News - 02.05.2011

La présidente de la Confédération Suisse présente à Tunis la stratégie de soutien au « Printemps Arabe »

«Le message que je souhaite vous transmettre aujourd’hui à Tunis, est celui-ci : nous sommes avec vous, au cœur de ce « printemps arabe », pour être au rendez-vous de l’histoire, de cette histoire qui voudrait que d’une rive à l’autre de la Méditerranée émerge enfin un espace de paix, de stabilité et d’échange. » En choisissant la Tunisie pour abriter les travaux de la Conférence régionale des Ambassadeurs et des Chefs de bureau de coordination de la Suisse, la présidente de la Confédération Suisse, Mme Micheline Calmy-Rey, ne pouvait mieux exprimer cet engagement.

Evoquant la restitution à la Tunisie des avoirs du clan Ben Ali en Suisse, elle a indiqué qu’une première mission d’évaluation d’experts suisses en matière d’entraide judiciaire a été dépêchée en Tunisie  en vue d’expliquer les informations dont la Suisse a besoin pour traiter ces demandes. (…) Les contacts ont été noués entre les instances compétentes. A partir de là, la Suisse sera en mesure de répondre aux demandes d’entraide judiciaire. Nous espérons que cela se fera rapidement.

La présidente de la Confédération Suisse a souligné la nécessité de  « réviser les préjugés que nous avions sur le monde arabe », en évoquant en premier lieu « celui de la menace islamiste ». Depuis longtemps, a-t-elle indiqué, la région est analysée au prisme de cette menace que font peser sur la stabilité des régimes les mouvements islamistes, considérés dans leur entier comme des ennemis de l’Occident. De peur de les voir prendre le pouvoir, certaines démocraties se sont alliées aux régimes policiers et autoritaires de la région, en cherchant davantage à promouvoir la stabilité et la sécurité que le respect des droits humains et l’instauration de régimes démocratiques. Or, contre toute attente, et loin d’avoir été portées par des organisations islamistes, les manifestations de rue à Tunis et au Caire ont été l’œuvre d’une société civile protéiforme, dynamique et courageuse, qui a pris le risque de défier des autorités répressives, afin de réclamer, non pas un Etat islamique, mais un système démocratique. Cela nous amène à reconsidérer nos perceptions des sociétés dans la région, celle en particulier selon laquelle il n’y aurait dans le monde arabe d’autre contestation qu’islamiste.


Présentant les grandes lignes de la stratégie future suisse en Afrique du Nord, Mme Micheline Calmy-Rey a mentionné 7 grandes lignes d’action, à savoir :

1.  Aide humanitaire en faveur des personnes déplacées les plus vulnérables.

2.
Soutien au processus de transition politique, et notamment aux processus électoraux : en Egypte et en Tunisie, la priorité est à la conduite par les autorités de transition de processus électoraux libres et équitables. La Suisse est prête à fournir une assistance technique pour la préparation des élections ainsi qu’à envoyer des observateurs pour l’ensemble des processus électoraux ; elle va également s’engager auprès des sociétés civiles afin de renforcer leur rôle.

3.
Appui aux réformes structurelles permettant de consolider l’Etat de droit et le respect des droits humains et des libertés fondamentales : dès que les autorités élues auront été mises en place, la Suisse, en partenariat avec les pays concernés, va s’atteler à promouvoir les réformes institutionnelles visant à consolider la démocratie, le respect des droits humains et des libertés fondamentales, ainsi que de l’état de droit. Nos priorités, pour autant que notre expertise soit souhaitée, s’orienteront sur la réforme du secteur de la sécurité, notamment dans les domaines des médias, dans la formation des forces de sécurité et la formulation de politiques de sécurité, en collaboration avec le Centre de Genève pour le contrôle démocratique des forces armées (DCAF) et le Centre de politique de sécurité de Genève (GCSP), ainsi que sur la réforme du système judiciaire et le combat contre l’impunité, éléments essentiels de la lutte contre les inégalités et la pauvreté, mais aussi d’une croissance économique durable.

4.
Aide au développement économique, notamment dans le secteur privé et financier : la croissance économique représente tant pour la Tunisie que pour l’ensemble de la région, un défi majeur. Dans ce contexte, la Suisse entend intensifier ses activités dans les domaines de l’assistance technique et de la promotion commerciale, notamment en renforçant le volet opérationnel des entreprises. Cette politique devrait permettre de renforcer la qualité des exportations et par là, la création d’emplois. La Suisse est également prête à analyser les besoins additionnels immédiats, émanant de la situation actuelle qui est encore fragile pour l’ensemble des pays sud et est de la Méditerranée. La révolution tunisienne représente à cet égard une chance réelle de donner une nouvelle dynamique aux relations économiques entre la Suisse et la Tunisie.

5.
Lutte contre la pauvreté : la Suisse s’engage en faveur des personnes sans emploi ou en situation de sous-emploi, en favorisant leur accès au marché du travail et à des revenus stables. Pour cela, elle concentre son action sur le développement du secteur privé et du secteur financier, notamment sur les petites et moyennes entreprises, ainsi que sur le soutien à des filières avec un fort potentiel de création d’emplois (en particulier dans le domaine agricole).

6. Gouvernance des migrations internationales: La Suisse est consciente des difficultés auxquelles la Tunisie et l’Egypte sont confrontées en raison de l’afflux massif de personnes fuyant la crise libyenne. Nous saluons l’ouverture et l’engagement des autorités tunisiennes et égyptiennes ainsi que le soutien remarquable apporté par la population des deux pays aux réfugiés en provenance de Libye.

La Suisse a immédiatement offert son soutien en matière d’aide humanitaire aux frontières tunisienne et égyptienne. Elle contribue également financièrement au retour volontaire des migrants en provenance de l’Afrique subsaharienne. Elle met surtout l’accent sur les minorités en difficulté.

Le cadre de Schengen/Dublin offre en outre la possibilité à la Suisse d’un contact régulier à haut niveau et d’une coordination de ses actions avec ses partenaires européens, ainsi que d’un engagement commun pour la gestion des flux migratoires.

7.  coopération en matière de gel des avoirs : après avoir gelé rapidement des fonds, la Suisse  a maintenant un intérêt à ce que les ayant droit légaux soient rapidement identifiés dans le cadre de procédures conformes aux exigences de l’état de droit et à ce que les avoirs acquis illégalement puissent être restitués. La Suisse est prête à apporter son soutien aux Etats concernés. Une première mission d’évaluation d’experts suisses en matière d’entraide judiciaire a été dépêchée en Tunisie ; celle-ci avait pour objectif d’expliquer aux autorités tunisiennes les informations dont la Suisse a besoin pour traiter ces demandes. Une offre d’assistance similaire est sur le point d’être conclue avec l’Egypte. Il appartient maintenant aux autorités tunisiennes et égyptiennes de mener les procédures légales nécessaires. Les contacts ont été noués entre les instances compétentes. A partir de là, la Suisse sera en mesure de répondre aux demandes d’entraide judiciaire. Nous espérons que cela se fera rapidement.

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