News - 15.06.2023

Changement climatique: Cessons d'agresser la nature, elle finira tôt ou tard se venger

Changement climatique: Cessons d'agresser la nature, elle finira tôt ou tard se venger

Par Monji  Ben Raies - Notre planète Terre est un monde en perpétuel mouvance. L’incroyable évolution de la vie depuis ces derniers milliards d’années en est une preuve irréfutable. Tsunamis, séismes et éruptions volcaniques ont et continuent de dévaster des parties de la planète entraînant des modifications du monde vivant et de la physionomie de sa surface. C'est ainsi que des continents se voient rayés de la carte ou que des espèces comme les dinosaures disparaissent. Mais la destruction d'une espèce n'est au final pas une fin en soi, mais plutôt un maillon faisant partie d'une chaîne évolutive très précise.

Des cataclysmes s'abattent depuis la nuit des temps sur le monde, et les récits de ces événements sont transmis de génération en génération depuis des milliers d'années. Ce concept de «destruction du monde», souvent lié à la religion dans la mythologie, met généralement en lumière une divinité venue punir les hommes de ne pas avoir respecté leurs principes. Mais parmi toutes les histoires légendaires recensées depuis le début de la vie, l'histoire de l'Atlantide est celle qui aura le plus fait parler d'elle. Son nom, à lui seul, représente le rêve et le mystérieux, presque comme si dans les consciences collectives cette île disparue avait toujours existé. Ce monde merveilleux connaîtra cependant une fin désastreuse puisqu'il disparaîtra sous les eaux en un jour et une nuit à la suite d'un cataclysme provoqué par une divinité, Zeus.

La même expérience d’une inondation globale qui est consignée dans la mémoire universelle

L’eau est l’élément primordial, et nous le retrouvons partout et quotidiennement. Elle est à la fois, source de vie et source de destruction, l’eau donne naissance mais peut également engloutir; à travers le mythe diluvien, c’est l’aspect destruction qui est évoqué dans les mythes des autres civilisations du monde. Toutes les légendes trouvent leur racine dans la même expérience d’une inondation globale qui est consignée dans la mémoire universelle. Plus de 600 mythes du déluge ont été recensés dans le monde. Avec ces récits qui hantent depuis longtemps la mémoire des hommes, notre espèce semble avoir gardé un souvenir confus mais récurent d’une terrible catastrophe universelle; et si les mythes étaient les récits d’évènements réels, s’ils étaient le moyen utilisé par nos lointains ancêtres pour enregistrer de telles informations et les transmettre d’une génération à la suivante, avant que l’histoire ne commence. Les souvenirs du récit réel ont été transmis, génération après génération, et des distorsions s’y sont glissées, comme on peut s’y attendre pour les récits qui n’ont pas été consignés à l’écrit, mais seulement transmis oralement. Nous ne sommes pas la première civilisation évoluée ayant peuplé la planète. Cela tombe sous le sens! Des traces indélébiles du passage de nos prédécesseurs sont disséminées sur la planète, se présentant à nous telles les énigmes mégalithiques d’un passé glorieux ou funeste malheureusement indatables. Attardons-nous sur les incroyables édifices antiques qui racontent une terrible période pendant laquelle la Terre fut submergée par une grande inondation et plongée dans les ténèbres à la suite de la disparition du soleil. Les sociétés humaines avaient sombré dans le chaos. On sait que les édifices de pierre ne contenant aucun composé organique sont impossibles à dater et les chronologies officielles sont encore pour l’essentiel, les fruits de l’intuition et des suppositions subjectives des spécialistes. Les pierres rapportent qu’un déluge survint au cours duquel tous les hommes furent noyés. Au cours de cette grande inondation, les eaux étaient montées au-dessus des plus hautes montagnes du monde, à tel point que toutes les races des hommes et toutes les choses de la création ont péri. Il est manifeste que des bouleversements géologiques dans des temps très reculés ont eu lieu qui se comptent en millions d’années. D’autres évènements géologiques ne sont pas aussi anciens. Dans la Bible, ‘’Dieu’’ annonce à Noé l’arrivée du Déluge. Un récit qui narre, nul ne l’ignore, la submersion de toutes les terres habitables et la destruction des hommes et animaux à la suite d’une punition divine, en réponse au mal inhérent à l’humanité. (Versets 6:1 à 8:22 de la Genèse, le premier livre de la Bible); dans le Coran, l’histoire est similaire; dans la mythologie scandinave, le Déluge est provoqué par la mort d’Ymir, le premier des géants entraînée par Odin; le déluge lituanien présente des similitudes avec celui scandinave; Dans la mythologie hindoue, le mythe diluvien se présente à travers le Pralaya (mythe de Manu et Matsya, le déluge hindou) ; Nuwa et le Déluge chinois; La légende des soleils, mythe cosmogonique aztèque, qui explique la création et la destruction de cinq mondes successifs, chacun gouverné par un soleil. Les hommes de bois dans la mythologie Maya; Tiddalik la Grenouille et le déluge aborigène; Lone Man et le déluge Amérindien; dans l’épopée de Gilgamesh, on fait référence à un Déluge (Mésopotamie); chez les Mazdéens (secte de la Perse antique), le Déluge n’est pas qu’une grande inondation, mais une série de catastrophes climatiques; L’Egypte et le déluge, le mythe de Tem.

