Zouhair Ayadi: Il n’avait jamais été opportuniste! (Vidéos et album photos)
Ecrivain journaliste doté d’une belle plume bilingue, diplômé de l’Ecole de l’Agriculture, et fondateur de nombreuses associations dont le Club sportif sfaxien en 1928, Zouhair Ayadi (1906 – 1980) aurait occupé de grands postes. Il n’avait jamais rien sollicité. « Il n’était pas opportuniste, et avait toujours refusé d’aller voir les uns et les autres pour obtenir une charge, ni avant, ni après l’indépendance ». C’est ce qu’a affirmé son fils, Emir, lors de la présentation, jeudi dernier à Al Kitab Mutuelleville, du livre de l’historien Kamel Hakim, sous le titre de « Zouhair Ayadi, mémoire de combat dans la politique, la presse et le sport », paru aux Editions Leaders.
Introduisant l’ouvrage, le doyen Habib Kazdaghli mentionnera, rendant hommage à l’auteur qu’il ne s’agit pas d’un devoir de mémoire, mais d’un devoir d’histoire. Il s’agit en effet de contextualiser le parcours d’Ayadi dans son époque et mettre en lumière tout l’activisme militant syndicaliste, social, politique et intellectuel. Ayadi, très engagé, depuis ses années d’études à Sadiki, dans cette tumultueuse poussée, avait fait partie du premier noyau de la gauche tunisienne, essentiellement communiste et syndicaliste. Il sera le trait-d’union entre les militants de Tunis et ceux de Sfax et participera avec Ahmed Souissi et Ahmed Hassine Mehiri à l’organisation de la visite de Mohamed Ali Hammi et de ses rencontres avec des dockers.
Le doyen Kazdaghli qui a découvert dans cet ouvrage des documents inédits a été incité à aller en France explorer d’autres fonds documentaires. C’est ainsi qu’il a trouvé aux archives conservées à Nantes des rapports de police signalant dès les années 1924, l’activisme de Zouhair Ayadi et son implication dans l’action politique.
Kamel Hakim a indiqué pour sa part qu’en travaillant sur l’histoire des associations à Sfax, il a relevé à de multiples occasion l’évocation du nom de Zouhair Ayadi. C’est ce qu’il a encouragé à cerner son personnage et étudier son parcours, bénéficiant des fonds des Archives nationales et des documents qui lui ont été ouverts par la famille. Le débat instauré à l’issue de la présentation a été intéressant. La doyenne Riadh Zghal a félicité l’auteur pour la qualité de son ouvrage et lui a demandé quelles sont les causes de l’occultation, après l’indépendance de Zouhair Ayadi. Avait-il été victime d’une guerre de leadership régional, ou pour d’autres raisons ? Kamel Hakim affirmera qu’Ayadi a toujours gardé son charisme et était très respecté en tant que l’un des dignitaires de Sfax, invité à différentes manifestations et sollicité par la radio régionale. Mais, des groupes politiques hissés au premier plan au lendemain de l’indépendance et livrés entre eux à des querelles internes se sont ligués contre Ayadi, voyant en lui un compétiteur de taille pour l’accès à de grands postes.
Soigneusement écrit sous la plume d’un historien de grande rigueur et richement documenté, cet ouvrage apporte un éclairage instructif.
Zouhair Ayadi,
Mémoire de combat
dans la politique, la presse et le sport
de Kamel Hakim
Editions Leaders, juin 2024,
132 pages, 28 DT
En librairies et sur
www.leadersbooks.com.tn
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