Congrès d’Ettakatol: une promesse de renaissance (Album photos)

Par Hella Ben Youssef - Dans un contexte national traversé par des mutations profondes, le quatrième congrès du parti Ettakatol s’est tenu à Tunis les 18, 19 et 20 avril 2025, sous la présidence du camarade Mongi Soueb, autour d’un mot d’ordre fort: «Citoyens libres, non sujets». Un slogan qui n’est pas resté une simple affiche, mais qui s’est imposé comme une boussole éthique, politique et existentielle.
Refonder, non répéter
Après plus de trente années d’existence, Ettakatol ne pouvait se contenter d’un simple ravalement de façade. Ce congrès s’est voulu un moment de pause réflexive, une relecture critique du parcours du parti: ses acquis, ses limites, ses impasses. Il s’est inscrit dans une volonté lucide de repositionner le projet social-démocrate face aux bouleversements géopolitiques, sociaux, culturels et générationnels que connaissent la Tunisie et le monde.
L’effondrement des transitions démocratiques de par le monde, la montée des populismes et l’injustice en Palestine constituent autant de signaux d’alerte face auxquels Ettakatol choisit de se prononcer.
Résister, rassembler, reconstruire
Malgré les contraintes du moment, le congrès a réuni les militants venus de toutes les régions, ainsi que des figures nationales et internationales. Le simple fait d’être présents, ensemble, à ce rendez-vous, était un acte significatif en soi.
Dans son discours d’ouverture, le Secrétaire général Dr Khelil Ezzaouia a réitéré l’engagement d’Ettakatol en faveur de l’État de droit, de la justice sociale, et de la liberté, comme fondement d’un projet politique progressiste. Le congrès a marqué une rupture claire avec toute forme de gouvernance autoritaire, en appelant à une revalorisation pleine et entière de la citoyenneté.
Un congrès d’ouverture et de transmission
Le congrès s’est également distingué par son ouverture à un large éventail d’acteurs : partis démocratiques, syndicats, société civile, mouvements de jeunesse… L’intervention très remarquée du Dr Mustafa Barghouthi, Secrétaire général de l’Initiative nationale palestinienne, a jeté un pont symbolique et politique entre les luttes pour la liberté en Tunisie et en Palestine. Car comme il l’a souligné: «La liberté ne se divise pas.»
Le soutien à Gaza, le refus des crimes de guerre et de l’épuration ethnique, la dénonciation des blocages à l’aide humanitaire et des déplacements forcés ont été au cœur des échanges. Ettakatol a réaffirmé sa solidarité sans conditions avec le peuple palestinien et appelé à intensifier la mobilisation populaire, juridique et diplomatique à ses côtés.
Autre moment fort : la présence de l’ancienne ministre nigérienne Khadidjatou Yacouba, qui a évoqué les défis communs des peuples africains, entre démocratisation, souveraineté, luttes sociales et lutte contre les discriminations systémiques.
Une gauche renouvelée, une jeunesse au cœur
Tout au long des trois jours, les congressistes ont débattu des orientations économiques, des réformes statutaires, et des moyens de rendre le parti plus transparent et plus ancré dans l’action. L’élection d’un nouveau Conseil national, marqué par une forte représentation des femmes et des jeunes, illustre la volonté de renouvellement profond.
La réélection du Dr. Khelil Ezzaouia en qualité de secrétaire général a été accompagnée d’un message fort : Ettakatol ne cède ni au repli ni au fatalisme. Il entend redevenir un espace d’initiative, un moteur de mobilisation citoyenne, un pont entre générations et un porteur d’alternatives concrètes.
Une promesse de renaissance
Ce quatrième congrès n’a pas seulement été une respiration partisane, mais un moment politique intense. Il a redonné souffle à une gauche sociale-démocrate tunisienne vivante, courageuse, ouverte et profondément solidaire. Dans un pays fracturé par les crises, il a rappelé que la liberté, la citoyenneté, la dignité et l’égalité ne sont pas des slogans abstraits, mais les piliers nécessaires d’un avenir à bâtir ensemble. «Il n’y a pas de République sans républicains, ont rappelé les congressistes. Il n’y aura pas de Tunisie libre sans citoyens libres. Il n’y aura pas de démocratie sans une gauche responsable et visionnaire. Vivons libres. Refusons d’être sujets».
Hella Ben Youssef