Huile d’olive: Prix en hausse, mixage à envisager?
Les huileries ont commencé à rouvrir dès mi-octobre dernier dans de nombreuses régions, accueillant les olives de variétés précoces. La récolte s’annonce bonne, malgré la forte sécheresse, et serait quasiment la même que celle de l’année précédente, qui était de 180 000 tonnes, avec l’espoir de la voir atteindre les 200 000 tonnes. «Tout dépendra de la pluviométrie au cours des semaines à venir, explique à Leaders Abdelaziz Makhloufi, qui s’est distingué à la tête de la CHO, qu’il a portée à un haut niveau international avec ses marques, notamment Terra Delyssa. «Le prix de vente en Tunisie risque cependant de s’inscrire à la hausse. Il n’est pas exclu, estime-t-il, que le litre d’huile d’olive se négocie entre 22 et 25 D, pour finir sur les rayons des supermarchés à 30 D.»«A l’étranger, le marché peut réserver des surprises, prévient Makhloufi, bien qu’un équilibre se dessine entre l’offre et la demande au début de la saison. La forte sécheresse en Espagne a affecté la récolte qui s’est réduite à 700 000 tonnes dans le premier pays producteur mondial d’huile d’olive, et impacté les prix qui demeurent fluctuants. L’huile d’olive tunisienne se négocie à l’export à 8 euros en moyenne. Celle de l’Espagne pourrait atteindre les 8.3 euros, voire 8.5 euros. En tenant compte des coûts de conditionnement et de distribution, elle pourrait être en rayon à 12 euros le litre.»
Consommation en baisse
«En Tunisie, explique Abdelaziz Makhloufi, la hausse continue des prix a pesé de tout son poids sur les quantités consommées. C’est ainsi qu’elles sont passées de 40 000 tonnes il y a quelques années à près de 25 000 tonnes seulement actuellement.»L’analyse de la structure des coûts de production fait apparaître une forte augmentation des frais de culture (labourage, taille, irrigation, etc.) de cueillette, de transport, d’extraction, de conditionnement, de main-d’œuvre en général et autres. La rentabilité devient difficile à assurer, surtout avec la saisonnalité et la sécheresse. Toute la chaîne s’en trouve pénalisée, et c’est le consommateur tunisien qui en payera le prix. Plusieurs solutions sont envisageables. Parmi elle figure le mixage de l’huile d’olive avec de l’huile de tournesol à raison de 50-50 %.
Une voie prometteuse
L’exportation permet cependant de générer des recettes précieuses en devises. Elles seraient de l’ordre de 4 milliards de dinars.
Des champions nationaux dans ce domaine sont nés et ont pu occuper des positions significatives à l’étranger. Abdelaziz Makhloufi a été parmi les précurseurs. Grâce à une stratégie visionnaire et une grande détermination, la CHO a su s’implanter en Europe, aux Etats-Unis d’Amérique, en Russie et dans de nombreux pays. Lancement d’une marque d’excellence Terra Delyssa, innovation dans le design des bouteilles, participation assidue à de nombreux salons spécialisés, référencement dans les réseaux de distribution, merchandising et animation dans les points de vente et interaction avec le consommateur, l’effort est continu. La réussite est récompensée par de prestigieux prix internationaux dont celui du Conseil oléicole international. D’autres marques tunisiennes s’essaient de leur côté à cet exercice bien difficile et parviennent à s’imposer. Alors que la quasi-totalité des exportations tunisiennes d’huile d’olive étaient en vrac, la part de l’huile conditionnée ne cesse de s’élargir, rapportant une valeur ajoutée croissante. Elle trace une voie d’avenir prometteuse.
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