L’ancien ministre des Affaires étrangères Said Ben Mustapha nous quitte: une illustre figure de la diplomatie tunisienne
Il avait rejoint dès 1962 les pères fondateurs de la diplomatie tunisienne sous Bourguiba, Sadok Mokaddem et Mongi Slim et y servira pendant près de 40 ans. Said Ben Mustapha (Gharbi) qui vient de s’éteindre à l’âge de 86 ans aura été un grand diplomate au service de la Tunisie. Economiste de formation, diplômé de l’Institut de Hautes études de Genève, il avait gravi un à un tous les échelons du service diplomatique : deux fois consul général, quatre fois ambassadeur, secrétaire d’Etat et ministre. Avec compétence et abnégation.
Encore jeune diplomate, il avait été à 32 ans, chargé d’affaires de Tunisie en Libye, en 1970, au lendemain de la prise de pouvoir par Kadhafi. Said Ben Mustapha s’y fera une bonne première expérience et deviendra au fil des ans un bon spécialiste du monde arabe. Après deux affectations en tant que consul général à Lyon, puis à Palerme, il sera nommé en 1982 ambassadeur à Beyrouth, alors en pleine agression israélienne et guerre de factions. Le pied mis au Levant, il enchaînera dans les mêmes fonctions à Amman, en Jordanie (1985), avant de revenir à Tripoli en 1988, cette fois en tant qu’ambassadeur, après le 7 Novembre.
Said Ben Mustapha fera son entrée (discrète) au gouvernement en 1991 en qualité de secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères, chargé des Affaires maghrébines. Puis à peine nommé ambassadeur à Rome, en mai 1997, il est de retour à Tunis en décembre de la même année pour succéder à Abderrahim Zouari, en tant que ministre des Affaires étrangères. A la tête du Département alors en pleines mutations, il accomplira pendant deux années une mission d’une intense activité et amenant les équipes à réussir de multiples accomplissements.
Fin décembre 1997, Said Ben Mustapha passe le témoin à Habib Ben Yahya et prendra le chemin de New York où il est nommé ambassadeur représentant permanent de Tunisie auprès de l’ONU. C’est dans ce célèbre immeuble de verre à Manhattan, qui il suivra en témoin avisé et acteur discret et efficace, les différentes tractations, travaillera sur des projets de résolution et exprimera les positions et le vote de la Tunisie. Jusqu’en 2001, date de son départ à la retraite, à l’âge de 63 ans. Drapé dans sa dignité, respectueux de l’obligation de réserve, lui qui a vécu tant de grands évènements, il vaquera aux siens, dans le respect de tous et leur amitié.
Tout au long de sa riche carrière, Said Ben Mustapha ajoutera à ses nombreuses qualités celle d’encadrer ses jeunes collaborateurs pour en faire ses futurs collègues. Il saura les accompagner dans leur apprentissage du métier, leur montée en grade et leur accession aux responsabilités. Leur faisant confiance, il sera très souvent derrière leur affectation en poste à l’étranger dans de grandes représentations tunisiennes consulaires et diplomatiques. Fin connaisseur des arcanes des relations internationales et de leurs acteurs, humble, modéré, cultivé, patient, et doté d’une grande capacité d’analyse ainsi que d’une belle plume, Saïd Ben Mustapha a largement contribué au rayonnement de la diplomatie tunisienne.
Allah Yerhamou !
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