News - 24.02.2011

BIAT : les assurances et les convictions de Slaheddine Laadjimi

Faible exposition des engagements à des groupes et entreprises du clan Ben Ali (2.2 MD déjà, provisionnés), renforcement des fondamentaux augurant de résultats encore meilleurs que ceux de l’exercice 2009, financement à moindre en coût en renonçant à une bonne partie des placements à terme au profit des dépôts à vue et plus grande attention aux petites entreprises et aux régions prioritaires, la BIAT aborde l’année 2011 avec moins de risques et plus d’atouts.

"Le management est-il gêné par l’actionnaire de référence ? Comme s’était faite la cession des actions de la Stafim Peugeot ? La taxation d’office de 28.7 MD était-ce une cabale contre le groupe Mabrouk ?" Autant de questions chaudes qui ont trouvé réponse sereine. Passant en revue les réalisations de l’année écoulée, les engagements de la banque et les perspectives d’avenir, son directeur général, M. Slaheddine Laadjimi s'est voulu rassurant, chiffres à l’appui, et le ton, sincère. Pour lui, de nouvelles perspectives s’offrent à la faveur de cette grande mutation amorcée par la Tunisie. La BIAT y est bien prête.
 

Rassurant sur plus d’un sujet, il a d’abord rappelé que le total des engagements de la BIAT aux 10 groupes avec 26 sociétés contrôlées par les familles liées à l’ancien président, totalisent 360MD et représentent 6.5% du total engagements, taux qui se réduit à 5%, hors engagements par signature. Sur ces montants, 14.2 MD sont déjà classés et totalement provisionnés, les engagements additionnels à classer totalisent 5.9 MD et sont provisionnés à hauteur de 2.2 MD

Pour ce qui est des clients de la banque opérant en Libye et en Algérie, aucun risque n’a été pris. De même les règles de concentration des crédits par client sont bien respectées. "Le management de la BIAT se sent-il quelque part gêné par l’actionnaire de référence ?" La question d’un journaliste, faisant allusion au groupe Mabrouk a reçu une réponse très nette : «En aucun cas, et d’aucune manière. Nous sommes fiers de nos actionnaires! C’est un groupe sérieux qui a toujours fait preuve de dynamisme qui nos donne grand plaisir à l’avoir comme actionnaire de référence. Il fait bénéficier la banque de sa vision et de son implication.» M. Slaheddine Laadjimi le rappellera : «La BIAT est une banque assez spécifique de par son esprit de corps, sa forte culture d’entreprise et son esprit d’appartenance. Elle est enviée, mais forte des liens solides qui unissent l’ensemble de son personnel. Je ne m’attends pas, à ce qu’un jour quelqu’un puisse venir me dire à moi ou à l’un des mes collègues : dégage!»

Le redressement fiscal au sujet des réinvestissements exonérés, pour les années 2004-2008, d’un montant de 28.7 MD en taxation d’office, signalé par M. Laadjimi, faisait-il partie de règlements de compte contre le groupe Mabrouk et la BIAT compte-t-elle en saisir la nouvelle commission présidée par M. Abdelfettah Amor? Réponse sage : « Ce que vous évoquez ne relève que de présomptions qui peuvent être avérées comme elles peuvent se révéler fausses. Nous avons fait opposition et c’est à la justice de se prononcer, en toute sérénité. Nous lui faisons confiance. Ce qu’il faut noter, c’est que cette taxation d’office repose sur de nouvelles mesures édictées en 2010, alors qu’il s’agit d’exercices précédents, comme si on voulait appliquer une rétroactivité qui ne peut nous concerner.»

STAFIM PEUGEOT: Autre question chaude: "pourquoi la BIAT s’était-elle engagée il y a quelques années à entrer au capital de la Stafim Peugeot, pour revendre cet été sa participation et à ce prix? Avait-elle subi des pressions et de la part de qui ?" Nullement gêné par ce genre de question, comme il le rappellera, M. Laadjimi, dira qu’effectivement la BIAT a été contactée pour céder les 18% qu’elle détenait de longue date au capital de cette société, cliente historique. Evidemment, quand on dit "on nous a demandé", il faut comprendre que c’était un ordre poli, et il provenait du Palais. Nous n’avons pas accepté le premier prix proposé et avons pu faire admettre le nôtre qui représente 15 fois plus la valeur de l’action (876 D l’action). Indépendamment de son contexte, à ce taux là, c’est l’une des meilleures cessions enregistrée, à ma connaissance.» On lui demande alors: «seriez-vous prêts aujourd’hui à racheter vos actions?»Réponse : « Franchement, je ne peux pas vous répondre immédiatement. Il faut l’étudier et je ne crois pas que cela s’intègre dans notre cœur de métier. Mais, on verra ! »

Le Directeur général de la BIAT n’oublie pas de souligner nombre d’indicateurs de bonne croissance de la banque et la confirmation de ses choix : progression des dépôts de 5.5%  à 5 601.5 MD avec maîtrise volontaire des dépôts à termes (-10.3%),  et des crédits passant à 5 287.3 MD (+11.6%), réduction des créances douteuses et litigieuses à 432.5 MD en baisse de 13 MD par rapport à 2009 (de 9.4 à 8.2%) et amélioration du taux de couverture porté de 70.3% en 2009 à 71.3% en 2010. Le PNB a enregistré une croissance de 18.2% et le coefficient d’exploitation a été ramené de 60.4% en 2009 à 52.7% en 2010.