Ils sont "happés" par les Français à la fin de leurs études : grave pénurie de réanimateurs dans nos hôpitaux
Bien que la Tunisie forme bon an mal an plus de 600 médecins soit bien au-delà de ses besoins, on constate depuis quelques années, une grave pénurie dans quelques spécialités comme la radiologie et l’anesthésie-réanimation, non pas parce que nos quatre facultés de médecine (sans oublier nos étudiants en médecine à l’étranger), n’en forment pas assez, mais tout simplement parce qu’ils sont recrutés par les établissements de santé étrangers et spécialement français dès la fin de leur résidanat et à des salaires qui représentent parfois le décuple de ce à quoi ils pourraient prétendre en Tunisie.
Selon nos sources, le nombre de réanimateurs-anesthésistes et radiologues diplômés des facultés tunisiennes qui se sont installés en France au cours de la décennie 2000-2010 avoisine les 200. Quelques uns reviennent au pays après quelques années pour s'y installer ou pour ouvrir une clinique, mais la plupart restent en France. Cela s’est répercuté sur la qualité des soins dans nos hôpitaux, notamment, où le manque de médecins dans ces deux spécialités et surtout en réanimation se fait cruellement sentir, malgré les efforts du ministère de tutelle pour y parer. C’est ainsi que le nombre de postes de réanimation-anesthésie au dernier concours de résidanat a été porté à 58.
A l’origine de cet engouement des Français pour nos spécialistes, la qualité de la formation dans nos facultés, mais surtout le numerus clausus instauré en 1972 sous la pression du tout-puissant Conseil de l’Ordre des Médecins français qui a limité le nombre de diplômés en médecine à 8500 par an dont 300 pour les anesthésistes. Résultat : avec le vieillissement de la population et le départ à la retraite d’un grand nombre de médecins, la France souffre d’une pénurie sans précédent de médecins et qui ira en s'aggravant dans les prochaines années.