Imaginons un avenir proche où la Terre serait quasi-totalement recouverte d'eau, suite au réchauffement climatique ayant causé la fonte des glaces polaires et des glaciers du Nord. L'humanité forcée de vivre sur des ilots de fortune, auparavant sommets de montagnes et hautes terres, uniques substrats encore émergés. Tous les continents de la Terre désormais sous l'eau. Les restes de la civilisation humaine vivant sur des communautés flottantes et accidentées, et oubliant ce qu’était de vivre sur terre, avec pour seul horizon l'océan sans fin.

Des conséquences sur le long terme

Cela fait maintenant quelques 40 ans que les Etats, les Organisations Internationales, les ONG’s et les sociétés discutent du réchauffement climatique, sans qu'aucune décision concrète, sérieuse et responsable n'ait été prise ; les décisions politiques se bornent au court terme et ne considèrent pas les impacts à long terme. Pourtant, certaines études récentes montrent que les activités humaines ont des conséquences durables, non pas seulement sur un siècle, mais sur au moins plusieurs dizaines de milliers d’années et grèverons de manière irrémédiable le futur de la planète et de l’humanité. Aujourd’hui, réellement prendre en compte l'urgence de la situation climatique n’est plus suffisant, ayant dépassé le seuil de non-retour en la matière. Se projeter sur le long terme et agir sérieusement ne permettrait que de limiter les dégâts. L'avenir de l'humanité est désormais largement hypothéqué. L'autosatisfaction politico-médiatique de la COP21 et la COP22 s’est résolue dans un grand flop, ces sommets n’ayant rien  réglé, alors que tout reste encore à faire en matière de mesures pour contenir le changement climatique dont les manifestations sont devenues une réalité quotidienne depuis ces quelques dernières années; jusqu’alors, aucun engagement contraignant n'existe et les taux de concentrations en gaz à effet de serre dans la haute atmosphère continuent d'augmenter fortement (le taux critique de 400 ppm de CO2 a été dépassé) tandis que le monde traine à accomplir sa transition énergétique et à faire son grand ménage. Il semblerait même que le problème soit mal appréhendé par toutes les parties prenantes. Dans les débats politiques à l'échelle mondiale, trop d'importance est ainsi accordée aux impacts du changement climatique sur le court terme, jusqu’à l’échéance 2100, faisant l’impasse sur la portée temporelle réelle des activités humaines polluantes (voir article paru dans ‘’Nature Climate Change’’ en février 2016). En effet, les émissions de dioxyde de carbone (CO2), méthane et protoxyde d'azote résultant des activités humaines perdureront dans l'atmosphère et continueront d'affecter le climat de la terre pour des dizaines voire centaines de milliers d'années.

La hausse du niveau des mers touchera toutes les côtes

Le niveau des mers et océans du globe est en corrélation directe avec l'état du climat planétaire. Durant les ères glaciaires ordinaires, de très grandes quantités d'eau retranchées des océans et des mers, ainsi que de la pluviométrie, sont stockées dans les calottes polaires et les glaciers de montagnes, diminuant corrélativement le niveau desdits océans et mers; ainsi, lors de la dernière ère glaciaire, le niveau des océans et des mers a pu baisser jusqu'à 130 mètres. A l'inverse, lorsque la Terre connaît des périodes de réchauffement, les glaciers et calottes polaires fondent en tout ou partie, entraînant l'augmentation du niveau des océans et des mers pouvant atteindre jusqu'à + 70 mètres à +130 mètres. Lors de la dernière période interglaciaire qu'a connue la Terre, il y a environ 125 000 ans, le niveau des mers et des océans était supérieur de 5 à 10 mètres à cette valeur avec une moyenne de +80 mètres. Depuis environ 5 000 ans, le niveau des mers et des océans est resté à peu près stable avec peu de changements, jusqu'à la révolution industrielle du XIXème siècle et les mauvais choix qui ont été faits. Aussi depuis 1863, le niveau des océans est en augmentation continue sur certains sites de la côte atlantique des Etats-Unis. Un phénomène qui gagna notamment le Canada et l'Europe au milieu du XXe siècle, tout en s'accélérant nettement à partir des années 1990. Depuis les années 1990, les calottes glaciaires du Groënland et de l'Antarctique, en fondant, contribuent rapidement à l'augmentation du niveau de la mer de plus de 1,8 cm/an. Si le dernier rapport du GIEC fait référence à + 23 cm en 2050 et + 77 cm en 2100 par rapport à 1995-2014 (scénario SSP5-8.5), de plus en plus d'études considèrent que ces projections sont gravement sous-estimées et sous-évaluées et que la hausse du niveau des océans et des mers pourrait très bien atteindre 2 à 5 mètres d'ici la fin du siècle dans les estimations les plus optimistes, en appliquant les mesures de contingentement prévues par l’accord de Paris de 2015 sur le climat.

«On sait qu'avec une élévation de niveau de la mer de 1,5 m, des centaines de millions de personnes mourront. Ils seront tout simplement balayés»!

