News - 04.03.2011

Caïd Essebsi : le rétablissement de l'autorité de l'Etat, priorité du gouvernement provisoire

Première intervention publique aujourd'hui du nouveau chef du Gouvernement, M. Béji Caïd Essebsi. On s'attendait à l'annonce de la formation du nouveau cabinet. Ce sera au début de la semaine prochaine. Mais les journalistes n'ont pas été pour autant déçus. Ils ont eu droit à un discours improvisé d'une  quarantaine  de minutes  prononcé par un homme rompu aux joutes oratoires, tourné vers l'avenir, même si les réminiscences relatives,  il va de soi,  à la période bourguibienne n'ont pas manqué. Un style  auquel les jeunes ne sont pas habitués mais que les plus de quarante ans ont suivi avec une certaine nostalgie.

Le Premier ministre a parlé de la sécurité, de l'autorité de l'Etat qu'il faut rétablir en premier lieu, "ces questions figureront à l'ordre du jour de la première réunion du gouvernement parce qu'elles constituent les préalables au retour de la confiance". Il a évoqué la situation économique critique (nous sommes au bord du gouffre) :  "pour résorber le chômage, il faut que le pays réalise un taux de croissance de 8 à 9% alors qu'on est actuellement proche de zéro", pour, ensuite, appeler les Tunisiens à "un sursaut salvateur". "Je n'ai pas le droit de reprocher  certains débordements à un peuple  qui a enduré les injustices, les souffrances, l'arbitraire et le pillage pendant plus de 20 ans, l'attitude de ceux de la Kasbah et de la Coupole, mais Il y a  un temps pour la contestation et un temps pour le travail et la reconstruction du pays", mettant en garde contre les risques de récession et d'aggravation du chômage.

Après avoir relevé que la Tunisie est parvenue, depuis son accession à l'indépendance, à accomplir de nombreux acquis, s'agissant notamment, de l'émancipation de la femme et de la généralisation de l'enseignement, le Premier ministre a souligné que le défi majeur lancé au Gouvernement provisoire est de créer des postes d'emploi au profit des diplômés de l'enseignement supérieur que l'économie nationale est en mal de les résorber.

Les prochaines élections seront libres et transparentes

Il a affirmé que le gouvernement  est provisoire et que sa mission ainsi que celle du Président de la République par intérim prendront fin  avec le démarrage de l'Assemblée Nationale constituante après les élections du 24 juillet. Il a ajouté que ni le Président par intérim, ni le Premier ministre ne se représenteront à la prochaine élection présidentielle, précisant que les ministres désireux de le faire doivent se retirer de l'actuel Gouvernement. "Nous veillerons à ce que cette élection se fasse pour la première fois dans l'histoire de la Tunisie en toute crédibilité et transparence, ce qui constitue un pas important vers la démocratie", a-t-il ajouté.

 La suspension de la Constitution donnera lieu à la dissolution de toutes les institutions qui en relèvent, et ce jusqu'à l'élection d'une assemblée constituante qui répond aux revendications du peuple. Le Président de la République par intérim et le Gouvernement provisoire se retireront alors, "après que le peuple ait retrouvé sa confiance en lui, en les institutions de l'Etat et en l'avenir du pays", a-t-il encore précisé.

M. Caïd Essebsi a affirmé que toute personne rendue coupable sous l'ancien régime sera jugée, à commencer par le chef de l'Etat, dont le crime relève de la haute trahison : "Fuir le pays en le laissant dans un tel état d'insécurité est une désertion", ainsi que tous les dignitaires du régime déchu. Il s'est déclaré favorable à "une rupture totale et irréversible avec le régime précédent" en mettant en place les réformes susceptibles de prévenir toute tentation totalitaire à l'avenir, toute en appelant les Tunisiens à faire preuve de "patience", même s'il "comprend leur hâte et leur inquiétude".
"En attendant, je demande q'on nous laisse travailler et qu'on nous accorde le préjugé favorable", a-t-il conclu.