News - 15.05.2024

Abdelaziz Kacem: De «Genocide Joe» à Meyer Habib, dit «Le Phacochère»

Abdelaziz Kacem: De «Genocide Joe» à Meyer Habib, dit «Le Phacochère»

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Moralement handicapés, le tueur Netanyahu et sa meute talmudique continuent, en toute lâcheté, à s’acharner sur la population civile palestinienne. À l’heure où j’écris, l’épuration ethnique est à son 207e jour et au diable la CIJ, qui les condamne sans ambages pour génocide. Mauvais garnement, enfant gâté de l’impérialisme anglo-saxon, Israël abandonne ses otages pour satisfaire ses pulsions mortifères. Économiquement exsangue, sans le soutien accru en armes et en milliards de dollars de qui l’on sait, il n’aurait pas tenu un mois, face à la résistance arabo-palestinienne. Plus qu’aucune autre, dans la région, cette guerre est essentiellement américaine. Pour avoir opposé, quatre fois, son veto aux résolutions exigeant un cessez-le-feu humanitaire à Gaza, M. Joe Biden a gagné un sobriquet qui lui va comme un gant: «Genocide Joe».

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À la veille de l’Aïd, continuant une tradition créée par Bill Clinton, il invite, pour un Iftar à la Maison-Blanche, les notabilités musulmanes. Elles déclinent, choquées d’être  conviées à manger à l’heure où, par la volonté de celui-là même qui prétend partager avec eux le pain de la piété, les Gazaouis meurent de faim et de soif. Parmi les personnalités qui ont boycotté le dîner, deux députées de la Chambre des Représentants: Ilhan Omar, d’origine somalienne, et Rashida Tlaib, d'origine palestinienne. Depuis la guerre de Gaza, elles figurent parmi les élues les plus critiques de l’engagement américain, et sont, par décision de Netanyahu, frappées d’interdiction d’entrée en Israël. À noter qu’en mai 2023, la précédente réception que M. Biden avait organisée à l’occasion de l’Aïd était très appréciée par les convives. Ils avaient même acclamé le Président qui les accueillait en leur déclarant: "C'est votre maison", c'est votre maison".

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Joe Biden aurait pu se racheter auprès de son électorat musulman, mais il a préféré enfoncer le clou en s’opposant, le 18 avril dernier, à l’admission de la Palestine comme État membre de plein droit à l'ONU. «Genocide Joe» signe ainsi son cinquième veto, depuis le 7 octobre 2023. Des bobards, présentés comme des indiscrétions crédibles, prétendent que le porteur, en titre, dudit sobriquet, serait outré par le comportement excessif de Netanyahu. C’est l’une des menteries les plus grossières. Le tueur en chef israélien est, au contraire, vilipendé par son bailleur de fonds parce qu’il tardait à gagner sa guerre d’extermination.

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Pour ma part, à vrai dire, j’aurais préféré un autre surnom à l’actuel hôte de la Maison-Blanche. N’étant pas tribun pour un sou, il s’exprime souvent par des bribes qui lui prêtent un faux air d’adjudant de quartier. Je l’aurais appelé «Don’t» (Ne le faites pas). Le 15 octobre 2023, soit une semaine après le commencement des bombardements de Gaza, rassuré par la présence de l’USS Gerald Ford, en dissuasion de toute tentation régionale de porter secours aux combattants gazaouis, Joe Biden, péremptoire, met en garde la résistance libanaise : «Don’t ! Don’t ! Don’t !». Bien entendu, celle-ci passa outre, imposant à Tsahal une guerre d’usure insupportable. De même, lorsque l’Iran décida de «punir» Israël pour avoir attaqué son consulat à Damas, «Genocide Joe», interrogé sur le message qu’il souhaitait adresser à l’agressé, répondit : «Don’t !».  Mais, là aussi, le vengeur n’en tint pas compte et Israël n’en revient pas encore. Les règles du jeu ont changé.

