News - 01.03.2011

Ce qui manque à nos débats télévisés

 Les débats politiques font  florès actuellement sur nos chaînes de télévision et nos  stations radio. Diffusés depuis un mois et demain, quotidiennement en access prime time, en prime time et même en fin de soirée puis…rediffusés le lendemain, ils constituent déormais l’essentiel de la programmation attirant un large public, bien qu’on commence à s’en lasser un peu à force de voir les mêmes têtes.

Pour faire un bon débat, il faut trois conditions: un bon sujet, de bons invités et un bon animateur. Les bons sujets ne manquent pas dans une Tunisie en pleine ébullition. Les invités doivent, et cela tombe sous le sens, maîtriser leur sujet et ne pas partager les mêmes idées. Car un débat doit être contradictoire pour attirer le maximum d’audience et permettre au public de se faire une idée aussi complète que possible des sujets traités. Enfin, l’animateur est le personnage central de ce genre d’émissions. La réussite de ce genre d’émissions  dépend  largement de lui.  Pour y parvenir il doit réunir un certain nombre de qualités :  un solide back ground, le bagout, beaucoup de personnalité pour rappeler à l’ordre les invités indisciplinés et le souci constant de se mettre au dessus de la mêlée, ne laissant jamais deviner ses opinions politiques

Quid de nos débats ? Les vieux routiers ayant été mis au rancart pour de multiples raisons,  les jeunes qui les ont remplacés au pied levé manquent d’expérience, ce qui est tout à fait normal, de culture générale, ce qui l’est moins, mais surtout de cette qualité essentielle chez l’animateur de débat, la neutralité. Car il n’est pas rare de voir certains de ces animateurs  prendre parti, là où il faut garder une certaine distanciation par rapport aux invités et aux sujets traités,  perdant ainsi toute légitimité à réguler le débat. D’où cette cacophonie à laquelle on assiste souvent dans nos émissions où on débite les pires inepties, n'hésitant  à faire dans la diffamation faute d'un modérateur capable d'arrondir les angles, d'aiguiller les invités vers les sujets qui intéressent le public, d'être équitable envers tous les invités, leur accordant notamment le même temps de parole, et d'éviter les dérives comme celles auxquelles on a assisté vendredi dernier sur la chaîne nationale. 

Ce qui manque à ces jeunes, c’est un encadrement adéquat. Car on ne s’improvise pas animateur, on le devient à force de lire, d’écrire et de regarder. C’est la consécration de toute une carrière. En attendant, pourquoi pas ne pas faire appel à quelques anciens pour les épauler. Car, les Tunisiens qui regardent nos chaînes et écoutent nos stations radio, bien que sevrés de ce genre d'émissions pendant 23 ans ont pris l'habitude de regarder les débats sur les chaînes étrangères et ne se privent pas de faire des comparaisons avec ce qui se fait chez nous. Inutile de dire que la comparaison n'est pas toujours à l'avantage de nos émissions.

Hédi Behi