«On sait qu'avec une élévation de niveau de la mer de 1,5 m, des centaines de millions de personnes mourront. Ils seront tout simplement balayés», a déclaré à la Chronique de l'ONU le Président Mohamed NASHEED de la République des Maldives, après avoir évoqué la situation dramatique de son pays devant les dirigeants mondiaux au Sommet sur le changement climatique de l'Assemblée générale de l'ONU en 2009. Les premiers sites en danger face à la montée des eaux sont bien entendu les Etats insulaires. Ils sont nombreux menacés de disparaître dans les années à venir (les îles Salomon, les îles Palaos, les îles Fidji, les Tuvalu, Les Seychelles, La Micronésie, Les Kiribati, La Polynésie française, Les îles Cook, Les Maldives). D'après la banque Mondiale et à l'allure à laquelle va le réchauffement climatique, la totalité des Maldives pourraient être submergée d'ici à 2100. Avant la fin du siècle, pour ces populations, déménager ne sera pas une question de choix, mais une question de survie. Des chercheurs de l'université australienne ont confirmé la disparition de huit îles dans l'archipel de Pohnpei, en Micronésie. Aux Seychelles, une élévation de la mer d’un mètre causerait une perte de 70 % de la surface du territoire. Les Tuvalu, un archipel polynésien compte 10 000 habitants recensés, qui pourraient être obligés de quitter très bientôt leur territoire car cet État est l'un des plus vulnérables de la planète à la montée des eaux et est menacé de disparaitre. Les îles Fidji comptent 322 îles dont les rivages accusent un recul de 15 à 20 mètres par an. À ce rythme et en anticipant l'évolution du changement climatique, les scientifiques estiment qu'en 2090, l'océan sera plus élevé de 60 cm à un mètre au-dessus des territoires, sur cette zone du globe. Les populations seraient dans l’obligation de changer de Territoire et deviendraient des ‘’migrants réfugiés climatiques’’. Il est confirmé que cinq îles de récifs coralliens de l’Archipel des Salomon ont déjà disparu, engloutis par l’océan. Les Pays-Bas, bordés par la mer du Nord, ont plus de la moitié de leur population vivant dans les régions sous le niveau de la mer.

Avant l’industrialisation, c’était l’expansion thermique qui influençait le niveau des mers et océans

Auparavant, c’était l’expansion thermique qui causait l’élévation du niveau des mers et océans. Autrement dit le volume d’eau augmentait simplement par dilatation car sa température augmentait selon des cycles naturels. Or, depuis 5 ans maintenant, c’est la fonte des glaces polaires et des glaciers primaux qui est la cause principale de la montée des eaux constatée et surveillée par les satellites mandatés à cet effet. Selon les estimations, si les glaces ne fondaient pas en totalité, le niveau des océans et des mers devrait augmenter de 30 centimètres à 70 cm d’ici à 2050, et ce qu’importent nos réductions d’émissions de carbone dans l’atmosphère. La barre prévue dans l’accord de Paris de 2015 est donc révolue. Il s’ensuivrait aussi une modification des courants océaniques comme le Gulf Stream, Le courant de Benguela, le courant circumpolaire antarctique, le courant de Kuroshio, la Dérive Nord-Atlantique. L’ensemble de ces courants chauds et froids de surface permettent, en répartissant la chaleur marine entre les pôles et l’équateur, une régulation des climats. Les courants marins profonds permettent de préserver la vie animale et végétale dans les océans. Un ralentissement du Gulf Stream, serait à l’origine d’un refroidissement brutal de l’Europe et des Amériques du Nord et du Sud, avec des évènements météorologiques extrêmes plus fréquents. Les zones humides vont devenir plus humides et les zones sèches, plus sèches. Les déserts vont s’étendre vers les pôles des deux hémisphères. Les ouragans vont se renforcer et les conditions météorologiques extrêmes seront plus courantes.

Le lien entre la biodiversité et le changement climatique

Il est établi que la biodiversité contribue à atténuer les effets du changement climatique et à l’adaptation à celui-ci, tandis qu’il entraîne la dégradation et la perte de la biodiversité terrestre et marine. Ce lien justifie l’accent croissant mis sur le maintien et la restauration de la biodiversité et des écosystèmes dans la poursuite d’objectifs et de cibles plus larges de changement climatique.

La biodiversité est importante pour la séquestration du carbone, c’est-à-dire le carbone stocké dans les arbres, le sol, les tourbières et d’autres biomasses terrestres. Les écosystèmes marins jouent un rôle important dans l’absorption des émissions et de la chaleur, contribuant ainsi à atténuer le changement climatique. Des écosystèmes sains et biodiversifiés améliorent la capacité d’adaptation et de résistance aux catastrophes naturelles. Par exemple, les plaines inondables et les zones humides offrent une protection contre les inondations ; les récifs coralliens, les herbiers marins et les mangroves protègent les littoraux contre les vagues et les tempêtes ; les pentes boisées assurent une protection contre les glissements de terrain, etc. Ces dernières années, les scientifiques observent sur les côtes méditerranéennes, une autre conséquence du changement climatique, l'apparition de microalgues toxiques ou nuisibles pour la biodiversité marine, dont certaines venues des eaux tropicales. Ainsi la mer de Marmara en Turquie est au bord de l'asphyxie recouverte d'un mucilage d'algues, gigantesques tapis blancs à la surface de l'eau. La multiplication de ces algues pourrait avoir des effets pervers très complexes à éviter. La diminution de l’oxygène (hypoxie) provoquée par les blooms d’algues dans l’océan, les mers et lacs, contribue à créer des zones mortes, sans vie organique. Or sans cette vie organique, plancton et micro-organismes marins, l’océan stockerait moins de CO2 et produirait moins d’oxygène, ce qui renforcerait à son tour le réchauffement climatique, en un cercle vicieux avec des conséquences environnementales potentielles de long terme. Une raison de plus d’avoir une approche globale des problèmes environnementaux et de lutter vraiment contre le réchauffement climatique dans ce monde complexe qui se dessine devant nous.

