milliard de dinars et exige la mobilisation de financements de qualité à des coûts raisonnables, a indiqué M. Jalloul Ayed, ministre des Finances. « Pour éviter de subir la dégradation de la notation souveraine en sortant sur le marché financier international, le gouvernement s’emploie à trouver des sources internes et externes convenables et n’exclut pas le recours à un emprunt national, si nécessaire, a-t-il ajouté. »
Le ministre des Finance, s’exprimant lors du Mardi de l’ATUGE, dans sa première session depuis la révolution, a indiqué par ailleurs que des facilités de décaissements rapides ont été obtenues auprès des partenaires habituels de la Tunisie, à des conditions avantageuses. C’est ainsi que la BAD et la Banque mondiale ont mis à disposition chacune 500 millions de dollars et l’AFD la somme de 185 millions d’euros. Interrogé sur le rééchelonnement de la dette, voire sa dénonciation, M. Ayed a déclaré qu’il faudrait « mettre terme à cette question tant elle porte préjudice à la qualité de la signature tunisienne et plombe ses prochaines demandes de refinancement au moment où elle en aura grand besoin pour accélérer sa reprise économique.» Le taux actuel d’endettement (40% du PIB) demeure dans des proportions acceptables et de loin inférieur à celui même de grands pays tels que la France et l’orthodoxie de gestion de la Tunisie en la matière a fait sa preuve. « Il convient, cependant, a jouté le ministre, d’opérer un changement total dans l’approche budgétaire, pour favoriser un effet levier de chaque dinar investi et lui appliquer également un effet multiplicateur.»
Interrogé sur le projet de fusion entre la BH, la BNA et la STB, le ministre des Finances a indiqué qu’il n’est plus à l’ordre des priorités. Pour ce qui est de la réforme du système bancaire, il a affirmé que c’est une grande nécessité, passant par une recapitalisation et une restructuration, en étant cette grave dichotomie actuelle entre banques privées et banques publiques, et se rapprocher autant que possible de la normalité du marché et moderniser l’ensemble du secteur.
Par ailleurs, le gouvernement planche actuellement sur un projet de décret-loi sur la gouvernance, qui sera érigée en axe central et fondée sur la transparence et la responsabilité (accountability). « L’analyse de la situation de déliquescence du pays avant la révolution montre un manque flagrant des règles de bonnes gouvernance, a souligné M. Ayed, et souligne l’importance de leurs urgente mise en place. Non-élus, n’ayant pas de compte à rendre et n’obéissant à aucune règle de procédure appropriée, les acteurs de l’ancien régime, notamment dans les régions, ont conduit le pays dans une situation désastreuse à la quelle il urge de mettre fin. Aussi, la révolution ayant été cybernétique, incite aujourd’hui au recours à ces nouvelles technologies, en vue d’asseoir la bonne gouvernance et rien n’empêche de généraliser la connectivité informatique sur l’ensemble du pays, permettre à tout un chacun d’accéder à l’information et surtout de faire entendre sa voix, poser ses questions et obtenir les réponses qu’il attend, à travers un système performant de CRM».