Rwanda, Il ya 30 ans: Un génocide à ciel ouvert (1993-1994)
Parce que nés Tutsis, ethnie minoritaire dans le pays, — mais aussi il y avait des victimes, des hutues—, près d’un million d’enfants, de femmes et d’hommes ont été martyrisés au Rwanda, il y a à présent 30 ans lors d’un des plus grands génocides perpétrés le siècle dernier. La phase de paroxysme s’était déroulée du 6 avril 1994 au 17 juillet 1994 dans un infernal huis clos. «La France, qui aurait pu arrêter le génocide avec ses alliés occidentaux et africains, n’en a pas eu la volonté», reconnaîtra tout récemment le président Emmanuel Macron. Le rapport de la Commission d’historiens, présidée par Vincent Duclert, donne froid dans le dos par les détails documentés des responsabilités qui ne sauraient être niées.
Petit Etat de l’Afrique de l’Est, le Rwanda, qui s’étend sur une superficie de 26 338 km2, indépendant depuis 1962, est secoué par des affrontements successifs entre ses principaux groupes ethniques, les Hutus (85%) et les Tutsis (14%) qui composent sa population (alors de 7 millions d’habitants en 1994). Porté par un coup d’Etat au pouvoir en 1973, le président Juvénal Habyarimana ne parviendra pas à juguler la guerre civile déclenchée dans les années 1980. Quelque 480 000 Rwandais réfugiés essentiellement au Burundi, en Ouganda, au Zaïre et en Tanzanie, réclamant le droit de retour au pays, seront à l’affût, organisant des incursions successives. En 1988, le Front Patriotique Rwandais (FPR) fut fondé à Kampala (Ouganda), notamment par Fred Gisa Rwigema, puis dirigé par Paul Kagame. Le 1er octobre 1990, 7 000 combattants du FPR lancèrent une attaque majeure contre le Rwanda à partir de l’Ouganda.
Un accord de paix, promu par l’Organisation de l’unité africaine (OUA) et des gouvernements de la région, signé le 4 août 1993 à Arusha, en Tanzanie, devait mettre fin au conflit entre le gouvernement hutu de l’époque et le parti d’opposition, le Front patriotique rwandais (FPR), avec notamment la création d’un gouvernement de transition.
L’OUA avait déployé depuis juillet 1992 un Groupe d’observateurs militaires neutres (Gomn) pour veiller au respect du cessez-le-feu entre les deux parties. Un nouveau Groupe (Gomn 2) sera constitué en août 1993, et composé de 132 militaires de cinq pays africains dont la Tunisie. Fort de 60 personnes, le contingent tunisien sera le premier par sa taille. Le Sénégal alignera 29 officiers, le Congo 25 officiers et le Nigeria 2 officiers.
Des résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies viendront, dès le 5 octobre 1993, décider de la création d’une Mission des Nations unies pour l’assistance au Rwanda (Minuar), pour un mandat de six mois renouvelable, puis d’une deuxième mission Minuar 2. Depuis son indépendance, la Tunisie a favorablement répondu à différentes demandes des Nations unies et de l’OUA pour envoyer des contingents militaires dans de nombreux foyers de guerre et de tensions sur le continent africain, en Europe et en Asie. C’est dans ce cadre que s’inscrit la participation au maintien de la paix au Rwanda.