L'envahissement par les eaux marines de toutes les zones de basse altitude

La hausse du niveau des mers touchera toutes les côtes de manière chronique avec l'envahissement par les eaux marines de toutes les zones de basse altitude, d’abord de manière ponctuelle lors de grandes marées et lors de fortes tempêtes à cause de submersions marines importantes; et comme de bien entendu les effets se coupleront avec les deux phénomènes. Les traits des côtes vont changer, leur profil mais aussi la délimitation des zones maritimes (mer territoriale, zone contigüe, zone économique exclusive et plateau continental); des zones géographiques plus à risque commencent déjà à être touchées par la montée des eaux. Les marées hautes sont plus élevées par endroits, avec des zones de submersions endémiques plus étendues. Nous pouvons voir désormais des signes évidents de l’élévation du niveau des océans dans le monde. Certains littoraux se réduisent à vue d’œil du fait de la modification des courants marins qui assurent l’ensablement des côtes et du fait de l’urbanisation et l’édification de digues pour empêcher l’érosion. La montée des eaux va peu à peu modifier le planisphère en modifiant le profil côtier des Etats. Outre les inondations, la montée du niveau de la mer va aggraver l'érosion déjà existante du littoral, phénomène qui entraîne le recul de la côte et l’abaissement du niveau des plages. L'ampleur et les conséquences exactes de la montée des eaux ne sont pour le moment pas encore connues et vont dépendre de l'augmentation des émissions de CO2 et de la fonte des glaces notamment polaires. Mais ce qui est sûr, c’est que c'est un phénomène en accélération continue et certains modèles prévoient ainsi une hausse des eaux de plus de 2 à 5 mètres à la fin du siècle. Durant la dernière ère interglaciaire, il y a quelques 116 000 à 130 000 ans, les niveaux des mers et des océans se sont élevés de cinq à six mètres. Cet évènement avait alors été provoqué par la fonte naturelle de la calotte glaciaire du Groënland, et de la glace de l'Antarctique. Le réchauffement de la planète que nous vivons est un changement climatique dont les origines sont anthropogéniques, avec des foyers multiples non naturels qui contribueraient à accélérer le processus de réchauffement et dont la conséquence sera une élévation du niveau de la mer cataclysmique dans un laps de temps relativement court.

Nous atteindrons fatalement les limites de l'adaptation possible

Si les émissions de gaz à effet de serre continuent d’augmenter, et le niveau de la mer avec elles, nous atteindrons fatalement les limites de l'adaptation possible. Au bout d'un temps certain, la technologie ne peut plus protéger de tout, et certaines zones devront être abandonnées à l’adversité ; il faudra alors envisager de relocaliser des populations, faire des choix stratégiques douloureux entre ce que l'on voudra et pourra sauver ou non. Ce raisonnement conduit à un avenir complexe à gérer pour les autorités publiques, d'autant que la densité de population sur les côtes est 2,5 fois plus élevée que la moyenne mondiale, avec une tendance d’évolution prévue à la hausse.

Depuis 1959 les compagnies pétrolières ont fait montre d’une inconséquence criminelle, tant il est vrai qu’elles avaient fait leurs propres études du phénomène bien avant ses débuts et elles savaient qu’il y aurait un dérèglement climatique causé par l’utilisation massive des combustibles fossiles, et que cette option serait risquée pour la vie des populations, que cela en tuerait un grand nombre à brève échéance. Si l’on applique la règle de la responsabilité causale, les compagnies pétrolières sont pour ainsi dire coupables d’un véritable génocide programmé au premier degré et donc de crime contre l’humanité; 

Mais malgré la détermination des êtres humains à rejeter toujours plus de gaz à effet de serre dans l’atmosphère, les océans semblent en modérer, pour l’instant, les effets en continuant d’absorber l’excès de chaleur et de rafraichir le climat. C’est ainsi que les étendues salées du monde absorbent en effet plus de 90 % de la chaleur générée par l’effet de serre du fait des gaz carbonés libérés dans l’atmosphère, mais cela a un impact en retour sur les océans qui se réchauffent à leur tour d’autant et par effet physique, s’étendent en volume par dilatation et tendent à occuper le plus d’espace. Aussi, l’élévation annoncée se produira dans tous les cas, même si nous réduisions maintenant, drastiquement, nos émissions de carbone, le processus est enclenché et sans rémission. Des zones géographiques seront touchées et des peuples gravement éprouvés. Aux États-Unis, les populations les plus vulnérables vivent sur la Côte est, la Côte ouest et sur la côte du Golfe du Mexique, régions où les inondations dévastatrices devraient survenir plus fréquemment en 2050 qu’aujourd’hui. De même en Asie avec les moussons.

Des changements complexes sont en train d’affecter la météo et les systèmes climatiques de notre planète à grande échelle et qui concernent bien la pérennité et la survie de l’humanité. Depuis le début de la révolution industrielle, il y a quelques centaines d'années, l'Homme a brûlé des quantités massives de combustibles fossiles, abattu d'immenses étendues de forêts primaires et entrepris de nombreuses autres activités qui injectaient du dioxyde de carbone et autres substances viciant l'atmosphère terrestre. En conséquence de cette désinvolture, la planète s'est progressivement réchauffée au-delà du seuil de non-retour. Jusque dans les années 1970, les océans ont pu absorber plus de 90 % de toute l'énergie thermique excédentaire piégée par le CO2 responsable de l’effet de serre. Seul un pour cent environ de toute cette chaleur piégée est resté dans l'atmosphère, mais elle a eu un effet considérable, réchauffant l'air à la surface de la Terre et l’eau. Mais le réchauffement s’accroit à un rythme qui s'accélère, la partie supérieure de l'océan voyant sa température augmenter d’environ 24 % plus rapidement qu'il y a quelques décennies, et ce taux devrait être dépassé à l'avenir à la hausse. 

