News - 12.07.2025

Paix en Palestine: Analyse du conflit israélo-palestinien de Mohamed Nafti

Paix en Palestine: Analyse du conflit israélo-palestinien de Mohamed Nafti

Quel regard analytique perspicace un ancien officier général de l’armée tunisienne peut-il exercer sur les fondamentaux du conflit israélo-palestinien, à partir de diverses perspectives ? Le général Mohamed Nafti s’y livre sans concession. Dans un nouveau livre intitulé Paix en Palestine-Analyse du conflit israélo-palestinien, qu’il vient de publier aux Editions Leaders, il propose des clés de décryptage d’une cause qui nous interpelle. Reconnu pour son expertise en géopolitique et sa connaissance approfondie de l’histoire, il revient sur le contexte général qui a prévalu au Proche-Orient depuis le XIXe siècle jusqu’à tout récemment, et décortique les différents aspects du drame palestinien.

Dans un essai bien structuré, s’appuyant sur une riche documentation et illustré par de nombreuses cartes, l’auteur retrace l’émergence du sionisme, la conquête de la Palestine sous mandat britannique, la Nakba de 1948, et l’impuissance des pays arabes face à un Occident obstiné dans son appui sans réserve à l’entité sioniste. Tout en évoquant la résistance palestinienne, plurielle et multiforme, le général Nafti restitue une situation qui se complique davantage depuis le 7 octobre 2023, démasque l’horreur du génocide perpétré contre la population palestinienne à Gaza et la violence inouïe exercée dans les territoires occupés. Au mépris du droit international et du droit humanitaire, un massacre d’une rare barbarie s’abat encore plus férocement sur le peuple palestinien, martyrisé.

Loin de céder à la passion, le général Mohamed Nafti privilégie le rappel des faits, la mise en contexte des politiques et l’anticipation des tendances futures. L’analyse bat en brèche de nombreuses idées reçues, explique tant de vérités, met à nu l’impuissance des uns, la complicité des autres, et une arrogance meurtrière, sans limites et impunie. Le mérite de l’auteur est d’éclairer le lecteur quant aux fondamentaux religieux, historiques et politiques qui se sont consolidés au fil des décennies. Il détaille les grands enjeux d’un conflit sanglant qui risque de s’éterniser, spoliant les Palestiniens de leurs droits.

Paix en Palestine
Analyse du conflit israélo-palestinien

de Mohamed Nafti  
Editions Leaders, Juin 2025, 176 pages, 35 DT
En librairies et sur www.leadersbooks.com.tn 

Bonnes feuilles

Un conflit masqué, une guerre éternelle

Le désaccord initial sur la création d’un État juif en Palestine a généré un conflit que l’histoire aurait pu résoudre par le dialogue, la justice et la reconnaissance mutuelle. Or, ce désaccord a été entériné, nourri, durci et institutionnalisé par les grandes puissances, transformant un contentieux politique en un conflit armé chronique, marqué par une violence structurelle et une asymétrie radicale. Loin de se résorber, ce conflit n’a cessé de s’étendre, de muter, de se complexifier, tout en gardant la même racine impériale.

Bio express 

Né le 16 avril 1954 à Gafsa

Officier général de l’Armée tunisienne, à la retraite depuis 2015

Inspecteur général des Forces armées tunisiennes (IGFA) et membre du Conseil supérieur des armées (2013-2014)

Attaché de défense à l’ambassade de Tunisie au Caire (2012-2013)

Conseiller militaire du chef de la Mission africaine au Burundi (2003-2004)

IOAC Ft Benning Georgia et CGSC FT Leavenworth (USA) - Scuola di guerra Italie

Auteur de nombreuses recherches et publications.

Si l’on adopte une perspective historique longue, il apparaît clairement que les principaux agresseurs dans cette région, depuis deux millénaires, sont les puissances venues d’Europe. Ni les Babyloniens, ni les Perses, ni Alexandre le Grand, ni les califats musulmans n’ont mené de campagnes de destruction systématique à l’égard des populations juives ou chrétiennes. Au contraire, les Juifs y ont souvent trouvé refuge et protection. Ce sont les Romains, puis l’Église chrétienne, qui ont imposé successivement la persécution, la conversion forcée, l’exil ou le massacre, d’abord contre les Juifs, puis contre les musulmans. Les Croisades du XIe au XIIIe siècle, les persécutions de l’Inquisition, les pogroms de l’Europe chrétienne, et enfin la Shoah, ont été les formes successives d’une même violence eschatologique et théologique. Au XIXe siècle, l’Église protestante reprend le flambeau en promouvant le retour des Juifs en Terre Sainte, donnant ainsi une caution religieuse à un projet colonial déguisé en rédemption spirituelle. Le sionisme chrétien devient la matrice idéologique du sionisme politique moderne, et Israël l’instrument géopolitique de l’Occident dans le monde arabo-musulman. Depuis plus d’un siècle, cette Sainte Alliance entre l’Église (catholique ou protestante), les puissances occidentales et le projet sioniste a galvanisé les peuples, armé les armées, financé les guerres, et systématiquement condamné toute forme de résistance arabe ou musulmane, assimilée à du terrorisme.

Le conflit israélo-palestinien ne saurait donc être réduit à une simple rivalité locale ou à un désaccord ethnique. Il s’agit bien d’un affrontement géopolitique, civilisationnel et idéologique, opposant l’Occident chrétien impérial au Moyen-Orient sémite et religieux. Ce conflit, transformé habilement en un différend entre Juifs et Arabes, puis entre Israël et le Hamas, est en réalité l’expression contemporaine d’un très ancien affrontement impérial, perpétué par la ruse diplomatique, le cynisme stratégique et la complicité médiatique. Aujourd’hui, l’annexion totale de la Palestine historique est en marche.

L’épuration ethnique des Palestiniens, à Gaza et en Cisjordanie, n’est plus une hypothèse : elle est en cours. La Palestine risque de disparaître définitivement de la carte, remplacée par un État juif unitaire, où les non-Juifs seraient cantonnés à un statut de servitude moderne. L’Occident, complice, observe ou applaudit. Les régimes arabes, domestiqués, regardent ailleurs. Tant que le pétrole coulera, les armes seront achetées, le silence sera assuré. Le conflit israélo-palestinien n’est pas seulement une tragédie humaine. C’est un miroir de notre époque, un révélateur de notre hypocrisie, une tache indélébile sur la conscience universelle. C’est le cri d’un peuple qui refuse de disparaître, bien que le monde entier semble l’y condamner.