News - 01.10.2025

La Tunisie déplore l’incapacité du conseil de sécurité face au génocide palestinien et appelle à une réforme profonde du système multilatéral et financier

La Tunisie déplore l’incapacité du conseil de sécurité face au génocide palestinien et appelle à une réforme profonde du système multilatéral et financier

Tout en réaffirmant son attachement au multilatéralisme et à la responsabilité partagée face aux mutations rapides et aux multiples défis, la Tunisie a fait part de son « sentiment de déception et de frustration » face à l’incapacité du Conseil de Sécurité à mettre fin à la terrible tragédie humanitaire, au génocide et à la famine que subit le peuple palestinien résistant, face à l’entêtement de l’entité occupante à poursuivre ses exactions en toute impunité, au vu et au su du monde entier, sans aucune reddition de comptes. » Prononçant la Déclaration de la République Tunisienne, lors de la séance de débat général du Segment de Haut niveau de la 80e Session de l’Assemblée Générale des Nations Unies, à New York, le samedi 27 septembre 2025, le ministre des Affaires étrangères, de la Migration et des Tunisiens à l’étranger, Mohamed Ali Nafti, a lancé « un appel urgent à la communauté internationale pour qu’elle assume immédiatement ses responsabilités afin de lever le siège de la Bande de Gaza et de l’ensemble des territoires palestiniens, de mettre fin à la famine, d’assurer la livraison effective de l’aide et la protection de ceux qui la demandent. »

« Il est aujourd’hui évident, a-t-il souligné, sans l’ombre d’un doute, que les crimes de l’occupation visent à éliminer la cause palestinienne et à priver le peuple palestinien de son droit à la résistance et à la préservation intégrale de sa terre. A cet égard, la Tunisie condamne fermement l’annonce de l’entité occupante de son intention de réoccuper totalement la Bande de Gaza et de forcer le peuple palestinien à abandonner sa terre ».

« Comment, a-t-il ajouté, pouvons-nous consacrer la souveraineté du droit et la suprématie de la Charte des Nations Unies et de ses principes fondamentaux, alors que l’État de Palestine n’a pas encore obtenu sa pleine adhésion, malgré le fait que les résolutions internationales ont reconnu, depuis des décennies, son droit à l’indépendance, à la pleine souveraineté et à l’autodétermination sans ingérence extérieure ? Pendant ce temps, l’entité occupante conserve son statut de membre de l'Organisation des Nations Unies, malgré ses violations systématiques et continues des normes impératives du droit international, et en dépit de son empiètement sur les travaux des Nations Unies, de ses agences et de leurs privilèges sur les territoires palestiniens occupés. »

Commentant les récentes proclamations de reconnaissances de l’Etat palestinien, le ministre Nafti a déclaré : « Mon pays apprécie la vague de reconnaissance internationale de l’État de Palestine, qui compte aujourd’hui plus de 150 pays, en espérant que cette dynamique contribuera à soutenir son accession à la pleine adhésion sans retard ni hésitation. Il rappelle que la Palestine est un État en vertu du droit international, et que la reconnaissance des États ne crée pas ce droit mais le révèle et le soutient. La vérité est claire et le droit est évident.

Ce droit a été confirmé par la Cour Internationale de Justice dans son avis consultatif du 19 juillet 2024, qui a déclaré que l’entité occupante est tenue de mettre fin, dans les plus brefs délais, à sa présence illégale sur les territoires palestiniens occupés, et que tous les États membres des Nations Unies sont obligés de ne pas reconnaître la légitimité de cette situation née de cette occupation illégale, de ne pas fournir d’aide ou d’assistance pour maintenir cette situation, et que les Nations Unies, à travers leurs organes principaux, doivent examiner les moyens et procédures garantissant cela. »

La position de la Tunisie à l’égard de la cause palestinienne est réitérée clairement : « une volonté ferme et inébranlable, pour continuer à soutenir le peuple palestinien dans sa lutte pour recouvrer ses droits légitimes, inaliénables et imprescriptibles, en premier lieu son droit à l’autodétermination et à la création de son État indépendant et souverain sur toute la terre de Palestine, avec Al-Qods Al- Charif pour capitale. »