L’élévation du niveau des mers et océans et son impact pose aussi des problèmes juridiques?

900 millions de personnes vivant dans les zones côtières de faible altitude sont en danger immédiat. Le monde s’acheminant vers une augmentation de température de 2,8 à 3 degrés Celsius dans le meilleur des cas, signant une condamnation à mort pour tous les pays vulnérables menacés en tout ou partie de disparition irrémédiable et irrévocable. L’élévation du niveau des mers et océans et son impact pose aussi un problème juridique, en termes d’extinction d’Etats et de leur succession par effacement même du territoire terrestre, comme composante géophysique garante de leur existence et en termes de déplacements forcés de populations. Si un Etat est englouti par les eaux marines, peut-on encore considérer qu’il existe, la composante territoriale faisant désormais défaut ? Qu’en est-il relativement aux zones maritimes en rapport avec la souveraineté de l’Etat dont le territoire a disparu ? Les avis des internationalistes sont partagés sur ce point entre les NU et les Etats de la société internationale. La Convention des Nations Unies sur le droit de la mer (Montego Bay, 1982) doit demeurer le cadre au sein duquel toutes les questions liées au droit international et à la mer, y compris celles de l’élévation du niveau de la mer, doivent être traitées. Mais cette situation hors du commun de réduction des masses terrestres, est susceptible d’entraîner de possibles litiges liés à l’intégrité territoriale des Etats, à leur réalité et aux espaces maritimes dont ils disposent de droit. Les États-Unis et le Japon ont ainsi émis le souhait que les pays côtiers voient leurs zones maritimes préservées, nonobstant l’élévation du niveau de la mer et la submersion de leur territoire. Les menaces environnementales et climatiques majeures, qui pèsent sur la terre actuellement, les États et leurs populations, interrogent le droit, notamment international et constitutionnel, sur la persistance du phénomène étatique par-delà les dégradations et les disparitions géophysiques annoncées.

Un État existe par la somme cumulative de trois composantes objectives qui lui sont constitutifs, un territoire délimité par des frontières, sur lequel est installée une population, le tout étant gouverné par une autorité politique. Cet ensemble est pourvu d’une souveraineté, apanage de l’État. (Convention de Montevideo, concernant les droits et les devoirs des États, adoptée par la septième Conférence internationale américaine, signée à Montevideo le 26 décembre 1933). La société internationale ne s’est pas encore penchée sur le sujet. La question de l’État déterritorialisé reste sans réponse juridique claire à l’heure actuelle. En effet, avec la disparition de l’État, on assisterait à la perte du lien de nationalité entre la population et son territoire, l’appartenance effective d’une personne ou d’un groupe de personnes à un État et dans ce cas, la population deviendrait apatride. (Jurisprudence Nottebohm du 6 avril 1955, arrêt de la Cour internationale de Justice). Mais nous ne nous situons pas dans une forme d’apatridie classique, les dégradations environnementales ne sont pas reconnues comme des causes d’apatridie ; plus généralement, les autorités locales ne dénient pas la nationalité de leurs ressortissants, mais cette dernière disparaitrait simplement par la force de choses. La Convention du 30 août 1961 sur la réduction des cas d'apatridie, laisse une définition assez large de l’apatride pour y inclure les raisons climatiques et la reconnaissance internationale du statut d’apatride climatique. Outre l’élargissement des causes pour lesquelles une personne peut être apatride, l’enjeu principal dans l’attribution d’un tel statut est la conservation et le respect des droits fondamentaux. Les apatrides doivent notamment avoir accès à «l’assistance juridique et bénéficier de l’appui international concerté pour surmonter leurs problèmes et obtenir une nationalité» (UNHCR, «Apatrides : une note d’information», 1er avril 1992).

La doctrine internationaliste plaide pour la création d’un statut de ‘réfugié climatique’ qui viserait spécifiquement les personnes qui se déplacent pour des causes environnementales. Mais les migrants environnementaux ne peuvent se voir accorder la protection des conventions de Genève de 1949 car ils ne répondent pas aux conditions d’application requises. Certains auteurs proposent l’inclusion de la notion de réfugiés écologiques dans le champ d’application des Conventions de Genève par l’ajout d’un protocole additionnel. Cependant, il est peu probable qu’une telle extension soit acceptée, au vu du climat actuel et des conditions de plus en plus restrictives des pays du Nord dans leurs politiques d’asile respectives. Cette extension rencontre dès lors un premier obstacle non-négligeable, à savoir le principe de souveraineté des États et leur compétence en matière de flux migratoires. Une proposition de la doctrine, serait de créer une protection sui generis mettant en place un statut de réfugié écologique. Mais un tel instrument serait difficile à négocier au vu du contexte restrictif actuel des politiques d’asile, de la fermeture des frontières et de la complexité des causes écologiques. Les différentes propositions pêchent par l’absence de concertation locale avec les populations concernées et sont en règle générale purement pédagogiques plaçant les populations des États insulaires dans une position de victime, ce qui est loin d’être bénéfique.

