Eva Joly : "Une nouvelle page des relations tuniso-européennes est en train de s'ouvrir"
L'Union européenne a "clairement manqué de clairvoyance" sur la situation prévalant en Tunisie avant le 14 janvier, date de la fuite du président déchu Ben Ali, a déclaré, à l'Agence Tunis Afrique Presse (TAP), Mme Eva Joly, députée du groupe Europe Ecologie au parlement européen.
"Maintenant, une nouvelle page dans les relations tuniso-européennes est en train de s'ouvrir", a-t-elle estimé. Elle inscrit dans ce cadre le prochain vote au parlement européen, d'une "résolution de soutien à la Tunisie et au peuple tunisien", soulignant sur ce point le rôle du groupe Europe Ecologie.
Venue, mercredi, en Tunisie pour rencontrer des représentants de la société civile tunisienne et des familles des victimes de la répression de l'ancien régime, Mme Eva Joly a affirmé qu'elle a pu mener une série de rencontres "importantes", qui lui ont permis de mesurer "le soulagement" de la population, et son "bonheur" d'accéder à cette liberté inédite. "Les Tunisiens sont décidés à préserver leurs nouveaux acquis", a-t-elle, également, constaté.
Mme Eva Joly a estimé que la commission d'établissement des faits sur les affaires de malversation et de corruption constitue "un premier pas, utile le temps de restaurateur le système judiciaire''. Elle a affirmé qu' "il est important que la justice ordinaire fonctionne à nouveau, et que son indépendance soit garantie".
L'inamovibilité des juges et l'indépendance du Conseil supérieur de la magistrature sont les deux mesures à mettre en place de façon prioritaire pour garantir l'indépendance du pouvoir judiciaire, a-t-elle poursuivi.
"Les magistrats tunisiens sauront, j'en suis convaincue, relever ce défi", a-t-elle dit.
"Aucun appareil judiciaire ordinaire ne pourra traiter toutes les affaires" a prévenu M. Eva Joly. Une commission de type "Justice et vérité" peut dès lors, a poursuivi la députée européenne, être "très utile pour établir les faits, entendre les parties, et susciter le pardon".