News - 05.12.2023

Un déchet tabou : Jusqu’à quand on n’en parle pas ?

Un déchet tabou : Jusqu’à quand on n’en parle pas ?

Réunir toutes les parties concernées par la gestion des déchets dangereux (déchets industriels et spéciaux, etc.) afin de trouver les solutions techniques et autres appropriées : une journée de travail est prévue à cet effet ce 14 décembre. Elle fait suite à celle organisée début novembre 2022 à Bizerte à l’initiative de l’Ordre des Ingénieurs Tunisiens (OIT), notamment son Bureau de Bizerte, en collaboration avec le programme Ecopact. Analyse.

Par Hiba Zouaghi - Le développement industriel à travers le monde a engendré l’augmentation de la pollution causée par les rejets solides et liquides. La pollution a également été la cause du réchauffement climatique de la planète. La Tunisie compte parmi les pays les plus industrialisés d’Afrique. Ceci a engendré l’accroissement d’une quantité importante de déchets industriels et spéciaux (DIS).

Afin de réduire les nuisances causées par ce type de déchets, un traitement doit être mis en considération. A ce sujet, plusieurs pays utilisent l’incinération à haute température comme le moyen le plus efficace afin de traiter ces déchets dangereux. Cette solution semble être la plus adéquate si on cherche à réduire les effets olfactifs causés par ces déchets.

La Tunisie semble avoir trouver la solution efficace pour le traitement des déchets dangereux et spéciaux. Il s’agit du centre de Jradou, qui est le premier établissement en Tunisie spécialisé dans le traitement de ce genre de déchets. En raison de la spécificité des déchets ainsi que les technologies utilisées, il est l’unique centre de Tunisie et d’Afrique également, permettant le traitement des déchets industriels liquides et solides provenant de toutes les unités industrielles de tous les gouvernorats tunisiens.

Le centre de Jradou est situé à 20 km au sud de la ville de Zaghouan. Il est entré en activité officiellement en novembre 2009. Les statistiques ont montré que ce centre a permis de traiter 12 mille tonnes de déchets industriels spéciaux.

Selon une enquête réalisée par l’Agence Nationale de Gestion des déchets (ANGED) et la coopération allemande GIZ, la quantité totale de déchets à traiter à l’échelle nationale s’élève à 150 mille tonnes par an sans compter les déchets de phosphogypse, 19 mille tonnes de ces déchets proviennent de l’utilisation des produits chimiques. Ceci indique que le centre ne couvre pas 10% de la quantité de déchets produite par an.

Il est à noter que le centre Jradou est spécialisé dans le traitement physico-chimique des déchets dangereux selon l’ANGED. Le centre est également équipé d’un espace de stockage des déchets à traiter ainsi que les déchets non-traitables en Tunisie afin de les envoyer à l’étranger dans des établissements spécialisés comme les centre d’incinération à haute température par exemple. Une fois les déchets traités, le centre est équipé d’un site imperméable favorable pour l’enfouissement de ces derniers.

Malheureusement, le site n’a pas achevé sa mission et a été mis en arrêt en février 2011. La cause principale est sa situation géographique. Le centre est situé à moins de 1km du village de Jradou. Des sit-in ont été organisés par les riverains par rapport aux nuisances environnementales et sanitaires ainsi que la pollution reliée à la nappe phréatique et du  sol aux alentours de cette zone.

Depuis la date de fermeture, l’unique centre de Tunisie n’a pas rouvert ces portes malgré la décision de justice ordonnant le ministère des Affaires locales et de l’Environnement de lancer des travaux de réhabilitation du centre.

Les industriels souffrent des déchets dangereux qu’ils génèrent, et semble avoir un impact économique de plus de celui causé par l’environnement. Dans ce cadre, l’Ordre des Ingénieurs Tunisien, en particulier, le bureau régional de Bizerte a organisé, en collaboration avec ECOPACT Bizert, le 3 novembre 2022 une journée à thème intitulée «Gestion des déchets dangereux: Impacts économiques». ECOPACT est un programme ayant pour but de dépolluer le bassin versant de Bizerte et d’améliorer la qualité des eaux du lac et l’état de ses écosystèmes.Cette journée a permis de mettre le doigt sur l’état actuel des déchets industriels existants, ainsi que les différents effets causés par ces derniers, en particulier les déchets dangereux.

Il semble y avoir d’autres impacts tels que les impacts sociaux et impacts économiques mis à part l’impact environnemental, à prendre en considération.

Le but principal est de réunir toutes les parties concernées directement par la gestion des déchets dangereux ou indirectement, dont principalement le ministère de l’Environnement, l’Agence Nationale de Protection de l’Environnement (ANPE), l’Agence Nationale de Gestion des Déchets ANGED, la Direction de sécurité, la Protection civile ainsi que le ministère de la Santé. Ces acteurs seront réunis avec les industriels générant des déchets dangereux.

La gestion des déchets dangereux et spéciaux en Tunisie est un sujet non résolu malgré toutes les initiatives de remise en fonction du centre Jradou ou de trouver d’autres solutions comme l’incinération.
Dans ce même cadre, une nouvelle journée aura lieu le 14 décembre 2023 dans le cadre de trouver des solutions techniques à ce sujet qui reste pour l’instant un tabou.

Dr. Ing. Hiba Zouaghi
 

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