Il apparait très clairement que les protections internationales et nationales, des populations à déplacer, existantes ne conviennent pas à notre problématique. En effet, les protections ne sont pas pertinentes pour la protection des déplacés environnementaux, en raison des risques de confusion, protections uniquement temporaires, relativité des effets des instruments. Cependant, nous ne pouvons pas en rester là. En effet, les populations insulaires, qui seront les premiers futurs déplacés environnementaux méritent une protection adaptée et efficace. Le droit international étant en perpétuel développement progressif, il lui incombe aujourd’hui de s’adapter aux réalités et ainsi, de créer une nouvelle protection efficace. Les principes de droit humanitaire et des droits de l’homme obligent la société internationale à agir pour protéger ces populations. Cette protection doit passer par la qualification de la situation et l’application de règles licites de protection. Il apparait dès lors indispensable qu’un statut juridique protecteur soit mis en place pour ces populations.

L’élévation du niveau de la mer est liée à la combinaison conjuguée de trois facteurs, tous sous-tendus par le dérèglement climatique

La dilatation thermique qui fait que, quand l’eau se réchauffe, son volume augmente et elle s’étend. Les océans réchauffés prennent tout simplement plus de place et sont responsables pour plus de moitié de l’élévation du niveau des mers ; La fonte des glaces de l’Antarctique, du Groenland et des glaciers de montagnes; ces dernières années, les températures toujours plus hautes dues au réchauffement climatique ont entraîné une fonte estivale supérieure à la moyenne et une réduction des précipitations, la neige ne tombant plus qu’en fin d’hiver et au début du printemps. Cela crée un déséquilibre entre fonte et écoulement et évaporation et précipitation. Ce déséquilibre entraîne une élévation du niveau des océans. La disparition des calottes glaciaires au Groenland et en Antarctique du fait de l’augmentation des températures est de plus en plus étendue et rapide. Quand l’élévation du niveau des mers est accélérée, comme c’est le cas depuis longtemps, une simple augmentation de niveau suffit à avoir des effets dévastateurs sur les habitats côtiers, et ce de plus en plus loin à l’intérieur des terres, érosion du littoral, inondation des zones humides, contamination saline des nappes aquifères et des terres agricoles, perte d’habitat pour les poissons et les coraux, les oiseaux et les plantes. L’élévation du niveau des mers est également corrélée à une dangerosité accrue des tempêtes, des ouragans et des typhons, qui se déplacent plus lentement, font tomber davantage de précipitations sur un même espace, et génèrent ainsi des ondes de tempête plus virulentes capables de tout dévaster sur leur chemin. 

Si toute la glace actuellement emprisonnée dans les glaciers et les calottes de la planète venait à fondre, le niveau des océans s’élèverait de 65 à 70 mètres. Des régions et des pays entiers seraient alors engloutis par les vagues, de la Floride au Bangladesh. Très peu de terres resteraient émergées et il s’ensuivrait l’avènement d’une planète-mer. Une partie de la communauté scientifique ne considère pas ce scénario vraisemblable, sans doute pour se rassurer et s’exonérer de leur responsabilité pour leur ignorance du phénomène ou leur sous-estimation de son importance; mais il pourrait finir par se produire si le monde continue de brûler des énergies fossiles de manière inconséquente, de lancer plus de véhicules sur les voies publiques, de brûler les forêts et de polluer les mers.

Le changement climatique entraîne des bouleversements en chaîne dont la réversibilité s’étale sur le long terme ! Depuis 1850, la température moyenne de notre planète s’est déjà élevée de 1,1°C environ. Selon le sixième rapport d’évaluation du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC), le réchauffement planétaire en cours pourrait atteindre 1,5°C à 4,4°C d’ici 2100. La planète et nos ancêtres n’ont rien connu d’aussi rapide ! Les experts du GIEC indiquent qu’il faudrait, qu’il serait impératif, que le réchauffement climatique soit contenu à +1,5°C au maximum d’ici 2100 par tous les moyens, pour éviter qu’un impact significatif majeur et irréversible sur le climat n’entraine des perturbations qui s’étalerait sur des millénaires. Mais cette limitation est désormais hors de portée, à moins de provoquer des réductions immédiates, rapides, draconiennes et massives des émissions de gaz à effets de serre, pour atteindre la neutralité zéro carbone aux alentours de 2030-2050, à savoir, ne plus émettre dans l’atmosphère plus de CO2 que ce que le système de régulation climatique planétaire serait capables d’en retirer activement. 