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«Genocide Joe» a même failli recevoir un surnom, plus tendre et bien de chez nous : «Inch’Allah». En ce 29 septembre 2020, lors d’un débat électoral serré avec son rival Donald Trump, les électeurs américains d’origine arabe ont eu la surprise, somme toute réconfortante, d’entendre le candidat démocrate prononcer ladite formule musulmane, grâce à laquelle il obtint la grande majorité des voix arabes. Qu’en sera-t-il de ce précieux capital ? Tenu pour complice des crimes de guerre commis à Gaza, Biden, selon un sondage mené par l’Institut arabo-musulman, n’en jouira guère en novembre 2024. Les Américains musulmans voteront pour «un candidat indépendant ou resteront à la maison» et tant pis si le pire advient. Avec Trump, les choses sont plus claires. Sioniste bloqué, il n’a jamais trompé les Palestiniens. Son lexique bannit le concept des deux États. Grossier, oui! Hypocrite, non!

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L'État palestinien est reconnu par 141 pays. Il est déjà membre observateur à l’ONU. Devant le Conseil de sécurité, en ce jeudi 18 avril,  Ziad Abu Amr, haut responsable de l'Autorité palestinienne, sollicite: "Accorder à la Palestine une adhésion pleine et entière aux Nations unies allégerait une partie de l'injustice historique subie par des générations de Palestiniens". La France, par la voix de sa représentante permanente auprès des Nations unies, «remercie l’Algérie d’avoir proposé cette résolution» et se dit «favorable au rehaussement du statut de la Palestine à l’ONU et à son admission comme membre de plein droit.» Nous retrouvons là le souffle gaullien de l’Hexagone. Nous nous en félicitons. Plutôt que de rester l’otage du veto américain, puisse la France «reconnaître de manière immédiate et unilatérale l’Etat de Palestine». La considérant comme un pays locomotive au sein de l’UE, des pays comme l’Espagne, la Belgique, le Luxembourg attendent qu’elle saute le pas, pour suivre son exemple.

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Nous ne sommes pas sans savoir que la France est sous pression. Pour avoir voté ladite résolution, le CRIF a sorti littéralement ses griffes. De son côté, Meyer Habib, dit le «phacochère», représentant personnel de Netanyahu au Palais Bourbon, accuse la France de «trahison», autrement dit, de parjurer son serment d’allégeance à l’entité sioniste. Il bénéficie d’une immunité telle qu’il est le seul à pouvoir faire l’apologie du terrorisme. Intervenant lors de la séance du 19 décembre 2023, à l’Assemblée nationale, Éric Coquerel, député de La France Insoumise, souligne que «Netanyahou, après le nord, bombarde le sud de la bande de Gaza, là où il avait précisément demandé aux Palestiniens de se réfugier». «Et ce n’est pas fini», lance le phacochère. 39 députés demandent, le lendemain, la levée de son  immunité parlementaire. Il est «intouchable», répond la présidente de l’Assemblée nationale, qui partage entièrement ses idées. Et dire que cette prestigieuse institution française était naguère un forum pour de très hautes éloquences.

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Pour ceux qui voudraient en savoir plus sur ce sulfureux personnage, j’ajouterai que d’aucuns s’étonnent de voir que la France, pays laïque par excellence, tolère qu’un tel individu se fasse au sein de l’Assemblée nationale «le relais des éléments de langage de la droite religieuse nationaliste israélienne» (Le Monde, 17 juin 2022). Dans son n° du 14 février 2023, le quotidien parisien en brosse un portrait lapidaire: «Meyer Habib est une curiosité, presque un folklore à lui tout seul: absolument sans gêne, il éructe, insulte, menace en toute impunité. Il n’a qu’un seul sujet sur lequel il intervient dans l’Hémicycle, en boucle: la sécurité tout court, celle d’Israël et celle des juifs de France en priorité. Tous ceux qui s’opposent à ses vues, proches de la droite nationaliste et religieuse en Israël, promeuvent l’antisémitisme.»

Abdelaziz Kacem