News - 12.12.2025

De Villepin aux Journées de l’Entreprise: éviter les impasses, devenir un carrefour euro-africain (Album photos)

De Villepin aux Journées de l’Entreprise: éviter les impasses, devenir un carrefour euro-africain

«La Tunisie a de nombreux atouts pour devenir une cheville ouvrière de la relation entre l’Europe, le Maghreb et l’Afrique. Il s’agit de tirer parti de toutes les stratégies qui marchent dans le nouvel ordre mondial.» C’est ce qu’a affirmé l’ancien Premier ministre français Dominique de Villepin, lors de l’ouverture vendredi matin à Sousse des journées de l’Entreprises organisées par l’IACE les 11,12 et 13 décembre 2025. Il a estimé qu’elle doit tirer partie de trois paris à d’avoir celui du comptoir, de l’amarrage à sa zone en tête de pont entre les deux rives de la Méditerranée, et de l’innovation. «Le pays a une carte à jouer comme pionnier des services financiers innovants» a-t-il ajouté.

Extraits

«Il y a tout d’abord le pari du comptoir. La Tunisie, avec sa longue histoire phénicienne et son économie arrimée au bassin méditerranéen connait intimement cette stratégie, fondée sur la médiation, l’agilité et l’attractivité. Il s’agit de devenir le lieu de rencontre et d’interaction dans les domaines du commerce, de la culture et de la finance en favorisant l’ouverture internationale de l’économie.

Le secteur financier sera décisif pour ce pari. La Banque Centrale de Tunisie a d’ailleurs récemment renforcé la réglementation prudentielle avec trois nouvelles circulaires en 2025 pour améliorer la résilience du secteur.

Le pays a une carte à jouer également comme pionnier de services financiers innovants. C’est dans cet esprit que la banque centrale s’est lancée dans une logique de «bac à sable» réglementaire pour élargir progressivement les acquis de la réglementation pour les solutions de paiements innovantes.

L’ouverture du secteur bancaire et l’attractivité pour les acteurs régionaux pourrait faire passer la place financière de Tunis à la vitesse supérieure.

- Il y a ensuite le pari de l’amarrage qui consiste à devenir encore davantage que la Tunisie ne l’est déjà la tête de pont entre les deux rives de la Méditerranée.

D’ores et déjà 70% des exportations tunisiennes vont vers l’Union européenne et 43% des importations en viennent, et d’abord de France, d’Allemagne et d’Italie. Les chaînes de valeur se sont fortement intégrées entre Tunisie et UE depuis la fin des années 90.

Désormais le temps des crises, on peut l’espérer est révolu. De la crise des subprimes de 2008 au Covid de 2020, la croissance tunisienne a souffert perdant en moyenne trois points par an par rapport à ce qu’elle était au début du siècle.

La stabilisation économique et sociale doit permettre d’enclencher un cercle vertueux pour attirer les entreprises notamment européennes et accroître l’industrialisation du pays. Il faut enclencher la remontée de la productivité et de l’investissement.

- Il y a ensuite le pari de l’innovation en misant sur l’un des principaux atouts de la Tunisie, la qualité de son éducation tertiaire et le niveau d’éducation et de formation de sa jeunesse. Il s’agit aussi de se saisir de toutes les possibilités qu’offrent les nouvelles technologies pour articuler la confiance au service des transactions internationales, notamment dans le cadre de la blockchain.

L’exemple extraordinaire d’InstaDeep montre ce qu’il est possible d’accomplir ensemble. Cette startup d’IA décisionnelle pionnière fondée à Tunis en 2014 par des entrepreneurs avec des attaches en Tunisie et en France a été rachetée par un autre exemple de succès extraordinaire, BioNTech en 2023 pour un demi-milliard de dollars.

La Tunisie est d’ores et déjà un hub régional qui ne demande qu’à croître, qui consacre plus de deux fois plus de ressources en moyennes à l’innovation que ses voisins du Maghreb. Elle compte près de 1,500 startup et 17 scaleups particulièrement prometteuses. C’est également un écosystème attractif dans le domaine du logiciel et des services informatiques à distance.

L’enjeu central reste celui du passage à l’échelle et de l’internationalisation des capitaux. C’est là que l’Union européenne de l’épargne et de l’investissement est un enjeu clé pour la Tunisie autant que pour la France. »

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