La neutralité carbone comme objectif

Atteindre la neutralité carbone, c’est-à-dire ne plus émettre de gaz à effet de serre amènerait à changer notre modèle économique et de croissance. Pour rester dans la barre des +2.0 °C à 2.7¨°C, l’engagement de contingenter l’augmentation des températures moyennes et planétaires, pris à la COP21 à Paris en 2015, le monde doit cesser de concevoir et financer des projets nouveaux dans le secteur des énergies fossiles (charbon, pétrole sous toutes ses formes et gaz). Or, ces éléments représentent 80 % de la consommation énergétiques mondiale, générant plus des trois quarts du dérèglement climatique, bénéficiant toujours de soutiens publics et privés massifs. Les scénarii de production et de consommation électriques permettant l’atteinte de l’objectif à l’horizon 2050 ont pour traits communs, la diminution de la consommation finale d’énergie, l’augmentation de la part d’électricité, une forte croissance des énergies renouvelables dans la production d’électricité. Cela implique une transformation de l’économie mondiale et des modes de vie, et une restructuration du système permettant à l’électricité de remplacer les énergies fossiles comme principale énergie du monde. Pour ce faire, les Etats doivent agir sur la consommation grâce à l’efficacité énergétique, voire la sobriété indispensable pour atteindre les objectifs climatiques; la baisse de la consommation d’énergie et lui substituer une augmentation de la consommation d’électricité en remplacement des énergies fossiles; accélérer la réindustrialisation du pays, en électrifiant les procédés, ce qui augmente la consommation d’électricité mais réduit l’empreinte carbone ; Atteindre la neutralité carbone est impossible sans un développement significatif des énergies renouvelables; Les énergies renouvelables électriques sont devenues des solutions compétitives. Cela est d’autant plus marqué dans le cas de grands parcs solaires et éoliens sur terre et en mer ; Les moyens de pilotage dont le système a besoin pour garantir la sécurité d’approvisionnement sont très différents de la gestion classique car il y a un intérêt économique à accroître le pilotage de la consommation, à développer des interconnexions et du stockage hydraulique, ainsi qu’à installer des batteries pour accompagner le solaire. Au-delà, le besoin de construire de nouvelles centrales thermiques assises sur des stocks de gaz décarbonés comme l’hydrogène est important et il devient massif, donc coûteux, si l’on tend vers 100% d’énergies renouvelables ; les réseaux électriques doivent être redimensionnés pour rendre possible la transition énergétique ; Créer un système hydrogène bas-carbone performant est un atout pour décarboner certains secteurs difficiles à électrifier, Les secteurs à très hautes parts d’énergies renouvelables impliquent des paris technologiques lourds pour être au rendez-vous de la neutralité carbone en 2050;  La transformation du système électrique doit intégrer en outre les conséquences probables du changement climatique, notamment sur les ressources en eau, les vagues de chaleur ou les régimes de vent; Le développement des énergies renouvelables soulève un enjeu d’occupation de l’espace et de limitation des usages, mais l doit se poursuivre dans chaque territoire en s’attachant à la préservation du cadre de vie; Même en intégrant le bilan carbone complet des infrastructures sur l’ensemble de leur cycle de vie, l’électricité restera totalement décarbonée et contribuera fortement à l’atteinte de la neutralité carbone en se substituant aux énergies fossiles; L’économie de la transition énergétique peut générer des tensions sur l’approvisionnement en ressources minérales, particulièrement pour certains métaux, qu’il sera nécessaire d’anticiper;

Le processus de changement climatique amorcé à la fin du XIXème siècle, du fait de nos choix économiques et énergétiques, modifie l’équilibre thermique général de la Terre et il a de nombreuses conséquences sur l’Homme et son environnement. Des seuils critiques dans le système climatique pourraient bientôt être atteints, aux conséquences imprévisibles, irrévocables et désastreuses. En raison des émissions de gaz à effet de serre, passées, présentes et futures, de nombreux changements, notamment dans les océans et les mers, les calottes glaciaires polaires et le niveau mondial de la mer, sont irréversibles et le resteront pour des siècles, voire des millénaires. Pour les sceptiques, statistiquement, il est possible de prouver que le réchauffement mondial augmente la probabilité de survenance de phénomènes météorologiques extrêmes. Le sixième rapport du GIEC de 2021 constate que des changements largement répandus et rapides se sont déjà manifestés dans l’atmosphère, l’océan, la cryosphère et la biosphère. La hausse des températures maximales, la hausse des températures minimales, la hausse du niveau de la mer, la hausse de la température des océans, l’intensification des précipitations (fortes pluies et grêle fréquentes), l’augmentation des cyclones tropicaux violents, l’augmentation des périodes d’aridité et de sécheresse, le recul de la glace de l’océan glacial Arctique, de l’antarctique et de la couverture neigeuse des montagnes, le recul et la fonte des grands glaciers, le dégel du pergélisol; parfois désigné par le terme anglais permafrost, il est la partie d'un cryosol gelée en permanence, au moins pendant deux ans, et de ce fait imperméable. Le pergélisol existe dans les hautes latitudes mais aussi dans les hautes altitudes. Le changement climatique du fait du réchauffement de l’atmosphère et de la modification d’autres paramètres climatiques, est toujours responsable du dégel du pergélisol et de la perturbation de son rôle de séquestration du carbone organique formé par l’accumulation, pendant des milliers d’années, de plantes mortes dans ces sols perpétuellement gelés. Avec leur fonte, survient un ensemble de perturbations, déstabilisation du sol et modification du fonctionnement des écosystèmes, qui viennent menacer la durabilité des infrastructures humaines installées dans ces régions, et donc plus largement les populations et activités économiques locales. Dans tous les cas, et même en suivant un scénario très optimiste en termes de réduction d’émissions de Gaz à Effets de Serre, le réchauffement initié devrait conduire à la disparition d’une part non négligeable du pergélisol d’ici la fin du siècle avec les conséquences annoncées. Il est impossible de dissocier l’état du climat du fonctionnement des écosystèmes dont nos sociétés dépendent. Le changement climatique, en perturbant le fonctionnement biogéochimique et hydrologique des régions polaires vient accroître le risque de dégradation des infrastructures urbaines et industrielles et donc menacer les activités humaines et économiques qui existent dans ces régions. La disparition des forêts primales comme la forêt amazonienne, la libération de méthane et de dioxyde de carbone ou l’acidification des océans et des milieux marins et la diminution de la capacité d’absorption du dioxyde de carbone sont des points de bascule probables. Ces changements profonds et à long terme, fonte des calottes glaciaires, hausse des températures et du niveau des océans et des mers, ainsi que l’acidification sont déjà en cours et ce, de manière irréversible.