La Tunisie a appelé également le Conseil de Sécurité à intervenir d’urgence pour mettre fin aux violations répétées touchant plusieurs pays de la région : La Syrie, le Liban, l’Iran et dernièrement le Qatar, conformément à l’appel récent de mon pays lors du Sommet Arabe et Islamique Extraordinaire à Doha, sur la base que la sécurité arabe et islamique est un tout indivisible. »

Au sujet de la réforme des Nations-Unies et l’établissement d’une nouvelle phase de multilatéralisme et de relations internationales, il a souligné qu’elles ne peuvent « être efficaces et tangibles pour tous les peuples que si elles consacrent la valeur de l’égalité des vies humaines, en évitant toute discrimination, sélectivité ou double standard ».

Aussi, « la Tunisie renouvelle son appel pressant à une réforme globale et profonde du système financier international et de ses institutions, afin de garantir l’équité dans l’accès aux ressources financières et d’améliorer leur efficacité au service du développement durable, notamment à travers l’instauration de mécanismes innovants de financement du développement, tels que l’initiative de la Commission Economique et Sociale des Nations Unies pour l'Asie Occidentale (CESAO ou ESCWA en anglais), visant l’échange de dettes contre des actions climatiques, à laquelle la Tunisie a adhéré, et qui vise à convertir les engagements de service de la dette extérieure en investissements dans l’action climatique et les Objectifs de Développement Durable.

Notre pays souligne l’importance de poursuivre les efforts pour récupérer les fonds et actifs pillés et transférés illicitement à l’étranger, ce qui renforcerait la justice internationale et garantirait aux peuples leurs droits au développement et à une gouvernance responsable. La Tunisie considère cela comme un droit souverain imprescriptible. »

Au sujet de la migration, « elle doit rester un choix et non une nécessité, affirmé le ministre. Lorsqu’elle est organisée, elle peut créer richesse et opportunités d’emplois décents, et constituer un levier de développement et de rapprochement culturel entre les peuples. À cet égard, nous rappelons la Conférence Internationale sur la Migration tenue à Rome en juillet 2023, initiative de Son Excellence Monsieur le Président de la République Tunisienne, pour parvenir à des solutions de développement globales, durables, et mobiliser les ressources nécessaires à leur mise en œuvre.

La déclaration de la Tunisie a porté sur une série d’appels et d’engagements:

Défis climatiques:  appel au respect de l’engagement international de mobiliser 300 milliards de dollars par an, avec une part significative dédiée aux programmes d’adaptation, et à la facilitation des mécanismes d’accès à ces ressources par la simplification des critères techniques et financiers, ainsi qu’à l’activation du fonds « pertes et dommages » comme mécanisme de compensation juste et efficace.

Agenda Femmes, paix et sécurité et Agenda Jeunesse, paix et sécurité : un engagement réaffirmé

Libye: La Tunisie renouvelle sa position ferme et de principe en soutien aux choix libres du peuple libyen. La situation en Libye est une affaire purement interne et non une question internationale, et la solution ne peut être que libyenne, sans ingérence de quelque partie que ce soit. Le peuple libyen est souverain et seul habilité à adopter les solutions qu’il juge appropriées, avec l’appui des Nations Unies.

Syrie: préserver la souveraineté, l’indépendance et l’intégrité territoriale de la Syrie, et exprimons notre refus de toute violation de sa sécurité territoriale.

Yémen: Nous insistons sur la nécessité de la convergence des efforts onusiens et internationaux pour trouver une solution politique en faveur de la situation au Yémen, mettant fin aux souffrances de ce peuple frère et assurant la paix et la sécurité.

Soudan: La Tunisie appelle les parties soudanaises à recourir au dialogue et aux moyens pacifiques pour dépasser la crise, restaurer la sécurité, la stabilité, et mettre fin aux souffrances du peuple soudanais face aux affres de la guerre et de la division.

Missions de maintien de la Paix de l’ONU: Nous renouvelons l’appel à fournir un soutien financier et logistique international aux opérations de consolidation de la paix, et à poursuivre la coopération et la coordination entre les structures onusiennes et régionales dans une approche participative qui place la sécurité et la stabilité de l’Afrique au sommet de ses priorités, « l’Afrique que nous voulons ».

Lire la Déclaration intégrale en langue arabe

Lire la traduction non-officielle