News - 28.03.2011

Tourisme : les leviers de reprise rapide, selon Mehdi Houas

Pas moins de 600 000 touristes ont fait défaut à la Tunisie, rien qu’au cours des deux premiers mois de cette année, par rapport à la même période de l’année précédente. Au 20 mars, les nuitées globales ont chuté de 60% et les entrées européennes ont régressé de 54%. Sur la zone Tozeur-Kebili, les nuitées sont à moins 77%. Quant aux réservations sur le reste de la saison, celles effectuées par les early-birds qui se prennent longtemps à l’avance, elles sont à moins 60 à 70%. Ce ne sont certes que des réservations, non-confirmées, perdues, mais assez indicatives et ne laissant de réels espoirs que sur le last-minute, étendu ou raccourci. Cette conjoncture particulièrement difficile impose une décision rapide quant au transport aérien à prévoir. En effet, avec tout ce potentiel bien aléatoire, il ne faut pas, si la situation se débloque et que les flux des réservations fermes se confirment,  que la Tunisie se retrouve dépourvue de vols aériens pouvant assurer les transports. D’où une véritable quadrature du cercle : faut-il d’ores et déjà engager des vols pour lesquels on n’est pas sûr de trouver des passagers.
 
Le tourisme tunisien, il est vrai, subit une double-peine : celle des évènements survenus lors des premières semaines de la révolution, et maintenant de la situation en Libye, avec les flux massifs des réfugiés d’un côté et le ralentissement très significatif des entrées de ressortissants libyens. Aussi, la couverture médiatique des évènements en Libye pénalise t-elle l’image de la Tunisie voisine auprès des candidats aux vacances dans notre pays.
 
Ce tableau, réaliste, ne désarme pas pour autant les autorités du tourisme. « Nous cherchons sans cesse à identifier les leviers d’action rapides pour relancer la saison, souligne Mehdi Houas, ministre du Commerce et du Tourisme. Le budget de communication est multiplié par 4 pour être porté à 60 MD, avec la possibilité de le doubler s’il démontre son efficacité et nécessite son renforcement. Les éductours ciblés sont intensifiés et tous les créneaux explorés, ajoute-t-il. » Touristes algériens, pèlerinage à la Ghriba, vacances solidaires, tourisme intérieur et tourisme culturel : le ministre se déploie tous azimuts :
 
Touristes algériens : « Plus que jamais ils sont les bienvenus. Nous ferons pour eux encore plus et encore mieux cette année. D’ailleurs, nous engageons pour la première fois en Algérie une campagne TV, en plus de l’affichage, de la radio et de la presse. Je me propose aussi de me rendre à Alger, rencontrer mon homologue et les professionnels et la Tunisie aura une forte présence à la Foire d’Alger. » Déjà, un groupe de journalistes algériens était, tout récemment, en visite en Tunisie et avait été longuement reçu par M. Slim Chaker, Secrétaire d’Etat au Tourisme.
 
Pèlerinage de la Ghriba : «Ce sont des citoyenst tunisiens qui vivent leur foi, comme ceux des autres confessions, et ont le droit d’accomplir leurs rites et nous devons leur assurer les meilleures conditions possibles. Maintenant que la Tunisie est libre, qu’ils y soient les bienvenus. Il n’y a donc pas de raison que ce premier pèlerinage de la nouvelle Tunisie ne se passe pas bien : pas de débat à ce sujet. La question ne se pose pas.» 
 
Liens d’affection : «Oui, tous les anciens expatriés qui avaient servi en Tunisie et, plus généralement, tous les amis de la Tunisie sont attendus cette année, pour nous rendre visite en signe d’amitié fidèle et de soutien, dans un acte de solidarité. C’est ce qui s’était passé dans nombre de pays et c’est ce que nous appelons de tous nos vœux. »
 
Tourisme intérieur : «Le Français voyage en France, l’Italien en Italie et l’Espagnol en Espagne, alors que peu de Tunisiens connaissent bien leur pays et y passent leurs vacances au lieu d’aller à l’étranger. Si le ratio du tourisme intérieur représente dans ces pays entre 20 et 30%, il n’est en Tunisie qu’entre de 7 à 10%. Nous devons donc y travailler en trouvant les incitations nécessaires.»
 
Tourisme culturel : «Entre le tourisme et la culture, il ne s’agit pas d’un mariage de raison qui tienne compte des intérêts réciproques, mais d’un mariage d’amour. C’est également le cas pour l’artisanat. La Tunisie est riche d’un patrimoine exceptionnel où le visiteur, d’où qu’il vienne, retrouve une partie de ses racines. C’est ce que nous devons mettre en valeur et partager. »