Les conséquences du changement climatique qui concernent directement la survie des populations et l’environnement sont, l’augmentation des crises alimentaires et de l’eau, notamment dans les pays en développement, la menace d’existences des populations en raison d’inondations et d’incendies de forêts, les risques sanitaires en raison de la hausse, de la fréquence et de l’intensité des vagues de canicule, la mise au jour de nouveaux agents pathogènes préhistoriques et historiques libérés par le lessivage des sols et la fonte des glaces anciennes, des conséquences économiques liées aux dépenses pour l’élimination des conséquences climatiques, la prolifération des nuisibles et des maladies par vecteurs, la perte de la biodiversité en raison de la capacité et de la vitesse d’adaptation limitées de la faune et de la flore, la rupture des chaînes alimentaires, l’acidification des océans due aux élévations des concentrations de HCO3, bicarbonate, dans l’eau en raison de la hausse des concentrations de CO2 dans l’atmosphère, la nécessité d’agir dans tous les secteurs en même temps (par ex. agriculture, sylviculture, énergie, infrastructure, tourisme, urbanisme, économie, etc.).

Le climat mondial est un système isostatique interconnecté

Le climat mondial est un vaste système isostatique interconnecté, influencé par un grand nombre de facteurs et de paramètres en équilibre. Des points de bascule existent, qui correspondent au franchissement de valeurs seuils pour lesquelles des conséquences graves ne peuvent plus être évitées, quand bien même les températures viendraient à baisser par la suite. Par exemple ‘’l’effet d’albédo’’ de la glace, qui se rapporte à la fonte des calottes glaciaires des pôles. Tous les corps réfléchissent une partie de l’énergie solaire qu’ils reçoivent. Plus un corps est clair et plus il est réfléchissant; on dit que son albédo est fort. C’est dire que les vastes surfaces massives de glaces ancestrales contribuent au refroidissement physique du climat en réfléchissant une proportion très importante de rayonnement infrarouge solaire qui arrive sur la Terre, comme le ferait un bouclier thermique, un miroir géant. La hausse mondiale des températures moyennes provoque la fonte et la réduction de ces surfaces de glace primale et la perte progressive de cet effet physique. Il s’ensuit que la quantité de rayonnement infrarouge réfléchie diminue et par conséquent cela se répercute sur l’efficacité du mécanisme. Dans le même temps, on constate une augmentation de la surface des océans et des mers qui ont un albédo considérablement plus faible, c’est-à-dire qu’ils reflètent moins de rayonnement infrarouge solaire et renforcent la source de la fonte des glaces. Des balanciers existent pour chaque système partiel du climat mondial. Plus la température moyenne mondiale augmente, plus le système climatique général est menacé d’irréversibilité et d’extrémisme. À un certain stade, il sera impossible de revenir en arrière quels que soient les efforts déployés. Au stade actuel, ces points de bascule sont encore difficiles à prévoir avec précision. Nous nous attendons cependant à la fonte de la quasi-totalité des calottes glaciaires polaires et/ou au bouleversement de la stabilité des principaux courants marins et aériens. 

Un Groënland vert

Il fut un temps où l’on ne connaissait pas un Groënland vert, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui, lorsque l’on regarde les images aériennes et satellites. La calotte glaciaire du Groënland apparue il y a environ 30 millions d'années n’est plus permanente et le pays verdit au printemps. Tandis que le réchauffement climatique s'accélère, rappelons que le Groenland est, de nature, composé à 84% de glace et qu’il constitue la deuxième réserve de glace du monde. La fonte des glaciers de ce pays est spectaculaire et de nos jours, la plupart d’entre eux s'écoule désormais à une vitesse trois ou quatre fois plus rapide qu'il y a dix ans. L’eau qui s’échappe en glissant sous les glaciers en contrebas, produit un effet de «lubrification» conduisant à ce que les glaciers glissent comme sur un tapis d’eau liquide et finissent dans la mer plus rapidement. Le Groënland perdrait ainsi près de 100 milliards de tonnes de glace par an. Pendant ce temps la température de la couche d'air en surface augmente de près de 4 °C, sous l'effet du réchauffement climatique. L’impact sur le niveau de la mer est source d’inquiétude pour de très nombreuses populations côtières et des Etats insulaires ; Les actuelles prévisions du Groupe intergouvernemental d'experts sur le climat (Giec) ne prennent pas en compte le comportement futur des calottes polaires de l'Antarctique et du Groenland, alors que l’on estime que si la calotte groenlandaise fondait entièrement, les océans monteraient de 7 mètres. Les peuplades nordiques du Groenland se sont adaptées aux conditions de l’Arctique et ensuite à des choix économiques irrationnels qui leurs ont été imposés. Mais la vraie leçon à tirer de leur histoire est beaucoup plus effrayante dans le contexte actuel. Il est possible de s’adapter avec ingéniosité à un nouvel environnement, de développer pendant des siècles une capacité à s’organiser en communauté, en préservant avec sagesse les ressources pour le bien commun, en tirant des leçons de l’expérience et en maintenant des standards et des règles de vie durables à l’échelle de plusieurs siècles… Tout en étant frappé par un déclin final brutal et une extinction.

Monji  Ben Raies
Enseignant Universitaire
Juriste Publiciste Internationaliste et Politiste
Chercheur en Droit public et Sciences Politiques
Faculté de droit et des sciences politiques de Tunis
Université de Tunis El Manar

 

 

 

 

 

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